On a tous une part de mal en nous. Aussi bon que l’on puisse être, le simple fait que l’on soit né de chair nous condamne à l’imperfection.
On a tous une part de mal en nous. Mais aussi une part de bien. Une lumière presque éteinte par des laves d’obscurité qui brûle et qui n’attends qu’une seule chose pour survivre.
L’espoir…
Mais c’est à vous de choisir votre part, et elle vous choisira.
Qui êtes-vous lorsque vous êtes seule ? Devant votre reflet sur la glace. Qui êtes-vous dans le noir ? Quand personne ne vous voit.
Je n’avais pas le diable en face de moi, mais le reflet d’une partie de mon âme.
Baal : Anna ! Regarde-moi. Tu le ressens n’est-ce pas ?
J’avais le regard plongé dans ses yeux vifs de toutes les couleurs et j’étais comme envoutée. La voix lourde et enivrée, je répondais en sa faveur.
--- Oui Baal, tu es moi et je suis toi…
Baal : Bien lèves toi (Ordonna-t-il)
Je m’exécutais en gardant les yeux rivés sur lui. Il délia mes chaînes, puis il retira une bague de son doigt et posa un genou au sol.
Baal : Est-ce que tu acceptes de m’épouser ? Dis oui et je ferais de toi la reine de mon royaume et je te donnerai toutes les richesses de ce monde.
Je le regardais qui prenait ma main gauche et rapprochais sa bague de mon doigt, jusqu’à ce que nos yeux tombent sur l’alliance que j’avais déjà autour de l’annulaire.
Baal : D’où te sort cette bague ? (S'irrita-t-il)
--- Cette alliance sur mon doigt …
Baal : Oui. C’est sans importance, laisse-moi la retirer.
--- Elle me dit quelque chose. Je la connais, cette bague (Toute étourdie)
Mes pensées planaient dans ma tête. J’essayais tant bien que mal à m’accrocher au souvenir de cette bague, mais je n’y arrivais pas. Mais pour une raison que je ne parvenais à expliquer, je savais que je ne devais pas la retirer.
--- Non Baal ! Ne l’enlève pas … Je … Je connais cette bague.
Il se mit à rire de moi et s’empressa de me retirer cette alliance mais je fermais mon poignet avant qu’il ne le puisse.
Cette réaction l’irrita et il m’ordonna d’ouvrir le poignet.
Baal : Ouvres ton poignet Anna.
Je sentais au fond de moi le désir d’accomplir sa volonté. Mais mon corps ne réagissait pas. J’avais toujours la main fermée.
Baal : Anna, c’est un ordre de ton maître. Ouvres ce poignet et retire cette alliance !
Ma main droite s’exécuta aussitôt et tentait de desserrer ma main gauche. Mais je n’y arrivais pas. Je ne savais toujours pas ce que je faisais, je cherchais dans ma tête le souvenir de cette bague, et je m’accrochais au sentiment que j’avais de ne jamais la retirer de mon doigt. La voix de Lucifer dans ma tête se faisait de plus en plus présente. Elle avait occupée tout l’espace de ma volonté mais il restait cette cage dans laquelle j’étais et dans laquelle il n’avait pas encore accès.
Baal : Pourquoi tu ne l’enlèves pas ! (Dit-il en me grondant)
Il pouvait bien me la retirer, mais on dirait qu’il prenait un malin plaisir à me torturer l’esprit d’abord. Le simple fait d’aller à l’encontre de sa volonté me faisait si mal que je criais de douleur. Mais je n’arrivais pas à m’exécuter.
Baal : L’amour des humains est si pathétique. Mais tu n’es pas comme les autres Anna. Tu n’es pas humaine.
Ce qu’il venait de dire me transperça le cœur et je me mis à pleurer en criant …
*** Dans la peau de Salif ***
Anna : Je suis une humaine ! (Cria-t-elle)
--- Qu’est ce qui se passe ? (En sursautant)
Chef : Il est sans doute déjà là. Dans son esprit. Les noces ont commencé. Soyez prêt ! A tout moment, il pourrait prendre le dessus sur elle. Vous devez êtes préparés à tirer dans son cœur quand je vous donnerai le signal.
Tous les hommes se levèrent et encerclèrent Anna pendant qu’elle souffrait le martyr. Nous n’étions pas en mesure de voir ce qui se passait, ni avec qui elle discutait, mais ses cris de douleurs me laissait empathique.
