2. Où le laitier part en voyage Je m'assis dans un fauteuil, prêt à défaillir. Cette sensation dura peut-être cinq minutes, et fut suivie d'un accès d'horreur folle : la vue de cette misérable face blanche aux yeux béants m'était insupportable. Je réussis enfin à prendre une nappe que j'étendis dessus ; puis j'allai en titubant jusqu'au buffet et m'emparai du cognac dont j'absorbai plusieurs goulées. Ce n'était certes pas la première fois que je voyais des gens mourir de mort violente ; et j'en avais moi-même occis plusieurs durant la guerre des Matabélés ; mais ce crime, commis de sang-froid et à huis clos, était tout autre chose. Je parvins pourtant à me ressaisir. Je consultai ma montre ; elle marquait 10 heures et demie. L'idée me vint d'explorer minutieusement toutes les pièces : il