Fée ? (2)

2220 Words
Dans la journée, j'ai reçu un appel de Yann, qui nous invitait à la soirée de nouvel an qu'il avait organisé à la dernière minute, parce que celle de Nathalie tombait à l'eau à cause de son frère, qui avait décidé de s'approprier la maison en l'absence de ses parents. Malheureusement, la fête ayant lieu le lendemain soir, je ne pouvais donc pas accepter de m'y rendre, prétextant une mauvaise grippe. Je ne pouvais pas encore rentrer mes ailes, c'était encore douloureux, j'ai supposé que je devais attendre quelques jours et en profiter pour apprendre à les apprivoiser. Et donc, il m'était impossible de sortir en public. - Je passe la soirée chez des amis, appelez-moi en cas de besoin, m'annonce ma mère en sortant le lendemain soir. - Aucun problème maman, passe le bonjour à Matt ! Elle a souri et s'en est allé. - Et moi, je vais chez Yann et Juliette, enchaîna Amanda. - Tu devrais aller t'amuser avec Amanda, dis-je à Julian quand nous nous sommes retrouvés seuls. - Mais... tu ne peux pas sortir ! - Je sais mais vas-y sans moi, tu n'es pas obligé de te priver à cause de moi ! - Rose, mon amour, c'est avec toi que je veux être et personne d'autre. Sur la pointe des pieds, j'ai déposé un b****r sur ses lèvres. - J'ai parfois du mal à croire ce qui nous arrive, dis-je en plongeant mon regard dans le sien. - L'amour n'a pas de limite... Nous avons donc passé nouvel an rien que les deux, à regarder des films. J'ai passé également la première semaine de la rentrée, à la maison. À la tombée de la nuit Julian m'emmenait sur son domaine pour que je m'exerce à voler, puis petit à petit à rentrer mes ailes et les ressortir de mon dos jusqu'à ce que cela ne provoque plus de douleurs. Quand j'ai enfin pu gérer mes ailes à ma guise, j'ai pu retourner au lycée. Yann et sa sœur Juliette, sont venus prendre de mes nouvelles, Julian avait fait circuler que j'étais toujours malade et s'était occupé de me ramener mes devoirs. Julian et moi étions ravis de pouvoir à nouveau profiter du bonheur de nos ébats amoureux. Ce n'étais pas qu'une question de s**e, c'était un besoin d’être unis, une véritable fusion d'amour. La semaine de mon retour au lycée, nous avons pas mal été pris avec le groupe de musique, par les séances photos pour l'album. Chaque heure de libre, nous nous rendions au studio improvisé dans les sous-sols du lycée. Les semaines suivantes, ce fut le tour des enregistrements et tous nos week-ends étaient pris par les concerts. Il m'était devenu difficile de réviser. J'avais donc pris la décision d'en parler avec le proviseur, parce que si mes notes ne chutaient pas, ce n'était pas la même chose pour d'autres du groupe. Et comme en faire partie était à condition d'une constance dans notre travaille et de nos bons résultats, nous ne pouvions nous permettre de perdre un membre ou bien que l'un d’entre nous rate ses examens. Nous avons donc décidé d'un compromis qu'elle a passé avec les élèves et leurs parents lors d'une réunion : Le bal du printemps était prévu pour mi-avril, nous nous consacrerions donc à la musique jusque-là puis nous arrêterions pour réviser. Parce qu'il était aussi important pour chacun de nous, que notre dossier scolaire reflète autant notre passion que notre assiduité pour nos recherches d'universités. Afin que chacun puisse profiter du bal, les cours du dernier vendredi avant les vacances ont été suspendus pour notre concert qui avait lieu à quinze heures. Le bal ouvrant à vingt heures, nous aurions le temps de ranger et même de rentrer nous changer. Nous avons accueilli nos vacances avec plaisir, mais je n'oubliais pas que l'examen final arrivait bientôt, et j'ai dû redoubler d'effort pour mettre Julian à la porte de temps en temps pour me concentrer dans mes révisions, chose peu facile, puisqu'il tentait toujours de me faire changer d'avis et que je n'aimais pas du tout quand il était loin de moi. - Julian, s’il te plaît, il faut que je révise ! - Je sais mais tu le feras demain, je te promets que je te laisserai tranquille. - Tu as déjà dit ça hier, ris-je. - Laisse-moi au moins