Le préfet, épouvanté de ce succès, se mit à compter le nombre des voix ministérielles, et sut se ménager une entrevue secrète avec monsieur de Chavoncourt, afin de se coaliser dans l’intérêt commun. Chaque jour, et sans qu’Albert pût savoir comment, les voix du Comité-Boucher diminuèrent. Un mois avant les élections, Albert se voyait à peine soixante voix. Rien ne résistait au lent travail de la préfecture. Trois ou quatre hommes habiles disaient aux clients de Savarus : « Le député plaidera-t-il et gagnera-t-il vos affaires ? vous donnera-t-il ses conseils, fera-t-il vos traités, vos transactions ? Vous l’aurez pour esclave encore pour cinq ans, si au lieu de l’envoyer à la chambre vous lui donnez seulement l’espérance d’y aller dans cinq ans. » Ce calcul fut d’autant plus nuisible à Sava