Caroline
J’étais rentrée à la maison toute chamboulée après le b****r que j'avais échangé avec Alessandro. J'avais noté son intérêt dès les premiers jours de classe. J'étais fraichement arrivée du Cameroun et j'avais de la peine à m'exprimer en italien. Il est certes vrai que j'avais eu à faire des cours d'italien au Cameroun avant de venir en Italie, mais j'avais eu l'impression les premiers jours que c’était du chinois qu'ils parlaient.
Alessandro s'était rapproché de moi dès le début et s'était présenté à moi. J'avais fait de même. Il s'était montré disponible à m'aider en cas de besoin. En effet, je m'étais beaucoup appuyée sur lui pendant les premiers mois et par la suite était née une belle amitié.
Amitié de mon côté car j'avais été très vite convaincue qu'Alessandro nourrissait des sentiments pour moi, du moins, qu'il était attiré par moi. J'avais fait l'aveugle et ne lui avais jamais donné l'occasion de l'exprimer à haute voix. Chaque fois qu'il avait voulu aborder le sujet, j'avais tours "innocemment" déjoué la conversation. J'avais su rester proche de lui tout en évitant les situations inconfortables. En d'autres termes, je l'avais friendzoné.
Durant ces cinq années qu'avait duré notre cycle scolaire, il avait eu quelques petites amies qui m'avaient pour la majeure partie prise en grippe. De mon côté, j'avais commencé une relation avec Thomas, un étudiant camerounais qui avait duré près de deux ans et nous avions rompu il y a de cela quelques mois. J'avais par la suite décidé de me consacrer exclusivement à mes études, car je commençais la cinquième année de médecine. L'année prochaine, c'étaient les derniers examens et la thèse. Je n'avais pas envie de me disperser ; d'ailleurs, aucun homme ne me plaisait vraiment... à part Alessandro...
J'avais roulé jusqu'à la maison dans un état second. J'étais arrivé à la maison saine et sauve. J'avais garé la voiture au pied de l'immeuble et avais soufflé un bon coup. J'en étais enfin descendue en maintenant la tête baissée, totalement absorbée par mes pensées. J'étais en train de monter les marches qui menaient à mon appartement quand je me sentis bousculée. Je levai brusquement la tête quand mon regard croisa celui de Tiziana. J'eus envie de l'ignorer et poursuivre simplement mon chemin.
- Désolée, lançai-je finalement d'une voix détachée.
J'avais eu l'occasion de la croiser quelques fois et j'avais toujours évité de la saluer, à moins de n'avoir pas vraiment le choix. Je ne digérais toujours pas le fait qu'elle m'ait pratiquement mise à la porte de son appartement. Toutes les fois que nous nous étions croisées, j'avais cru lire de l'embarras dans son regard, mais j'avais préféré l'ignorer. Que chacune garde ses distances. C'est mieux ainsi.
- Bonjour Caroline, dit Tiziana en me retenant par le regard. Tu vas bien ? Tu ne m'as pas l'air dans ton assiette.
- Je vais bien merci, répondis-je simplement en poursuivant mon chemin.
J'étais venue dans ce pays pour des études et je n'avais pas envie de me lier aux personnes étranges. J'avais espéré que l'on puisse être amies, mais ce n'était apparemment pas le cas.
Je rentrai à la maison et m'étendis sur mon lit. Mon téléphone me signala l'arrivée d'un message. Je jetai un coup d’œil et vis qu'il était d’Alessandro. Je décidai de ne pas répondre, mais la curiosité fut la plus forte. Je ne voulais pas l'ouvrir sachant qu'il était encore en ligne.
" Salut Caro, j'espère ne pas te déranger. Je voudrais que tu saches que j'ai été heureux de passer ce moment avec toi et j'espère qu'il en est de même pour toi".
Je lus et relus le message à plusieurs reprises et décidai finalement de ne pas y répondre. Que pouvais-je lui répondre ? Que j'avais apprécié les moments passés en sa compagnie ? Que je les appréciais un peu trop d'ailleurs, et cela, contre ma volonté ?
Comment allais-je faire pour maintenir ce masque d'indifférence que j'avais toujours su lui présenter après l'avoir laissé m'embrasser ? Que dis-je ? Après avoir répondu et apprécié son baiser...
Mon téléphone me signala l'arrivée d'un autre message, j'osai jeter un œil et vis qu'il provenait de Thomas, mon ex. Je le jetai carrément loin de moi.