Chapitre 15

1018 Words
Caroline Je m'étais levée ce matin sans entrain particulier. Je n'avais aucune envie de me rendre en cours, mais il fallait pourtant. Je n'avais cependant aucune envie de revoir Alessandro. Comment devais-je me comporter ? Devais-je simplement faire semblant de rien ? Était-il mieux d'en parler avec lui et lui faire comprendre que je n'avais aucunement l'intention de me mettre en couple avec lui ? J'étais actuellement assise dans la cuisine en train de finir ma tasse de lait quand un léger cri provenant certainement d'un appartement proche du mien attira mon attention. Je tendis l'oreille, mais ne perçus plus aucun bruit. Je vidai rapidement ma tasse et la rinçai. Je pris ensuite mon sac et ouvris la porte de mon appartement, prête à affronter ma journée. J'étais en train de fermer la porte quand un cri strident m'obligea à suspendre mon geste. Je n'avais donc pas rêvé tout à l'heure, pensai-je. Je refermai la porte quand un autre cri, encore plus désespéré que le précédent me permis d'en localiser la provenance. Je tournai la tête avec stupeur vers l'appartement de Tiziana. Que faire ? Je n'eus pas le temps de réfléchir plus loin que je me précipitai instinctivement vers son appartement et me mis à tambouriner à sa porte. - Tiziana, Tiziana, tu vas bien ? Tiziana, Tiziana ! hurlai-je en cognant incessamment à la porte. La porte s'ouvrit après près d'une minute sur elle. - Bonjour Caroline, me salua Tiziana avec un sourire mitigé aux lèvres. - Bonjour Tiziana, ça va ? dis-je en la regardant avec insistance. J'ai eu l'impression d'entendre des cris. - Euh, euh, en fait, j'ai été réveillée par une guêpe, rétorqua Tiziana en maintenant son sourire. - D'accord, répondis-je d'un air pas très convaincu. Bon beh, désolée de t'avoir dérangée. - Pas de quoi ma belle, merci de t'être inquiétée, répondit Tiziana en évitant mon regard. Je lui fis un bref signe de la main et pris enfin les marches qui menaient vers l'extérieur de l'appartement. Je montai rapidement dans ma voiture et pris le chemin de la fac. Cette fille était de plus en plus étrange, pensai-je. J'avais décidément intérêt à me tenir loin d'elle. Je n'étais pas venue dans ce pays pour me créer des problèmes. J'étais presque arrivée en fac quand je me rendis compte que j'avais oublié le cahier de neurologie. Purée, je risquais d’être en retard au cours ! Je rebroussai chemin à toute vitesse. Il me fallait presqu'une dizaine de minutes pour retourner à la maison, pensais-je en pestant intérieurement. J'arrivai devant la porte d'entrée de l'immeuble, introduisis ma clé et l’ouvris. J'étais presque à la hauteur de mon appartement quand j'entendis la porte de l'appartement de Tiziana s'ouvrir. Je vis un homme d'âge mûr, grand de taille, avec une carrure imposante en sortir. Il me jeta un regard froid et détourna simplement la tête. J'arrivai à ma porte et entrai dans mon appartement le cœur battant. Mais qui était cet homme ? Tiziana n'était donc pas seule tout à l'heure quand j'ai toqué à sa porte ? Pourquoi ne s'est-il pas manifesté ? Je revoyais en boucle le regard et le sourire de Tiziana, ils m'avaient semblé crispés. Caroline Nganso, tu as assez de problèmes dans ta vie pour ajouter ceux des autres, me repris-je en prenant mon cahier de neurologie et en sortant précipitamment de mon appartement pour la fac. Tiziana J'avais à peine refermé la porte de mon appartement après le départ de Caroline. Je ne lui serai jamais assez reconnaissante pour son interruption. Je ne saurai dire ce qui serait arrivé si Caroline ne s'était pas mise à tambouriner à ma porte, certainement alertée par mes cris. Je m'adossai contre porte en reprenant mon souffle. J'avais le cœur qui tambourinait dans ma poitrine. J'avais l'impression que ma joue droite était en flamme et j'avais de la peine à respirer librement. Chaque bouffée d'air provoquait une grande douleur dans ma poitrine. J’espérais n'avoir pas de côtes cassées. Je me demandais aussi par quel miracle Giorgio ne m'avait pas arrachée toute la dentition de ma mâchoire, tellement sa gifle avait été puissante. Je levai enfin le regard après de minutes et me rendis compte que Giorgio était assis sur le canapé en face de moi, la tête entre les mains. Sa posture témoignait le sentiment de honte et de culpabilité qui l'habitait. Je décidai simplement de l'ignorer et me rendis dans la chambre. Je pris appui contre le mur et mon regard tomba sur le miroir en face de moi. J'avais le regard hagard. J'avais l'impression que l'on m'avait vidée de mon âme. Je restai quelques secondes à me perdre dans le miroir quand je sentis une présence à mes pieds. - Tiziana, s'il te plaît bébé, Tiziana, Pardonne-moi, murmura Giorgio d'un air implorant en se tenant à genoux face à moi. - Giorgio, il serait mieux que tu t'en ailles, répondis-je d'une voix vide sans détacher mon regard du miroir. - Bébé, je ne sais pas ce qui m'a pris, pardonne-moi bébé. - Giorgio, va-t'en ! J'ai besoin d'être seule, murmurai-je d'une voix lasse. - Pardonne-moi bébé, pardonne-moi. Je te promets de ne plus jamais recommencer, pardonne-moi chérie. Je n'étais pas moi, continua Giorgio incessamment. - Giorgio, laisse-moi seule s'il te plait. Tu seras d'ailleurs en retard au boulot. Giorgio regarda sa montre à ce moment et réalisa certainement qu'il était tard. - Tu as raison chérie, dit Giorgio en essayant de prendre mes mains dans les siennes. Je me dérobai à sa prise et me maintins à une bonne distance de lui. J'avais l'impression que son contact m'aurait brulé la peau. - Je dois y aller, mais je reviendrai ce soir, dit Giorgio en se mettant debout. Chérie, je t'en prie, trouve la place dans ton cœur pour me pardonner, murmura Giorgio avec presque des larmes dans la voix. - Va-t'en Giorgio, réussis-je à articuler pendant qu'il sortait enfin de ma chambre. Je me précipitai quelques secondes après lui et fermai la porte à double tour. Je me laissai tomber lourdement contre la porte de mon appartement et éclatai en sanglots.
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