Caroline
Nous étions revenues il y a peu du vin d'honneur qui avait eu lieu avant la célébration du mariage religieux. J'étais entrée dans la chambre avec Tiziana dans l'intention de faire une petite sieste.
Tiziana s'était presque immédiatement endormie tandis que j'avais de la peine à trouver le sommeil. Je décidai de prendre mon téléphone pour passer un peu de temps sur les réseaux sociaux.
Je l'avais à peine déverrouillé qu'une petite vibration me signala l'arrivée d'un message. Je l'ouvris et vis qu'il provenait d'Alessandro.
"Coucou chérie, ça va ? Nous avons de la peine à communiquer depuis ton départ. Tout va bien ?"
Un sentiment de culpabilité m'envahit en lisant son message. Depuis mon arrivée, j'avais évité de causer avec lui, je lui envoyais généralement des messages vocaux comme réponse. Nous avions parlé une seule fois depuis mon arrivée au Cameroun et je m'étais arrangée pour que la conversation soit brève.
Je décidai donc de l'appeler, il ne méritait pas ce comportement mesquin de ma part, d'autant plus que je savais qu'il s'était engagé corps et âme dans cette relation. Alessandro décrocha dès la première sonnerie.
- Wow chérie, je ne pensais pas que tu lirais mon message immédiatement. C'est bien aujourd'hui le mariage de ta cousine non ?
- Oui, mais nous sommes à peine rentrés à la maison, nous voulons nous reposer un peu avant le départ pour la salle de fête, lui répondis-je.
- Je vois, marmonna Alessandro.
On resta en silence un long moment.
- Caroline, que se passe-t-il ? demanda Alessandro d'une voix confuse. Je te sens étrange depuis un moment. Tu ne m’appelles pas, tu réponds à mes messages après des heures, tu ne m’écris jamais la première pour prendre de mes nouvelles. Je ne te manque donc pas ?
- Alessandro, euh, c’est simplement parce que je suis très prise avec les préparatifs du mariage, mentis-je avec un nœud dans la gorge.
Je remerciais le ciel que Tiziana soit profondément endormie quand j’avais sorti ce gros mensonge.
- Caro, je vois bien que quelque chose te tourmente, tu ne veux pas m'en parler ? demanda Alessandro d'une voix douce.
- Il n'y a rien du tout, je te dis, lui répondis-je d'une voix que j'espérais convaincante.
Alessandro soupira un bon moment. Un silence encore plus long s'installa sur la ligne. Que pouvais-je lui répondre ? Que notre relation n'avait pas d'avenir ? Que ma mère ne l'aurait jamais accepté, que ma mère était toute ma vie et que je n'avais aucunement l'intention d'aller à l'encontre de ses désirs ?
- Écoute Alessandro, je dois me reposer pour la soirée. On se parle certainement demain, dis-je pour rompre ce silence embarrassant et mettre un terme à l'appel.
- D'accord, marmonna Alessandro d'une voix déçue. Amusez-vous bien et à demain alors.
Il raccrocha et je fis de même. J'avais un gros nœud à la gorge. J'étais désemparée, désespérée. Une larme silencieuse se mit à couler le long de ma joue, immédiatement suivie par semblables. Comment leur expliquer ? Tiziana avait remarqué à plusieurs reprises cette retenue que j'avais vis-à-vis d'Alessandro. Nous avions une belle amitié et je savais presque tout de sa relation avec Giorgio. Si elle ne me faisait pas complètement confiance, elle ne m'aurait jamais suivi dans un autre continent. J'aurais voulu lui rendre cette confiance aveugle qu'elle avait vis-à-vis de moi, c'était même d'ailleurs le cas, mais comment lui dire que le problème avec Alessandro était lié à son appartenance sans qu'elle ne juge négativement ma mère ? Ma mère n'avait aucun problème avec les personnes étrangères, d'ailleurs, elle avait accueilli à bras ouverts Tiziana, elle était même prévenante et attentionnée avec elle.
Je me laissai tomber sur le lit et fixai le plafond d'un air perdu. Je réussis enfin à m'endormir, mais d'un sommeil agité. Je tournai et retournai dans le lit avant de me décider à ouvrir les yeux. Je jetai un bref regard à mon téléphone et m'aperçus qu'il était plus que temps de se lever si nous avions l'intention d'être prête à 20 heures.
Je secouai gentiment Tiziana et nous nous apprêtames pour la soirée.
La soirée battait son plein. Je m'étais défoulée un long moment sur la piste de danse avec Tiziana avant de rejoindre enfin nos places. À notre retour à table, madame ma "belle-sœur" était portée disparue. Cette fille était trop étrange à mon goût et je me demandais comment Liam faisait pour ne pas s'en apercevoir, surtout avec l'insistance de maman.
J'étais en train de papoter avec Tiziana quand j'entendis quelqu'un me tapoter gentiment l'épaule.