Problèmes de santé.

4344 Words
* Sélena *      Après les premiers rêves ultras intenses qui m’empêchaient de me reposer, j'ai eu droit à plus de répits. Je rêvais chaque nuit de quelque chose, comme si je suivais les épisodes d'un feuilleton télévisé. Il m'était plus facile de raconter les choses à Kelan, ainsi que d'y réfléchir. Chaque matin je notais ce qui me paraissait important, mais je n'avais toujours pas de réponses à ces questions :      . Était-ce réel ?      . Si oui, où se trouvaient ces créatures ?      . Quel était le rapport avec moi, avec nous ?      . Où cette histoire allait-elle nous mener ?                                                                                               *** * Rose *      Les quinze jours qui suivirent n'ont pas été mieux. Je dormais mal et faisais des cauchemars sans arrêt. J'étais toujours assoiffée et mes rations de sang avaient considérablement augmentés. Je buvais en moyenne un litre par heure, et cela m'obligeait à rentrer à la maison pendant midi pour faire le plein. Je somnolais pendant les cours, ce qui commençait à agacer les profs, et j'allais régulièrement aux toilettes, parfois je n'avais même pas le temps d'attendre la permission. J'avais sans arrêt des crampes d'estomac et je ne savais pas comment les apaiser puisque après avoir testé, les cachets ne me servaient à rien, à cause du venin qui circule dans mon sang et qui les désintégrait avant qu'ils n'aient le temps d'agir (d'après le Docteur Jackson). Matt n'avait aucune explication, aucun diagnostique possible, et les échographies tentées ne fonctionnaient pas à cause de la texture de ma peau, un peu particulière. Le lycée a appelé plusieurs fois ma mère pour la prévenir de mon comportement. Elle avait simplement insisté sur le fait que j'étais stressée à cause des examens, et qu'il devait prendre en compte que l'anniversaire de mon accident approchait, que les souvenirs perturbaient mon sommeil et que le médecin avait dit que ça passerait. Comme mes résultats n'avaient pas chuté, maman ne m'embêtait pas avec ça. Le proviseur avait fini par laisser tomber.      - Je suis là Rose, si tu as besoin de me parler, avait-elle simplement dit un soir quand je rentrais du lycée.      - Merci, maman, je le sais. Mais je n'ai malheureusement aucune idée de ce qui peut se passer.      Le dernier vendredi de cours avant les examens, en rentrant à la maison, Julian en a eu marre que je ne dise rien.      - Rose, s'il te plaît prends des affaires pour ce week-end, on va chez moi.      Son ton était si autoritaire, que je n'ai pas posé de question et je suis montée préparer mon sac. Ma mère a donné un carton à Julian, que j'ai supposé être ma réserve nutritionnelle, je lui ai souhaité un bon week-end et nous sommes partis.      Je n'ai pas dit un mot de tout le trajet, jetant de temps à autre un coup d’œil à Julian. Il paraissait en colère et à fleur de peau. Je me suis risquée à lui poser une question quand il a coupé le moteur.      - Julian ?... J'ai fait quelque chose de mal ? Demandais-je doucement.      Il m'a regardé choqué.      - Non ! Pourquoi dis-tu une chose pareil ?      - Parce que tu as l'air d'être en colère, et je ne vois pas d'autre raison que moi, dis-je en sortant du véhicule.      Il était à mes côtés avant même que sa portière ait claquée. Il a posé ses mains sur mes hanches et a appuyé son front contre le mien, paupières closes.      - Je m'inquiète pour toi, c'est tout. Pourquoi ne me dis-tu pas ce qui se passe ? Soupira-t-il.      - Parce que je n'en sais strictement rien du tout, répondis-je en prenant son visage entre mes paumes. Cela a peut-être un lien avec ce que je suis devenue. Mais je ne veux pas que tu t'inquiètes, lundi on commence nos examens, je me préoccuperai de tout ça plus tard, alors tache d'en faire autant.      Je me suis hissée sur la pointe des pieds pour lui donner un b****r.      - Tu me le dirais, si ça n'allait pas ?      - Bien sûr. Maintenant entrons, à moins que tu aies prévus de passer le week-end dans le garage.      Il a ri, a pris nos affaires et nous sommes entrés.      