Caroline
Nous étions lundi matin et je me rendais en fac. Nous avions cours ce matin et j'avoue être assez angoissée quant à ma rencontre avec Alessandro. J'avais pu l'éviter vendredi dernier, car j'étais arrivée en retard après voir dû rebrousser chemin pour prendre le cahier de neurologie que j'avais oublié. Je m'étais donc assise sur le premier siège disponible pour ne pas me faire remarquer par le professeur. Je devais aussi admettre que cette position m'avait été utile, car cela m'avait permis d'éviter Alessandro et je m'étais éclipsée dès la fin du cours. Durant le week-end, il m'avait envoyé des messages neutres auxquels j'avais répondu sur le même ton. Mais j'étais bien consciente que je n'aurais pas pu l'éviter indéfiniment.
J'étais donc entrée en classe ce matin et j'avais ainsi occupé ma place habituelle, c'est-à-dire près d'Alessandro.
- Bonjour, dis-je d'une voix légèrement embarrassée en prenant place près de lui, en évitant tout de même de croiser son regard.
- Ciao bella, répondit Alessandro avec un petit sourire. Ça va ?
- Je vais bien merci et toi ?
- Bof, ça pourrait aller mieux, répondit Alessandro en cherchant cette fois mon regard.
Je me perdis un bref instant dans ses prunelles marronnes avant de me ressaisir. Il fallait admettre qu'Alessandro était un bel homme, brun, allure sportive, élancé.
Le professeur arriva sur ces faits, rompant ainsi ce moment d'embarras pour moi. Le cours commença et la matinée s'écoula rapidement. À la pause de 13 h, je me rendis avec Alessandro à la mensa (cantine) universitaire pour manger. Un forte gêne régnait entre nous. J'avais toujours évité de me retrouver dans un minimum d'intimité avec lui de peur que la situation ne m'échappe des mains.
Nous avions une dizaine de minutes de marche avant d'arriver à la cantine. On se mit à parler de tout et de rien, Alessandro me semblait hésitant. Je me rendais bien compte qu'il voulait parler du b****r que nous avions échangé, mais je fis mine de rien en priant que les dix minutes qui nous séparaient de la mensa ne s'écoulent le plus rapidement possible.
Heureusement à la cantine, on retrouva des camarades de classe et on s'installa avec eux pour le déjeuner. Le retour en fac se fit en leur compagnie pour mon plus grand soulagement. Oui, je le sais, je suis lâche, mais un petit sursis n'était pas de refus.
- Nous avons terminé pour aujourd'hui, s'exclama monsieur Roversi en sortant de la classe.
Je pris mes effets et Alessandro fit de même. Nous nous acheminâmes vers la sortie des classes.
- Caroline, pourrais-tu avoir une minute à m'accorder ? demanda Alessandro en soupirant pendant qu'on traversait le hall de la fac.
- Euh, euh, oui bien sûr... répondis-je d'une voix hésitante.
- Ça te dirait qu'on s’arrête quelque part pour causer librement ? Pourquoi pas juste à côté, au parc Cantarane ?
- Euh, euh, balbutiai-je en me tournant vers Alessandro, mais son regard semblait fixer un point précis devant nous.
Je levai donc le regard et découvris avec stupeur Thomas, mon ex qui nous regardait d'un air hostile. Il vint ensuite à notre rencontre et ignora simplement Alessandro.
- Caro, il faut qu'on parle, c'est important, dit-il d'une voix grave.
Je ne sus que faire sur le coup, d'un côté, je voulais retarder au plus loin la discussion avec Alessandro, mais d'un autre côté, je n'avais aucunement envie de voir la tronche de Thomas, encore moins lui parler.
- Euh, euh, Ale, commençai-je d'une voix hésitante en me tournant vers Alessandro.
- Tu peux y aller, répondit sèchement Alessandro en tournant immédiatement ses talons.
