Chapitre 20

1312 Words
Caroline  Je montai les marches qui menaient à mon appartement. J'étais maintenant devant la porte et avais la clé en main après avoir ouvert la porte quand j'entendis des pas et des voix provenir des escaliers. Je jetai un regard et croisai celui de Tiziana, cette dernière baissa simplement la tête. J'entrai simplement dans mon appartement pendant que mon téléphone portable sonnait. - Hello grand-frère, comment vas-tu ? - Salut petit sœur, ça va ? demanda Liam. - Je vais bien et toi ? - Bah, toujours rien ? - Pff, toujours rien Liam, dis-je en soupirant. - Tu vas arrêter avec cet orgueil mal placé et accepter mon aide ! s'exclama Liam d'une voix irritée. - Je te fais signe en fin de semaine, si je n'ai rien trouvé, on fera comme tu dis. - D'accord, répondit Liam. On resta à papoter pendant quelques minutes. Je raccrochai et décidai de passer un coup de fil à maman. Cela faisait deux jours que nous ne communiquions pas, ce qui était une grande première. - Allô maa, lançai-je dès qu'elle décrocha. - Bonjour Caro, ça va ? - Ça va maa et toi ? - Ha ma fille, ta mère est une grande dame maintenant hein. Te rappelles-tu des épices que je vendais devant la maison quand vous étiez petits ? demanda maman. - Comment l'oublier ? Liam et moi essayions de le faire quand tu devais t'absenter, répondis-je. - Exactement, deux boutiquiers du quartier m'ont proposé d'en vendre dans leur magasin, m'informa maman, non sans une pointe de fierté dans la voix. - Ohhhh, la mère de qui ? Doucement, doucement, dakda, dakda, piano, piano, lançai-je d'une voix encourageante en mimant une chanson camerounaise connue. - Eh oui ma fille, petit à petit l'oiseau fait son nid. Ma mère était vraiment une femme battante et elle représentait mon modèle sur terre. Ne jamais baisser les bras ou se décourager était sa devise et je l'adoptai comme un mantra pour gérer mon quotidien. Je raccrochai et pris une expression pensive tout à coup. Tiziana s'était donc remise avec son boxeur ? J'avais l'impression que cette fille n'aimait pas sa vie, sinon, que pouvait justifier qu'elle soit assise tranquillement avec lui dans sa voiture à lui ? Et à voir l'expression faciale de ce mec tout à l'heure au niveau des escaliers, il était carrément serein. J'avais aisément pu lire de la honte dans les yeux de Tiziana. Ma chère, pourquoi avoir honte ? C'est ta vie et tu en fais ce que tu veux. D'ailleurs, le gars en question, je ne le connaissais pas, je ne lui avais jamais adressé la parole. J'ai été tentée de penser que Tiziana l'avait certainement poussé à bout lors d'une dispute, mais rien ne pouvait justifier cette marque sur la joue de Tiziana, elle témoignait la violence avec laquelle la gifle avait été appliquée, à moins que Tiziana ait une peau extrêmement sensible... Je ne pus m’empêcher de penser à la manière avec laquelle Tiziana s'était déplacée pour se rendre dans sa chambre, elle avait essayé d'avoir une posture digne, mais tout dans sa gestuelle prouvait qu'elle essayait de contenir la douleur qu'elle éprouvait. Je suis certaine que ce gars ne s'était pas contenté d'une gifle. J'étais là à me tortiller les méninges pour une histoire qui ne me regardait en rien. Je me serais montrée disponible si Tiziana avait décidé de me demander de l'aide, mais je ne pouvais en aucun cas m'immiscer dans sa vie, encore moins dans son couple. Je fus tirée de mes pensées par la sonnerie de mon téléphone. Un large sourire se forma sur mes lèvres quand je vis le numéro d'Alessandro, même si je ne pouvais m’empêcher d’être gagnée par de l'appréhension. - Ciao bellissima, (salut la plus belle), s'exclama Alessandro d'une voix joyeuse. - Ciao Ale, répondis-je timidement. Je réalisais maintenant que notre relation avait muté et qu'il fallait assumer mes