Nous avons passé deux jours à flâner dans le jardin à profiter du soleil et de la piscine. Sans qu'Amanda vienne nous déranger.      C'était une première.      - Je crois que ta sœur s'est enfin habituée à nous.      - Oui, c'est pas trop tôt, dit-il en riant.       La première journée d'examens a été épouvantable. J'avais des brûlures d'estomac atroces, et même boire ne m'aidait pas, au contraire, j'avais du mal à me nourrir parce que je vomissais presque à chaque fois. Julian était impuissant face à mes problèmes de santé et cela l'irritait. J'essayais de le lui cacher mais il ne se laissait pas tromper. La touche finale à cette journée catastrophique a été Jared et ses pitoyables réflexions.      - Alors Julian, tu l'as mise en cloque ou tu l'as empoisonnée ?      Sa b***e d'idiots se tordait de rire. J'ai réagi plus vite que Julian, avec la soif et la douleur constante qui me rongeaient, j'étais dans un état d'agressivité plutôt sensible. J'ai empoigné Jared, comme je l'avais fait à mon arrivée au lycée, lorsqu'il pensait faire de moi son jouet.      - Même malade je suis encore capable de t'éclater la tête ! Alors méfie-toi de ce que tu dis ! Vociférais-je.      - Je l'ai relâché et me suis dirigée vers le parking, furibonde.      - Eh ! Julian, calme ta nana, elle est violente parfois !      - Y a pas de raison, elle a été plus sage que je ne l'aurais été !      Julian m'a rejoint, a passé son bras autour de ma taille et a déposé un b****r sur le sommet de mon crâne.      Quand j'ai parlé à ma mère de mes soucis de la journée, elle a demandé à Matt de me signer un certificat médical et nous a accompagné au lycée le lendemain pour en parler au proviseur, afin que je ne sois pas pénalisée. J'ai donc été placé le plus proche possible de la sortit à chaque épreuve, en cas de problèmes. Le proviseur avait juste exigé qu'un surveillant m'accompagne au cas où je devrais sortir. La semaine a été terrible, et éprouvante pour mes nerfs, mais j'ai quand même réussis à m'en sortir et terminer chacune de mes épreuves.      Nous avons reçu nos résultats deux semaines plus tard et la remise des diplômes aurait lieu le lendemain. Bien entendu, Julian les avait réussi avec les meilleures notes. J'ai hurlé de joie quand j'ai vu mon nom sur la liste, juste en dessous de Julian. J'ai couru l'annoncé à ma mère, avant de me jeter dans les bras de Julian qui m'a embrassé longuement et passionnément. Puis nous sommes allés tous les quatre, passer la soirée au bowling.      À la fin de la soirée, ma mère nous a offert à chacun une gourmette en or blanc, avec notre prénom gravé dessus, pour nous féliciter.      - L'année n'a pas été facile, mais vous avez su tout gérer, vous êtes des génies. Nous avons même fondé une vraie famille, je suis fière de vous, nous dit-elle la voix tremblante.      - Merci maman, tu es fantastique.      - On va s'en sortir, finit-elle par dire le regard triste, parce qu'elle savait que les moments de répits que j'avais ne duraient pas bien longtemps, mais qu'il y avait une explication à tous ça et que nous serions assez fort pour le surmonter.      Le mercredi suivant, c'était mon anniversaire, et pour fêter l’événement, puisque nous n'avions aucun intérêt à aller au restaurant, ils m'ont fait découvrir ce qu'était la chasse. Au départ je ne faisais que les observer en les survolant, mais quand ils ont tué chacun leur première proie, la soif m'a submergé. Je me suis enfoncée dans les bois, loin de leur regard, pour m'abreuver à une biche. L'épreuve s'est révélé plus simple que je ne l'avais appréhendée. Mais je n'y ai trouvé aucun plaisir, l'acte même de tuer cette bête me répugnait même si c'était pour me nourrir, et que le sang chaud était bien plus agréable que celui que je sortais du réfrigérateur. Le pire était de me rendre compte que contrairement aux vampires, je ne faisais pas peur aux animaux, au contraire, j'avais réussis à attirer la biche a moi comme je l'aurais fait pour caresser un chien. Quand mes dents ce sont enfoncés dans sa chaire il était trop tard, elle a eu à peine le temps de se rendre compte du danger qu'elle s'évanouissait déjà. Je me suis d'ailleurs étonnée d'avoir les dents si acérées. Quand j’ai eu terminé, j'ai caché sous le feuillage d'un buisson la dépouille de l'animal que j'avais tout de même vidé, (elle servirait de repas à un raton laveur ou quelque chose comme ça) et suis allée attendre les autres à la voiture. Je ne voulais pas risquer de recommencer, cela m'était insoutenable.      - Rose, est-ce que ça va ? Me demande Julian en me rejoignant un moment plus tard.      - Mieux, répondis-je tristement.      - Que s'est-il passé ?      Il scrutait mon visage et a replacé une mèche folle derrière mon oreille.      - Il y a certainement une raison pour que je me nourrisse ainsi, mais je ne suis pas un vampire, et chasser me répugne. Pire je n'ai pas eu à chasser ma proie, elle c'est quasiment offerte à moi ! C'est meilleur, mais c'est trop dure à supporter.      - Désolé, ce n'était pas le bon jour pour que tu essayes. Je me rattraperai ce soir...      Un sourire en coin sur ses lèvres m'a fait craquer, mais également me poser des questions. Qu'avait-il prévu qui le rende si malicieux ?      - Ne t'en fais pas, au moins je sais ce que c'est maintenant, et Amanda cessera de me harceler pour que je l'accompagne.      J'ai passé mes doigts dans ses cheveux et nous nous sommes fixés un moment, les yeux dans les yeux, sans dire un mot. Ce moment était intense et merveilleux.      En fin d'après-midi, Amanda s'est enfermé dans ma chambre avec moi et a mis Julian à la porte.      - Eh ! Mais qu'est-ce qui te prend ? M'exclamais-je.      - C'est lui qui m'en a donné l'ordre ce matin, alors ne m'engueule pas !      - Ah oui ? Et qu'est-ce que tu vas me faire ? Ronchonnais-je.      - Rien de traumatisant.      Elle a passé deux heures à jouer à la poupée, entre coiffure, maquillage et robe du soir.      - Le bal de promo est déjà passé, alors où veut-il m'emmener ?      - J'ai promis de ne rien dire...      - S'il te plaît Amanda !      - C'est une surprise, ne lui gâche pas son plaisir !      - Et lui, où est-il en ce moment ?      - Certainement partit se préparer.      - Ça ne m'aide pas du tout.... maugréais-je.      J'ai donc continué de somnoler pendant qu'elle achevait sa tâche.      Enfin Amanda m'a relâchée vers vingt heures. Je suis descendue au rez-de-chaussée mais Julian n'y était pas. Il n'y avait que ma mère, avec un sourire malicieux qui ne me disait rien qui vaille.      - Tu es ravissante ma chérie. Bonne soirée, me dit-elle en me serrant dans ses bras.      - Merci maman, ne m'attend pas, je n'ai aucune idée des projets de Julian, alors...      Elle s'est contenté de sourire et est retournée devant son écran plasma, où Amanda l'y a rejoint. Apparemment elles s’apprêtaient à regarder Avatar. J'ai tourné les talons et suis sortis. J'ai fait quelques pas dans l'allée, avant de découvrir Julian, appuyé contre la voiture, dans un superbe smoking. Je me suis précipitée sur lui et il m'a serrée contre lui.      - Tu es merveilleuse, me souffla-t-il à l'oreille.      Puis il a déposé un b****r dans mon cou.      - Tu as l'air d'aller mieux...      - Oui ça va depuis hier je n'ai pas eu trop de problèmes. Mais quand vas-tu m'expliquer pourquoi tu es si élégant et pourquoi ta sœur a fait de moi son jouet durant les deux dernières heures ?      - Et bien, tout d'abord parce que tu as dix-huit ans aujourd'hui, et que ça ne se fête qu'une fois dans une vie, et deuxièmement... tu le sauras en temps voulut.      Un doigt sous mon menton, il a déposé un b****r sur mes lèvres, m'a souris puis m'a ouvert la portière de la voiture. Il s'est garé dans la rue de Buckingham Palace, et nous sommes allés jusqu'au palais à pied.      - Je dois avouer que depuis que je suis ici, je n'étais encore jamais venue voir cette merveille de mes propres yeux.      - Je sais, me dit-il fièrement. C'est pour ça que je trouvais l'occasion idéale.      J'admirais le chef-d’œuvre qu'offrait Buckingham tout en conversant.      - Idéale pour quoi ?      - Ça.      Je me suis tourné vers lui, au moment où il posait un genou à terre. En ouvrant un petit écrin de velours, il a posé la question.      - Rose Andrew, me ferais-tu l'incommensurable honneur de devenir ma femme ?      