rester vers toi, me dit-il en faisant la moue la plus renversante possible, pour tenter de me faire chavirer. Certes ça marchait, ça me brisait le cœur de le voir comme ça, mais tant bien que mal, j'ai résisté. - Julian, tu as passé ton examen des dizaines de fois, mais moi, c'est la première fois. Je ne peux pas me permettre de rater mes épreuves. Alors, je t'aime de tout mon cœur, mais maintenant, il faut vraiment que tu me laisses réviser ! - Bon d'accord, soupira-t-il. Il m'a embrassé et a disparu. J'ai étudié tard et j'ai fini par me décider à aller au lit quand je me suis surprise pour la troisième fois à m'endormir sur mes livres. Julian est venu me rejoindre dans la nuit et j'ai tout juste senti son bras enserrer ma taille. J'ai mal dormi et Julian m'a fait remarquer au matin que j'avais été très agitée. Je ne me souvenais malheureusement pas de ce dont j'avais rêvé. Il ne restait plus que quinze jours avant le début des examens, mais au lieu du stress habituel qui régnait au lycée, quand nous sommes arrivés ce matin-là, une agitation excitante s'était emparée des élèves. - Salut Yann, tu peux nous éclairer sur le pourquoi de tout ce vacarme ? Demandais-je discrètement. - Rose, Julian ! L'album est enfin sorti ! À l'instant même où il avait prononcé nos noms, des centaines d'élèves se sont précipités sur nous, hurlant, pleurant et suppliant, se bousculant de tous les côtés pour avoir un autographe. On était à la limite de la suffocation. Quand j'ai demandé où était Nathalie, parce que je ne l'avais pas encore vu, Julian m'a indiqué une b***e de garde du corps un peu plus loin dans le couloir, qui l'avait calfeutré entre deux rangés de casiers. Elle était la troisième personne la plus importante du groupe et se retrouvait autant assaillit que nous. Julian m'a serré contre lui et nous avons essayé de nous frayer un passage dans la foule, jusqu'à ce que deux des molosses en costumes noirs nous atteignent et nous escortent jusqu'à Nathalie et nous emmènent au bureau du proviseur. - Mlle Andrew, M. Andrew, Mlle Emerson, je suis vraiment navrée de ce désagrément, je n'ai malheureusement pas eu le temps de vous contacter pour vous annoncer la nouvelle. Je n'avais vraiment pas prévu ce qui vient d'arriver. Le livreur est arrivé ce matin et les cartons ont été dévaliser avant qu'on ait eu le temps de les récupérer. Je n'ai pas d'autre choix que d'annuler les cours de la journée. Et si vous le voulez bien, on vous installera dans le hall pour que vous puissiez faire honneur à vos fans. - Mme Gareth, c'est ridicule ! On n’est pas à Hollywood ! Les examens sont prévus dans deux semaines, on ne peut pas se permettre de faire ce genre de chose sur le temps de classe ! Protestais-je. - D'autant que des révisions sont programmées avec certains professeurs, ajouta Nathalie. - Mesdemoiselles, votre dossier scolaire est irréprochable, ce n'est pas une journée de cours en moins qui vous portera préjudice. Elle ne nous a pas laissé le temps d'en rajouter et nous a poussé dehors. Nous avons donc passé notre journée, à griffonner des autographes, poser pour des photos, et même la télévision s'était déplacée ! - Ça va ? Me demande Julian, durant une courte pause. - Non, si j'avais su que cela prendrait une telle ampleur, je n'aurais jamais accepté, c'est ridicule, ça ne s'est pas passé comme ça les autres années, il me semble, pourquoi font-ils tant de chichis cette année ? Soupirais-je. - Parce que tu as fait fureur, tout le monde veut t'entendre, ils ne veulent pas que tu restes au stade du souvenir de lycée. De plus Nathalie et toi, violon et piano, formez un beau duo. Le prof nous l'a dit, c'est la première fois qu'il découvre de tels talents ! Il me souriait comme si j'étais la huitième merveille du monde. Je l'ai embrassé et me suis laissée aller contre son torse, qui m'inspirait bien-être et réconfort. - Je te signale que nous ne sommes pas les seules vedettes. D'ailleurs, c'est mal, tout ça, il va falloir se faire oublier rapidement sinon on risquerait d'avoir des problèmes... - Tu m'expliques ? - Pas maintenant. On