Je sortis jusqu’en route et la ville entière était calme. Trop calme même. Tout le monde était plongé dans un profond sommeil. Si j’avais pu m’en réveiller c’était sans doute grâce à mes capacités de démons.
Tout à coup je vis des enfants somnambules qui marchaient tous dans une même direction. Ils semblaient portés par le son de la musique. J’entrepris de les suivre à la trace jusqu’à ce que je découvre la source de ce jeu de musique.
C’était un homme entouré de démons.
Il avait pourtant une âme. Mais pourquoi est-ce qu’un homme pactiserait-il avait des démons ?
A ma grande surprise, je vis la petite Peggy parmi les enfants et j’entrepris de m’interposer dans l’entreprise de ces monstres. Mais je fus stoppée net par Salif que j’ai failli confondre à un assaillant.
--- Salif, comment tu as fait pour te réveiller ? (Demandais-je toute surprise)
Salif : Je suis un chasseur, ça prend peut-être plus de temps que vous les démons, mais on finit bien par se rendre compte que le rêve qu’on fait n’est en fait qu’un piège.
--- On ? (Lui demandais-je)
Salif : Je ne suis pas seul. Tout le monde est là, caché derrière les arbres.
En regardant attentivement je constatais qu’effectivement ils étaient tous là y compris mon père. Et si je n’avais pas pu remarquer leur présence c’est qu’ils avaient dû utiliser des artifices pour camoufler leur odeur.
Même moi j’aurais du mal à venir à bout d’une équipe de chasseurs pareille.
Du signe de la main, mon père me fit signe de ne pas faire de bruit et de continuer de les suivre
Salif : En suivant ces enfants on arrivera probablement jusqu’à Fierna (Dit-il)
Je pouvais lire dans son âme de la détermination.
Nous les suivions discrètement jusque dans la forêt. Ils avaient construit tout un autel à la gloire de Fierna.
Salif : C’est ici que la cérémonie aura lieu.
La cérémonie commençait dans une animation très endiablée. Les enfants quant à eux étaient toujours plongés dans leurs rêves. Et les démons dansaient comme dans un rituel en faisant des incantations.
Nous devions attendre le moment propice. Et il ne tarda pas à arriver.
Lorsque la pleine lune recouvrit l’autel, une sorte de vide commença à se former au-dessus.
C’était la première fois que je la voyais de mes propres yeux. Mon père ne m’en avait parlé que pendant nos entraînements.
L’antre du diable !
Une sorte de porte vers le royaume des enfers à travers laquelle je pouvais apercevoir un monde rempli de flammes, qui consumaient des âmes damnées. Quelques minutes plus tard, la porte se referma et tous les hommes se mirent à genoux pour la vénérer.
A quel moment était-elle entrée ? Je ne l’avais pas vu malgré toute l’attention que je portais sur cette porte.
Mais elle était bel et bien là. Debout devant l’autel.
--- Longue vie à la reine ! (Dirent-ils tous à l’unisson)
Je pouvais comparer son élégance et sa prestance à celles de ma mère. Elle portait une légère robe de soie rouge qui ne servait pas à couvrir son corps, mais à dessiner sensuellement ses courbes. Elle avait une fente très prononcée du côté de sa cuisse et ses cheveux violets se reposaient délicatement sur ses épaules comme un manteau de fourrure de marque. Son regard flamboyant en disait long sur l’estime qu’elle avait pour la race humaine et ses serviteurs.
Hautaine et incontestablement belle.
On pouvait comprendre avec quelle facilité les hommes tombaient dans le piège de séduction de démon de sa trempe.
Elle était pieds-nus, mais à sa démarche on voyait que sa peau n’effleurait pas le sol. Comme si elle lévitait quelques centimètres au-dessus de celui-ci.
Fierna de Phlégéthos ! La déesse des flammes.
Fierna : Zayir mon bien aimé ! (Dit-elle en lui tendant le dos de sa main)
Il s’agissait du jeune homme qui jouait de la flute pour endormir le village.
Il se leva et alla b****r sa main.
Zayir : Bienvenue à vous ma reine. Nous n’attendions plus que vous pour commencer.
Elle finit par remarquer notre présence.
Fierna : Je constate néanmoins que tu n’es pas venu seul. C’est un piège que tu me tends ?