Chef : Tenez fermement vos arbalètes et surtout n’entrez en aucun cas à l’intérieur du cercle de transmutation.
--- Chef, vous êtes vraiment prêt à tuer votre propre fille si elle n’y arrive pas ? (Demandais-je)
Chef : Je peux te répondre maintenant si tu veux. Mais le moment venu, tu sauras la vérité.
Pendant que nous discutions, un des hommes autour du cercle nous fit signe de regarder ce qui se passait. C’était la première fois que j’assistais à la transformation d’un démon.
Anna frappait le sol de toute ses forces et tentait de contenir une nature qui voulait prendre le dessus sur elle. Ses yeux se teintèrent d’un noir dense et ses ongles s’aiguisaient. Elle poussa un puissant cri qui nous fit trembler de peur et on pouvait voir ses canines qui s’étaient rallongées.
Heureusement qu’elle était enchaînée. Elle ne nous voyait pas. Elle regardait de gauche à droite et répondait à quelqu’un ou à quelque chose. Sa peau s’hérissait et ses cris de douleurs se faisaient si forts, que les oiseaux quittaient les arbres pour se réfugier dans le ciel.
--- A quel moment est-ce qu’on allait tirer ? Elle est déjà très dangereuse. Elle pourrait défaire ses chaînes d’un moment à l’autre.
Chef : Ce n’est pas encore le moment. Attendez mes ordres et restez concentrés !
Le père d’Anna se rapprocha du cercle alors qu’elle s’était agenouillée toute silencieuse pendant plusieurs minutes déjà…
Chef : Anna ! C’est ton père est-ce que tu m’entends ? Anna, concentre-toi sur ma voix. Tu dois trouver la part de lumière qui sommeille en toi pour avoir une chance de dompter ce démon.
Elle se mit à crier de nouveau et le ciel s’obscurcit. Des cumulonimbus cachèrent la lune et une forte pluie s’abattit sur nous.
Elle baissa la tête et ses yeux étaient fermés. Anna ne disait plus rien.
*** Dans la peau d’Anna ***
Baal : Tu n’es pas humaine. Je vis en toi, tu vis en moi. Nous sommes semblables.
--- Non ! Je ne suis pas toi !
Baal : Comment tu expliques que je sois là devant toi.
--- Tu n’es pas réel
Baal : Petite naïve !
Il me prit par le menton et me souleva.
Baal : Regarde-moi dans les yeux ! Regarde au fond de mon être et réalise en fin qui tu es.
--- Sous ses ordres je le regardais dans les yeux. Et je me voyais en lui. Cette envie diabolique qu’il y avait en lui et que je ressentais en moi était en train de me transformer en quelque chose que je n’arrivais pas à contrôler.
--- Qu’est-ce qui se passe ? (Demandais-je)
Baal : Tu révèles ta véritable nature. Laisse-la prendre possession de ton être.
Il me lâcha et je tombais par terre. Je poussais un cri vers le ciel et une forte pluie tomba. Je n’étais plus la même.
Baal : Tu ressens ça n’est-ce pas ? Ce pouvoir, ce sentiment que tu peux tout faire !
Je me relevais et je regardais mes paumes de main. En plus de me sentir légère, je sentais dans mon être une force incroyable. J’avais l’impression que je pouvais déplacer des montagnes. C’était invraisemblable. J’étais stupéfaite.
Baal : Anna ce n’est encore rien comparé à ce que tu mérites vraiment.
--- Comment ? Pourquoi moi ? Je ne pourrais jamais faire de mal à autrui !
Baal : Le mal est un concept purement humain Anna. Un être ne peut être parfait s’il n’accepte pas le mal qui est en lui. Les hommes refusent cette évolution de l’âme qui commence par l’acceptation de sa nature. Ils renient leurs natures, mais pourtant ils usent de forces et de vices pour arrivés à leurs fins. Il ne devrait pas exister d’intérêt pour eux. Ce n'est que du bétail !
--- Ce bétail ?! (Dis-je estomaquée)
Baal : Voyons Anna. Ne joue pas à l’ignorante. Tu la ressens cette soif de sang humain n’est-ce pas ?! Son origine remonte à la nuit des temps. Tout comme les hommes se nourrissent de viande, les démons se nourrissent de sang pour leur vitalité. Nous sommes des êtres largement au-dessus de l’humanité. Elle ne mérite pas de vivre.