Les larmes ont coulé sans que je m'y attende, j'en avais le souffle coupé. Je lui ai d'abord répondu par un signe de tête, les mots restant bloqué dans ma gorge. Une larme a coulé sur sa joue et il m'a pris dans ses bras et m'a fait tournoyer en m'embrassant. Mon visage enfouit dans son cou, j'ai enfin pu lui dire...      - Oui, soufflais-je. Je t'aime Julian...      Il m'a embrassé à nouveau puis m'a glissé au doigt un magnifique diamant.      - Elle est splendide ! Merci...      - Rose ! Tes cheveux !      J'ai regardé ceux qui me tombaient sur l'épaule.      - Je n'y suis pour rien, je ne contrôle rien ! Ris-je. Je ne peux même plus changer la couleur de mes mèches ! Je crois que c'est une autre manière de ne faire qu'un avec toi...      Mes cheveux bruns étaient, à présent, noirs et mes mèches étaient acajous, tout comme les cheveux de Julian. (Heureusement que les gardes devant le palais étaient payés pour être de véritables statues !)      - Je t'aime Rose.      Quand nous sommes arrivés devant chez lui, l'allée était éclairée par des bougies.      - Wha ! Heureusement que je n'ai pas dit non.      Il a ri, mais s'est rapidement ressaisit et plutôt avec une mine sérieuse.      - J'avoue que j'ai eu quand même un peu peur. À Noël, tu avais l'air tellement contre cette idée...      - C'est vrai, mais j'ai compris que je n'étais pas comme tout le monde, et que notre couple est unique, alors autant vivre les choses à notre manière sans se soucier de ce que pourraient penser les autres. Surtout quand on ne sait pas ce qui nous attend...      - Ravis que tu aies changé de point de vue !      Toute la maison était décorée de pétales de rose et de bougies. La nuit a été digne des célébrations, et également très courte pour moi qui ai quand même besoin de dormir un peu. Mais je n’ai pas eu le loisir de dormir beaucoup. J'ai été réveillée par un mal de ventre atroce et mon ventre était dure comme de la pierre. La douleur ne passait pas, alors j'ai décidé d'aller prendre une douche. Mais en entrant dans la douche, je n'avais pas encore ouvert le robinet, que j'avais déjà les jambes trempées et les pieds qui baignaient dans une flaque, comme si une bombe à eau avait éclatée entre mes cuisses.      Mon cours de sciences naturelles est rapidement repassé dans ma tête et j'ai immédiatement compris ce qui se passait, ou du moins à moitié, parce que je n'étais pas humaine, alors évidemment tout ne concordait pas avec ce que je savais. Je me suis rincée, me suis enroulée dans une serviette et me suis précipitée dans la chambre pour attraper mon téléphone.      - Maman, j'ai besoin de toi, appelles Matt, tout de suite !      Et j'ai raccroché sans attendre de réponse.      - Rose, ça ne va pas ? Me demande Julian intrigué.      - Je ne sais pas exactement, lui répondis-je. C'est pas possible, j'y crois pas ! Dis-je pour moi-même en retournant dans la salle de bain.      Julian m'avait suivi, j'ai fait couler un bain.      - Dis-moi ce qui se passe !      - Je n'en suis moi-même pas certaine, alors évite de t'énerver s'il te plaît, je suis assez furieuse contre moi. Maintenant sors et envoie-moi ma mère dès qu'elle arrive, et n'entre sous aucun prétexte !      - Mais pourquoi ?      - Promet !      Il a acquiescé et est sorti en fermant la porte.      La panique me guettait, mais je faisais tout mon possible pour garder la tête froide. Je suis montée dans la baignoire, et durant les dix minutes qui ont suivi, la douleur s'est intensifiée, devenant insoutenable et ma mère n'était toujours pas là. Mes soupçons se confirmaient, alors j'ai pris mon courage à deux mains, pour affronter ce qui était en train de m'arriver, une chose impensable à laquelle je ne m'étais pas du tout préparée : donner la vie. Mais à quoi ? Je crois que c'est ce qui m'effrayait le plus.      - Nom d'un chien, ça fait mal ! Hurlais-je en agrippant la baignoire.      