Zayir : De quoi parlez-vous ma reine ? (Demandait-il)
Au moment où il posait la question, une flèche le traversa et alla s’arrêter tout juste devant le front de Fierna. Son regard avait suffi pour le bruler et il tomba en cendres devant elle.
C’était Salif qui venait de lui tirer dessus avec son arbalète.
Fierna : Vous feriez mieux de vous montrer !
Des bruits se firent entendre du côté de la prison de bois qui gardaient les enfants somnambules. C’était nos hommes qui venaient d’éliminer les démons qui gardaient la prison.
Nous finîmes donc par nous montrer en les encerclant.
Fierna : Qui êtes-vous ?
Chef : Oh de simples voyageurs. Nous avons pensé que ces enfants étaient en danger alors nous avons tenu à les sauver
Salif : Fierna ! (Dit-il les yeux remplis de rage)
Fierna : Je te connais quelque part petit bout d’homme ? (Demandait-elle avec mépris)
Salif : Je suis le fils du démonologue à qui tu as pris la vie il y a plusieurs années de cela. Je suis ici pour prendre ta vie et les recherches que tu lui as volé.
Fierna : Je vois …
Elle leva la main et un livre apparue
Fierna : Je suppose que tu parles de ce document ci ! Si tu veux tu n’as qu’à venir le chercher, je suis curieuse de voir à quel point tu serais prêt à m’amuser pour l’avoir (Le ton narquois)
Zayir se leva et joua une musique qui ordonnait aux démons de tous nous tuer. Mon père et ses hommes sortirent de leurs pochettes des sortes de drogues qui affinaient leurs sens et faisaient monté leur adrénaline.
Le combat s’enclenchait sans plus tarder.
Chef : Anna ! Laisse-nous le menu fretin. Tu sais contre qui tu dois te battre.
Il sortit un glaive et me l’envoya. Je me dirigeais ensuite vers Fierna en maniant l’épée dans mes mains. Depuis le temps que j’attendais ça de me mesurer à une déesse. J’allais enfin pouvoir me battre sans avoir me contenir. Il me fallait ça pour voir si j’étais en mesure de vaincre ma mère et la libérer de l’emprise de Lucifer.
Fierna : Voici là une plaisanterie de bien mauvais goût. Compter sur une humaine pour me vaincre !
Le temps qu’elle puisse renchérir de nouveau, je me jetais sur elle et tentais de lui trancher la gorge.
Elle avait réussi a esquivé mon coup de justesse, mais l’effet de surprise lui valut une blessure sur le visage.
Elle fut surprise de voir du sang couler de nouveau sur son visage après plusieurs années.
Fierna : Il n’existe pas d’armes qui soient en mesure d’égratigner un archidiable ! A moins que…
--- Tu ne te trompe pas ! La plupart des armes que nous possédons ont été forger au feu Grégeois (Toute excitée)
Fierna : Comment êtes-vous au courant de l’existence du feu Grégeois ?
Elle se retourna et son regard croisa celui de Salif.
Fierna : Ces démonologues commencent à être une véritable gêne. J’aurais dû te tuer en même temps que ton père
Elle concentra sur la pomme de sa main une importante quantité de flammes qu’elle lança en direction de Salif.
J’eus à peine le temps de m’interposer et d’encaisser son coup de plein fouet. Lorsque j’ouvrais les yeux elle était devant nous me projeta dans les airs avec un coup de pied. Elle empoigna ensuite le cou de Salif et le souleva d’une main. De l’autre main, elle invoqua son épée et la lui enfonça dans le ventre.
Il poussa un cri de douleur !
Fierna : Tu joues moins les fières tout à coup
A tête dans les vaps quand je me levais en cicatrisant lentement. Nous avions pourtant l’avantage face aux démons, il était presque tous décimés à l’exception de Zayir, son bien aimé. Mais une fois qu’elle s’est immiscée au combat, la donne avait changé.
Elle jeta Salif à terre et tua deux autres hommes en les consumant rien que du regard. Elle s’avança ensuite vers mon père et s’apprêtait à le tuer à son tour.
J’étais salement amochée. J’avais même du mal à cicatriser. L’adrénaline montait en moi. Je sentais clairement la différence de force qu’il y avait entre elle et moi. Il fallait pourtant que je fasse quelque chose, sinon j’allais encore perdre des êtres chères.