ferait mieux d'y retourner, je n'ai pas envies de recommencer demain ! Il a rigolé et m'a suivi. Vers dix-huit heures, nous avions terminé, tout le lycée était passé, j'étais épuisée et assoiffée. - Il faut vite que l'on rentre, avant que quelqu'un pense que je te bats ! S’esclaffa doucement Julian à mon oreille. Tu as des cernes à faire fuir un vampire ! Railla-t-il. Au même moment Nathalie s'est rapprochée : - Je n'en peux plus, je ne pensais pas que ça aurait un tel impact ! Tu n'as pas l'air bien Rose, tu devrais rentrer, dit-elle en me regardant soucieuse. Ramassant son sac, elle nous a salué et c'est enfuit avant que quelqu'un lui demande encore quelque chose. - C'est si terrible que cela ? Demandais-je à Julian en faisant la moue. En disant ces quelques mots, ma gorge s’est enflammée, et ma vue commençait à se brouiller de rouge. - Ramène-moi vite, dis-je en retenant ma respiration. Il y avait encore pas mal de monde au lycée et j'avais déjà vidé toutes mes bouteilles. Julian a ramassé nos affaires et m'a pris dans ses bras. J'ai fermé les yeux et enfoui mon visage dans son cou, alors qu'il traversait la cour pour rejoindre la voiture sur le parking. - Vous rentrez déjà ? Demanda Yann qui a fait brusquement stopper Julian. - Oui, répond ce dernier précipitamment. La journée a été longue et Rose s'est endormie, je préfère la ramener rapidement chez elle. À demain Yann. - Dommage, à demain. Arrivés à la maison, je me suis précipitée sur le frigo et j'ai vidé trois bouteilles de suite sans m'en rendre vraiment compte. - Étonnant, fait remarquer Amanda. - De quoi ? Demandais-je. - Le nombre de bouteilles que tu as englouti dans la journée. Elle fronçait les sourcils et paraissait vraiment alertée. - Oui, je sais. Mais le stress, les contrariétés et toutes les émotions un peu trop vives, augmentent ma soif. La journée a été bien chargée, alors ça se comprend, dis-je en m’affalant sur une chaise. - Oui, mais tu en as quand même avalé huit ! Huit d'un litre, c'est plus que je ne bois en une semaine ! Je suis restée interdite, choqué de ne pas m'en être rendu compte, habituellement, j'en buvais au grand maximum deux. - Tu devrais aller te coucher, tu as l'air exténué, poursuivit Amanda. - Non, je voudrais voir ma mère avant... - T'occupes ! Me coupa-t-elle. On se charge de lui faire un rapport. - Oui mon colonel ! Nous avons ri, et je suis montée me coucher. Julian m'a accompagné en silence et une fois couché, il m'a embrassé et m'a offert le berceau de ses bras. - Je t'aime, me souffla-t-il alors que je m'enfonçais dans le sommeil. - Rose, je n'ai jamais fait ça, j'ai la trouille ! - Laisse-moi le temps de m'assurer correctement et je t'aide. ... - Vas-y Cara, monte jusqu'à la prise la plus proche du dénivelé... ... - Oh m***e ! ... - Rose ! Est-ce que ça va ? - Oui, rien de grave ! … - Cara ! Essaye de reprendre prise ! Moi, je suis trop loin de la paroi. - Deux secondes, j'y suis presque ! Ça y est ! Au non, Rose le piton va lâcher ! ... - Rose, je ne veux pas mourir ! - Tu ne vas pas mourir Cara, je te le promets ! - Rose non ! - Mais qu'est-ce qu'elle fait ? - Elle va couper la corde ! Rose mon amour, je t'en supplie ne fais pas ça ! - Je t'aime Julian, mais tu dois sauver ma sœur ! ... - NON ! ! ! - NON ! ! ! - Rose, réveille-toi ! Je suis là, ça va aller ! C'était Julian qui tentait de me calmer. Je venais de revivre le pire moment de mon existence. Et je tremblais de tout mon corps, je pleurais également. - Cara... elle allait mourir... je n’avais pas le choix… je n’avais pas le choix… sanglotais-je. - C'est finit Rose, tout va bien. Cara est en sécurité et tu es là, avec moi ! - Je suis désolée !... Il m'avait pris dans ses bras et me berçait pour m'apaiser. - Que s'est-il passé ? Demanda ma mère affolée en entrant dans ma chambre. - Elle se souvient de l'accident. Ça va aller Élona, ne t'inquiètes pas, je m'en occupe. - D'accord, appelle-moi si besoin. Julian s'est mis à fredonner pour moi en caressant mon cou et j'ai retrouvé peu à peu mon calme. ***
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