choix. J'avais malgré tout envie d'éssayer quelque chose avec lui. - Ça va ? demanda-t-il d'une voix douce. - Je vais bien et toi ? répondis-je. - Ça va ma chérie, tout va bien. On resta un long moment en silence. - T'as déjà mangé ? demanda Alessandro. - Pas encore, j'étais au téléphone avec mon frère. Je vais essayer de me faire rapidement quelque chose à manger. Et toi ? demandai-je. - J'ai dîné avec mes parents tout à l'heure. - D'accord, répondis-je. Un silence un peu embarrassant s'installa sur la ligne. Nous avions tous les deux un peu de la peine à s'adapter à ce nouveau type de rapport entre nous. - Caro, parla enfin Alessandro d'une voix grave, je suis tellement heureux que tu aies décidé de nous donner une chance. J'attendais cela depuis le premier jour où mes yeux se sont posés sur toi. Je sentis mon cœur faire un bond dans ma poitrine après cet aveu d'Alessandro. - Ale, on va y aller tout doucement, ne nous précipitons pas, ripostai-je d'une voix un peu froide. - Je n'ai aucunement l'intention de te brusquer Caro, l'essentiel est que nous décidions d'évoluer ensemble. Je ne sus que répondre. Alessandro se rendit certainement compte de mon embarras et changea de sujet. On se mit de parler de nos cours, nos enseignants et des prochains examens. - Je ne vais pas te perdre trop de temps, surtout que tu n'as pas encore eu l'occasion de dîner, dit Ale d'une voix douce. On se dit à demain en cours. - D'accord Ale, bonne soirée à toi et bonne nuit. - Bonne nuit ma chérie, répondit Alessandro avant de raccrocher. Je restai avec le téléphone en main en maintenant une expression rêveuse au visage. Je me rendis dans la cuisine et optai pour une simple tasse de lait. Je me rendis ensuite aux toilettes pour me débarbouiller. J'entrai par la suite dans ma chambre et enfilai un pyjama. J'étais étendue sur le lit quand mon téléphone me signala l'arrivée d'un nouveau message. " Buona notte tesoro, ti voglio bene" (bonne nuit mon trésor, je tiens à toi), m'écrivit Alessandro. " Buona notte Ale, TVB anch'io" (bonne nuit Ale, je tiens moi aussi à toi), répondis-je le cœur battant. Je réalisai à cet instant que j'avais reçu un autre message de Thomas. " Caro, j'espère que tu passes un bon week-end, juste pour te faire savoir que je pense à toi. Bisous ma chérie". Je décidai de ne pas lui répondre. Je m'étendis sur mon lit à la recherche du sommeil, mais je me sentais tellement bouleversée que je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je décidai de faire passer le temps en flânant sur les réseaux sociaux quand une page d'une célèbre compagnie aérienne apparut dans mon fil d'actualité. Chaque fois que j'ouvrais mon ordinateur et que je me rendais sur un moteur de recherche, les promotions de billets d'avion m'apparaissaient comme par enchantement. Je réalisais vraiment que nous étions tous filés. Il suffit de nos jours d'avoir un ordinateur ou smartphone pour ne plus avoir droit à sa propre vie. "Billets pas chers à destination de Yaoundé". J'eus envie de rire quand je vis leur annonce, "billet pas cher" et "Yaoundé" réussissaient difficilement à rentrer dans une même phrase. Je décidai de cliquer tout de même sur le lien et me mis à parcourir le site avec nonchalance quand tout à coup, je vis un billet qui semblait rentrer dans ma bourse. Je dus cligner des yeux plusieurs fois avant de réaliser que le prix n'était pas le fruit de mon imagination. Je m'empressai de payer le billet sans trop y croire et je poussai un ouf de soulagement quand le mail de confirmation de la réservation m'arriva. Yaoundé, i'm coming ! Je lançai immédiatement l'appel vers le numéro de Liam. - Hé, t'es prêt à accueillir ta petite sœur chérie ? hurlai-je à peine eut-il décroché l'appel.
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