I Laurent de L… était pour moi un de ces amis vers lesquels nous entraîne une sympathie irréfléchie. C’était un garçon de vingt-huit ans à peine, brun et pâle, d’une grande distinction de manières, un peu triste, un peu rêveur, allant assez dans le monde, y valsant seulement, n’y jouant point, écoutant beaucoup, parlant peu. Laurent n’était cependant ni un misanthrope ni un homme poursuivi par quelque souvenir poignant. Les faces saillantes de son caractère étaient des prédispositions bien plutôt que des conséquences. La dernière fois que je le vis, il était même d’une charmante humeur ; nous sortions ensemble, à trois heures du matin, de chez madame de B…, aux Champs-Élysées, qui recevait tous les mercredis. Nous revînmes à pied par les boulevards, à la double clarté du gaz et de nos