Une voix au fond de moi me disait d’arrêter de me contenir. Mais je ne comprenais pas de quoi est-ce qu’elle voulait parler
--- Quoi comment ça ? (Demandais-je)
Ma tête commençait à me faire mal.
--- Cesse de refouler qui tu es et laisse-toi engouffrer dans l’immense étendue de tes capacités.
--- Baal c’est encore toi ! Jamais je ne me laisserai berner.
Baal : A quoi te sers la force si tu ne peux l’utiliser. Souhaiterai tu perdre ta nouvelle famille parce que tu refuses ta nature ?
--- Je ne suis pas un démon ! (Criais-je)
Baal : Tu as raison, tu es une humaine faible et sans utilité. Ce sera ta faute s’ils périssent tous ici. Lève les yeux et regarde ce qui arrivera à cause de ta faiblesse.
Lorsque je levais les yeux, j’eus une vision de ce qui arriverait dans quelques minutes si je ne faisais rien.
C’était le c*****e.
Fierna était au milieu d’un bain de sang et s’en délectait comme un animal assoiffé. Elle avait rappelé des démons à elle qui venaient depuis son royaume et ceux-ci sacrifièrent les enfants et érigèrent Fierna au trône de Phlégéthos.
Je vis ensuite la tête de mon père qui roulait jusqu’à mes pieds, et je me mis à pleurer.
Salif, qui se faisait dévorer par des démons me regardait, la vie presque éteinte et répétait que c’était ma faute si on en était là.
--- Non ça ne doit pas arriver (Me dis-je)
Baal : Ce sera le cas si tu n’acceptes pas de faire ce qu’il faut
J’hésitais, j’avais peur. Je savais que c’était une fourberie de Baal, mais cette situation, nous l’avions provoquée. Il fallait l’assumer.
--- Prête-moi ta force Baal (Lui ordonnais-je)
Baal : Tu en es sûre Anna ?
--- Oui … Prête moi ta force.
Baal : Oh tu sais, je veux bien t’aider mais…
--- Mais quoi ? Baal !
Baal : Pour que tu puisses utiliser ma force, nous devons sceller un pacte.
--- Un pacte ?
Baal : Oui ma chère, dans le monde des esprits, rien ne s’octroie par la simple volonté. Pour une chose obtenue, il faut donner une autre chose de la même valeur.
Mon père m’avait parlé de ça lors de mes entrainements. Pour avoir des faveurs d’un démon, il faut offrir quelque chose en retour. Mais à quel prix ?
--- L’échange équivalent …
Baal : Mais je vois que tu es informée. Dans ce cas si tu es d’accord, je te donnerai ma force.
Ne me jugez pas trop vite.
Qu’auriez-vous fait à ma place ?
--- J’accepte le pacte ! Donne-moi ta force
Baal : Qu’il en soit ainsi, ma douce et tendre ! Le pacte est scellé entre toi et moi. Désormais tu pourras explorer toute l’étendue de ta force. Tu la découvriras avec le temps. Et pour ça, tu devras la laisser s’exprimer en toi !
En une fraction de seconde, je sentais mon corps se remplir d’une puissance phénoménale. Mes blessures avaient toutes cicatricé et je sentais des changements dans mon corps. J’avais des griffes acérées et des canines aiguisées. Je sentais comme des fourmillements dans mon dos mais je ne parvenais pas à savoir ce que c’était.
Je sentais ma conscience disparaitre. Je ne contrôlais plus mon corps. J’étais remplie d’une haine pour le monde doublée d’une envie meurtrière. Ce pouvoir avait pris le dessus sur ma volonté. J’avais besoin de me mesurer à quelqu’un. Mes yeux tombèrent immédiatement sur la princesse des flammes.
Fierna fût stopper directement en me voyant toute changée.
Fierna : Qui est cette femme ? On dirait …
Elle n’avait pas fini sa phrase que je me ruait sur elle pour la frapper. De justesse elle m’esquiva et en prenant de la distance, elle m’envoyait des boules de flammes en rafales.
Fierna commençait à prendre notre affrontement au sérieux.
Mon père se leva et pris Salif sur son épaule. Il ordonna à tous ses compagnons de s’éloigner le plus loin possible de l’endroit où nous étions.