J’avais l’esprit trop saturé par la présence de Baal. Je fis deux pas en arrière et j’entendis la voix de mon père.
--- La lumière ! Je dois trouver la part de lumière qui vit en moi… (Dis-je l’esprit dispersé)
A mesure que je reculais Baal se rapprochais et n’attendais que le moment où j’allais céder à son emprise.
--- Non non. Si les démons existent, alors les anges aussi. Même si nous sommes faibles, eux au moins ils ont de la considération pour la vie humaine.
Baal : C’est comme ça que vous les appelez ? Les anges ?
Ils se mit à rire.
Baal : Alors dis-moi Anna, où étaient ces anges quand il fallait protéger Alain ? (Dit-il dans un murmure)
Mes yeux s’ouvrirent et j’eus un rappel mémoire du crime que j’avais fait. Mon esprit se troublait de plus en plus.
Elle était où la vérité ?
--- Pourquoi ils n’ont pas pu m’empêcher de tuer Alain ? (Me demandais-je)
Baal : Parce que les anges n’ont rien à faire de l’humanité. Vivant ou mort ils n’ont aucun intérêt pour elle. Contrairement à nous les démons. Nous leurs offrons l’évolution à travers la mort. Les hommes s’attachent tellement à leurs misérables vies et leurs biens éphémères qu’ils ne se rendent même pas compte de leurs limites.
Des larmes déballèrent de mes joues à l’écoute de ses propos. Pourquoi est-ce que je devais vivre tout ça ?
Où étaient donc passés ces anges ? N’étais-je pas digne de leur compassion ? Je n’avais pas choisi ce qui m’arrivait.
Baal : Pense à tous ces meurtres, ces cataclysmes. Pense au vices des hommes et rend toi donc compte que le bien et mal ne sont en rien des fruits du diable ou des anges, mais des hommes eux-mêmes. Acceptes donc d’être mon épouse et ensemble nous dominerons sur ce monde. Nous réécrirons l’histoire en offrant le salut à cette espèce vils et cupide.
Il s’approcha de moi et pris ma main de nouveau
Baal : Anna, acceptes de m’épouser.
J’étais de nouveau envoûtée par lui. Je vis la bague d’Alain sur mon doigt et j’entrepris de la retirer et d’accepter la proposition de Baal.
Alors que je l’enlevais je me rappelais des propos de mon père avant. Où était donc cette part de lumière que je devais trouver en moi ? Si l’être humain peut faire preuve de bien comme de mal où se trouvait donc le salut.
De quelle lumière est-ce que mon père parlait ?
Baal : C’est ça ma dulcinée, retire cette bague (Chuchotait-il dans mon esprit)
Soudain la voix d’Alain me traversa l’esprit alors que je me posais des questions. Je me rappelais ensuite de ces fois où il me disait qu’il m’aimait. Le soir de sa mort, il allait me demander en mariage.
L’image du b****r que nous avions échangé me revint.
--- La lumière… (Dis-je toute étourdie)
Baal se rendit compte que mon esprit lui résistait encore et me pris par le cou. Il me frappa contre un arbre et m’ordonna de nouveau.
Baal : Anna retire cette bague qu’on en finisse !
A mon tour je me mis à rire aux éclats alors qu’il m’étranglait.
Baal : Qu’est-ce qui t’amuse ?
Je continuais de rire comme une gamine devant le diable et je regardais le ciel avec en son milieu la lune rouge.
Baal : J’ai demandé qu’est-ce qui t’amuse ? (Cria-t-il)
Sa voix fit trembler la terre jusqu’à sa croute et je finis par me taire après un léger soupir.
--- Baal. Le prince légitime des enfers. Futur Roi des neufs royaumes. Tu dis que les hommes ont des limites, mais tu dépends d’eux.
Baal : Qu’est-ce que tu racontes petite sotte !
--- Si tu veux tant que je t’épouse, pourquoi tu ne retires pas toi-même cette bague de mon doigt ? Mais vas-y Baal ! Une minuscule bague de rien du tout te dépasse à retirer ?
A mon écoute Baal sortit un sourire narquois et n’ajouta point de mots.