J'entendais Julian faire les cents pas derrière la porte et parler à toute vitesse, certainement au téléphone. Je me suis adossée à la baignoire et j'ai replié les jambes. Tout allait se passer très vite à présent. Mes douleurs abdominales n'étaient en fait que des contractions, et maintenant que je savais ce que c'était il m'était plus facile de gérer la douleur. J'ai compris qu'il fallait que je pousse pour que le bébé sorte et que la douleur disparaisse par la même occasion. Une, deux, trois poussées. Je hurlais tellement que j'ai entendu à plusieurs reprises, la poignée de la porte.      - Julian, va-t’en !      Au même instant, je me suis légèrement penchée pour sentir la tête du petit monstre, qui apparaissait déjà.      - Rose, c'est maman, je suis là, je peux entrer ?      - Encore deux minutes s'il te plaît ! Dis-je en poussant jusqu'à sentir les épaules.      C'était horrible, j'avais l'impression d'être éventrée vive. La sueur de mon front coulait le long de mes tempes dans lesquelles je sentais le sang battre à tout rompre.      - Dis-nous au moins ce qui ce passe ! Hurle Julian affolé.      C'était la dernière ligne droite. Tout allait très vite. Pas le temps de répondre. J'ai empoigné le bébé par les épaules et en poussant une dernière fois je l'ai tiré pour l'aider à sortir de mes entrailles, et j'ai pu à nouveau respirer. Quand j'ai sortis le bébé de l'eau pour le prendre sur moi, son petit pleure a retenti. J'ai lâché un flot de larmes et au même instant Julian et ma mère se sont retrouvés dans la salle de bain.      - Rose ! S'exclamèrent-ils en état de choc.      - Je suis désolée, je ne savais pas ! Sanglotais-je. Je n’avais pas compris...      Julian s'est agenouillé près de moi, il a caressé mes cheveux et quand son regard s'est posé sur la magnifique petite fée que je serrais contre moi, les larmes ont roulé sur ses joues.      - Pourquoi avoir refusé que je sois là pour t'aider ?      - Parce que je ne savais pas à quoi m'attendre... je ne croyais pas que c'était possible !      Ma mère a vidé la baignoire et Julian m'en a sorti. L'avantage d'être une fée, c'est qu'il n'y a ni problème de cordon ombilicale, ni de placenta et autre désagrément, mais Matt a tout de même vérifié que la petite allait bien, pendant que Julian m'enveloppait dans un drap de bain. Puis il m'a confié notre bébé et nous a glissé sous la couette, avant de s'allonger à mes côtés.      - Tu sais comment l'appeler ? Me demande-t-il en caressant du bout des doigts le visage de notre fille, qui dormait paisiblement.      - Je n'ai pas franchement eu le temps d'y penser, alors si tu as une idée...      - Que penses-tu de Luna ? Propose-t-il.      - C'est parfait.      J'ai tourné la tête vers lui, son visage était serein et heureux.      Nous nous sommes embrassés.      - Alors tu ne m'en veux pas ?      - Pourquoi t'en voudrais-je, rien ne nous à alerter dans ce sens. Pas même Matt ou ta mère, qui ont bien plus d'expérience sur cette terre que moi. C'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire, et je n'aurais jamais osé en rêver...      - Désolée de vous déranger les enfants, mais comme tout à l'air de bien se passer, je vais prévenir Amanda et nous allons aller chercher le nécessaire pour bébé. À tout à l'heure.      - Merci Élona, répond Julian.      Elle a déposé un b****r sur mon front et nous a félicité, avant de s'éclipser.      - Je retourne à l'hôpital déclarer la naissance, tous sera en ordre, ne vous faites aucun souci.      - Merci Matt.      Il nous a quitté et nous nous sommes retrouvés seuls.      - Tu devrais te reposer maintenant, me suggéra Julian.      - Oui tu as raison. Je suis épuisée, et je me pose tellement de questions, il faut que je sois en forme pour pouvoir y répondre.      Il a ri, son rire résonnait dans son torse, c'était fabuleux. Je me suis endormis, ainsi contre lui, Luna sur moi. Je me suis réveillée un instant quand j'ai senti qu'on me l'enlevait.      - Chut, dors mon amour, murmura Julian. Je vais m'occuper d'elle.      Alors je l'ai laissé faire et me suis rendormis.      J'avais dormi toute la journée, le soleil se couchait quand je me suis réveillée. Je me suis habillée et j'ai fait le tour de la maison, pour trouver Julian dans le jardin, profitant du soleil couchant avec Luna dans les bras. Quand je me suis approchée, j'ai vu qu'il lui donnait le biberon.      - Elle boit du lait ? M'étonnais-je.      - Oui, contrairement à nous, notre fille déteste le sang.      - Parce que tu as essayé ?      - J'ai essayé une goutte, du bout du doigt, pensant qu'elle serait comme nous, mais ça ne lui a pas plus du tout !      Jusqu'à présent, je n'avais encore jamais imaginé Julian dans un rôle de père, mais cela lui allait parfaitement. Il avait même de très bons goûts vestimentaires, pour habiller notre fille, il lui avait mi une petite robe rose et un gilet blanc avec des petits chaussons assortis. Et la manière dont il avait prononcé les mots « notre fille » était si parfaite, que j'ai réalisée avec émotion que nous étions réellement une famille. Ce moment était aussi parfait que si nous l'avions préparé et attendu.      Je me suis assise près d'eux et j'ai admiré ma fille. Si petite et si fragile, elle avait les yeux noisettes, comme ceux de son père et les cheveux noirs comme nous. Sa peau était très pâle mais légèrement rosée.      - Comment vont ses ailes ? Demandais-je inquiète.      En effet, au moment de la naissance ce sont ses petites ailes qui m'avaient permises de cerner immédiatement la nature de mon bébé.      - Bien je suppose, parce que quand je les lui ai défroissée, elles ont disparu.      - Alors c'est que tout va bien.      Il y avait beaucoup de choses que j'ignorais, mais d'autre me paraissaient évidente, compte tenu de ma propre expérience. Luna n'aurait pas besoin de ses ailes avant quelques années, alors instinctivement, elle les avait cachée pour les protéger afin qu'elles aient le temps de se fortifier.      - Son visage s'est fermé, empreint de douleur au souvenir que cela lui évoquait, ses yeux se sont assombris. J'ai pris son visage entre mes mains.      - Il n'y a rien à craindre, je te le promets !      - La dernière fois que tu as dit ça, je t'ai cru morte pendant plus de trois mois !      - Mais c'est différent aujourd'hui, et tu le sais !      Il m'a attiré à lui et je me suis allongée à ses côté sur la chaise longue. J'ai couvert Luna avec la petite couverture que Julian avait prise avec lui et la regardais dormir.      - Où va-t-elle dormir ? Demandais-je à Julian en espérant que cela lui change les idées.      - Dans sa chambre. Ta mère à tout fait livrer pendant que tu dormais...      J'ai levé la tête pour le regarder, curieuse de savoir ce qu'elle avait bien pu acheter. Il m'a souri et a déposé un b****r sur mes lèvres.      - Viens je vais te montrer.      Dans la chambre à côté de la nôtre, tous les meubles avaient été remplacés par du mobilier pour bébé. Toute la décoration était dans les tons de mauve, violet et vieux rose. Linge de lit, vêtements, nécessaire de toilette, peluches et jouets, rien n'avait été oublié. C'était tout simplement ravissant. J'en avais les larmes aux yeux. J'ai pris Luna dans mes bras, elle paraissait encore plus petite au milieu de tous ce décor, mais elle était si paisible... Je l'ai posé dans son berceau et l'ai couverte.       Il y avait tant d'autres questions auxquelles je n'avais pas de réponse. Et je n'avais aucun moyen de les trouver dans les livres ou sur internet, le seul endroit plausible pour moi, c'était de retourner là où tout avait commencé.      - Julian, il va falloir retourner au canyon.      - Au canyon ? Mais pourquoi ?      Il avait l'air effrayé, torturé par ce que je venais de lui dire.      - C'est là que je trouverai les réponses à mes questions...      - Je t'aime mon bébé, murmurais-je.      Puis je suis sortie, suivis par Julian, et j'ai fermé délicatement la porte. Julian m'a attiré à lui et j'ai fondu en larmes.     - C'est fantastique ce que tu as fait, lui dis-je une fois calmée.      - Merci.      Nous sommes retournés dans le jardin, profiter des derniers instant du soleil. Un des avantages d'avoir un vampire pour fiancé, c'est que je n'avais pas besoin d'avoir des écouteurs pour bébé, il a l'ouïe assez aiguisé !      - Nous irons chercher tes affaires demain, m'annonça Julian.      - Hier encore je n'avais pas envisagée que tout se passerait si vite...      - Moi non plus, mais j'en suis heureux.      - Je le suis également. 
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