Je poussai un profond soupir, Alessandro était la dernière personne que je voulais blesser sur cette Terre et rien qu'à voir sa manière de se déplacer, il était évident qu'il fulminait et cela me peinait énormément.
- Je t'écoute, dis-je rudement à Thomas en tournant un regard fermé vers lui. Tu as exactement cinq minutes, continuai-je près avoir jeté un coup d’œil à ma montre.
- Chérie... commença Thomas d'un air contrit.
- Il n'y a pas de chérie qui tienne, tu as perdu ce droit depuis belle lurette. Va droit au but, le coupai-je sèchement.
- Caro, pardonne-moi s'il te plait, je ne sais vraiment pas ce qui m'a pris.
- Thomas, cela appartient au passé, dis-je d'une voix lasse. Je t'ai déjà pardonné.
- S'il te plaît Caro, ne sois pas si dure, donne-moi une seconde chance, je t'en prie bébé, implora Thomas.
- Thomas, ce n'est pas possible, en me trompant avec cette fille, tu as déjà fait ton choix. Crois-moi, je ne t'en veux plus, mais pour moi notre histoire appartient au passé.
- Caro, je t'aime toujours et je suis prêt à tout pour que tu me reviennes, dit Thomas d'une fois forte.
- Thomas c'est terminé, TERMINE', mets-toi ça dans le crâne et avance dans ta vie, dis-je en lui tournant résolument le dos.
- C'est à cause de lui n'est-ce pas ? lança Thomas m'obligeant à faire volte-face.
- Lui, qui ? demandai-je tout de même, bien qu'ayant parfaitement compris à qui il faisait allusion.
- Ce blanc-bec, ton prétendu camarade de classe, lâcha Thomas d'un ton méprisant.
- Thomas, un peu de respect je t'en prie, en plus, je n'ai pas d'explications à te donner, pense ce que tu veux. J'aurais au moins attendu d'avoir fini la relation avec toi avant de me mettre avec quelqu'un d'autre, contrairement à toi, répondis-je sèchement en m'éloignant.
Ma phrase sembla lui clouer le bec, car il me laissa partir sans plus argumenter.
Je pris le chemin qui menait à mon domicile la tête pleine de pensées. J'avais passé deux belles années avec Thomas. Je pensais que nous étions sur la même longueur d'onde. J'étais tombée du millième étage quand j'avais découvert les messages érotiques qu'il échangeait avec une amie à lui. Une fille que je connaissais bien et qu'il m'avait présentée dès le premier jour comme étant une grande amie à lui.
Je l'avais par la suite confronté et il m'avait avoué qu'il lui était arrivé de partager la couche de cette fille. Disons qu'il n'avait pas non plus trop le choix de me l'avouer, car les messages étaient explicites. La fille lui envoyait parfois des parties très précises de son anatomie et Thomas lui avait répondu quelques fois avoir apprécié s'y perdre et qu'il rêvait de le faire à nouveau.
J'avais immédiatement mis un terme à notre relation et depuis lors, Thomas revenait très souvent me demander pardon, espérant reprendre sa place auprès de moi. Il m'assurait avoir totalement coupé les liens avec cette fille et qu'il voulait repartir avec moi sur de bonnes bases.
J'avais toujours un pincement de cœur quand je le voyais, parce que j'avais été éperdument amoureuse de lui, je pense même que je l'étais encore un peu, du moins, il ne m'était pas totalement indifférent, mais j'avais décidé de fermer totalement mon cœur à lui.
Je continuai tranquillement mon chemin jusqu'à la maison. Arrivée sur mon palier, je fus tentée de cogner à la porte de Tiziana pour m’enquérir de son état de santé psychologique, mais je décidai de ne pas le faire. Elle m'avait semblé au bout du rouleau quand je l'avais laissée samedi matin, mais je n'étais pas certaine qu'elle aurait apprécié la visite de l'inconnue que j'étais.