J’avais la pupille d’un reptile et la vision développée. J’esquivais chacune de ses attaques avec beaucoup d’aisance.
Une seconde. C’était le temps qu’il me fallait pour rattraper l’écart qu’il y avait entre elle et moi. Et d’un coup je lui arrachais le bras
Du sang noir en sortait
Fierna usa de sa capacité à léviter et allait se réfugier dans les airs.
Je léchais ensuite son bras que je tenais et le goût de son sang m’écœurait. Comme une ordure, je le jetais à terre et je regardais Fierna sans savoir comment est-ce que j’allais l’atteindre.
Son regard se changeait en rouge vif et ses cheveux violets se dressèrent vers le ciel. Elle était en colère et cela ne présageait rien de bon.
La terre se mit à trembler tout à coup. Le sol se fendait et je pouvais voir au fond de ces abysses les flammes de l’enfer.
De son côté, Salif finit par se réveiller et me vis en train de sombrer au fond des ténèbres.
Salif : Anna … (Dit-il la voix faible)
Je ne savais pas voler. Je tentais tant bien que mal de ne pas me faire avoir, mais je finis par succomber et je tombais dans ces profondeurs.
Je sentais la terre qui se refermait.
Je me demandais au fond de moi si c’est comme ça que ça allait finir. Est-ce qu’au final Fierna aura eu le dernier mot ?
Baal : Anna ! Tu as tout donné ?
--- Je ne sais quoi faire de plus, je suis en train de sombrer dans les abysses.
Baal : Tu utilises mon pouvoir. Avec lui tu peux tout faire, le monde t’appartient, il te suffit de le vouloir. Fermes les yeux et concentres-toi sur ces fourmillements dans ton dos.
Je m’exécutais et je concentrais mon attention sur cette sensation. Les écritures apparurent sur mon visage et soudain je me sentais flotter dans les airs. Une gigantesque aile noire était sortie du côté gauche de mon dos. Je levais les yeux vers la terre qui était sur le point de se refermer.
J’en ressortis de justesse. Avant que les flammes ne me consume.
Fierna était surprise de ce qu’elle voyait. Mon visage était couvert de textes.
J’entendais la voix de Baal qui m’ordonnait de la tuer ! Son bras n’avait pas eu le temps de repousser.
Sans qu’elle n’eut l'aisance de réagir, j’étais en face d’elle et j’agrippais son cou.
Elle tentait du mieux qu’elle pouvait de se défaire de mon emprise mais la différence de force venait clairement de pencher en ma faveur. J’étais sur le point de lui briser le cou.
Fierna : Ce texte sur ton visage, je l’ai déjà vu quelque part. Tu es …
Baal : Tue-là ! (Ordonna-t-il)
Je m’exécutais, et avant qu’elle n’eut le temps de finir son propos, je lui arrachais son cœur et je broyais sa nuque.
Zayir, son bien aimé, qui assistait au combat fini par s’en fuir dans le royaume de sa défunte et disparu.
Une fois le combat terminé, je finis par atterrir toute épuisée. Je sentais ma force surhumaine me quitter et mon aile disparaître.
Avant que je ne tombe de fatigue mon père vint me prendre sur son épaule.
Chef : Anna !
--- Papa … Je me sens… Faible…
Chef : Anna qu’est-ce que ça veut dire ? D’où t’es venue cette aile dans le dos. Et cette force, tu étais différente de la dernière fois. Qu’est-ce que tu as fait ?
--- Je ne voulais pas vous perdre… (Dis-je la voix presque éteinte)
Chef : Qu’est-ce que tu as fait ?! (Criait-il)
--- L’échange équivalent … Pour pouvoir vous protéger, je lui ai offert…
Chef : Réveille-toi Anna. Tu lui as offert quoi ? (Demandait-il en tapotant ma joue)
Je finis par m’évanouir sous la fatigue …
Pour pouvoir utiliser le pouvoir de Baal, je devais lui offrir mon utérus en échange et enfanter un fils.
L’antéchrist !
A mon réveil, je ne me souvenais plus de rien concernant ce pacte. J’avais tout oublié.
On avait vaincu Fierna, mais j’étais tombée dans le piège de Baal …
Enfin.