--- Au final tu es bien plus faible que les hommes. Tu ne peux pas aller contre leurs volontés alors ce que tu fais c’est les charmer pour les pousser à choisir entre le bien et le mal. Tu es juste comme un désir, une tentation dans l’esprit des hommes et une fois qu’ils ont choisi le mauvais côté de la barque tu te nourris d’eux.
Baal : La ferme ! (Dit-il en me frappant contre l’arbre)
Je me suis mise à sourire après avoir toussé.
--- Oh j’ai vu juste alors ! Cet homme qui avait fait 40 Jours dans le désert était physiquement proche de la mort. Tu aurais pu le forcer à se prosterner devant toi, mais tu ne l’as pas fait ! Parce que tu en étais incapable ! Et dis-moi si cette histoire est vraie, qu’est-ce que tu aurais fait à cette femme si elle n’avait pas accepté de manger ce fruit défendu ? Hein dis-moi Baal !
Sous la colère il me brisa le bras droit et je me mis à tousser du sang en criant
Baal : Tu vas retirer cette bague si…
--- Sinon quoi mon chéri ? Tu vas me tuer ? (Le coupais-je en riant)
Je levais ma main gauche vers le ciel et je regardais la bague d’Alain que j’avais sur le doigt.
--- Tu te sers du doutes et de la peur pour détruire les hommes. Simplement parce que tu les envies. Ton âme est vide, parce qu’elle n’a pas ce que l’humanité possède.
Baal : Oh ! Et dis-moi, qu’ai-je donc à envier à cette sous race ?
--- L’Amour et l’Espoir ! (Dis-je en me rappelant de mon dernier b****r avec Alain)
Le ciel se dégagea et la pluie pris fin soudainement. Lucifer me regardait et sur mon visage démoniaque des écritures en langues anciennes apparurent. Il semblait avoir compris ce qu’elles voulaient dire et souri en coin.
--- Je ne serais jamais ta femme ! Et tu ne seras jamais mon genre !
Baal me lâcha et je tombais à genoux par terre en toussant sans arrêt. Il se mit à rire aux éclats et renchérit
Baal : Oh détrompe toi Anna ! Maintenant j’en ai la certitude. La prophétie de Jean s’accomplira.
Sa voix commençait à être de moins en moins présente dans ma tête. Il était en train de s’en aller.
Baal : On se reverra très bientôt Anna. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que l’apocalypse soit.
--- De quoi est-ce que tu parles ?
Je me mis à tousser pour récupérer de l’air
--- Baal ! (M'écriais-je)
Il avait disparu…
*** Dans la peau de Salif ***
Plus de deux heures s’étaient écoulées, et Anna était toujours à genoux, la tête baissée. Je me rapprochais du cercle pour voir si elle était encore en vie.
Chef : Fais attention ! (Dit-il)
--- Anna, tu m’entends ?
Je me rapprochais encore en gardant les yeux bien ouverts et soudain elle sortit de son silence et se mit à rugir comme une panthère en colère. Ses canines étaient si pointues que je tombais de frayeur. Mon pied se retrouvait à l’intérieur du cercle et dans sa vivacité elle me tira près d’elle.
--- Anna ! Non ! Au secours !
Chef : Tirez ! Visez son cœur !
D’une main elle m’immobilisa et de l’autre elle arrêtait toutes les flèches qu’on lui tirait. Du revers de la main, un vent vorace baleya tous les hommes du chef qui tombèrent au sol. Ensuite elle se retourna vers moi et s’apprêtait à me dévorer.
Mais en plongeant mon regard dans le sien je compris ce qui se passait. Il restait encore en elle de la frayeur suite à sa rencontre avec Baal, elle pensait encore y être et se défendait.
Tout à coup le chef sortit dans le dos d’Anna et pointa son arbalète sur elle.
--- Non chef ! Ne tirez pas ! C’est elle ! C’est Anna !
Ses esprits lui revinrent et elle me vit couché par terre.
Anna : Salif ? Qu’est ce qui se passe ?
--- Ça va. Tu étais juste dans les vaps. Que signifient ces marques sur ton visage ? On dirait une langue oubliée
Chef : Tu as réussi à le dompter (Dit-il)
Anna : Papa ! (En sautant dans ses bras)
Chef : Rentrons au campement. Tu dois avoir besoin de repos.
Tout est bien qui finit bien. Mais quelque chose clochait.
Les marquent sur son visage m’intriguaient. J’avais l’impression de les avoir déjà vu.
Mais où … ?