Je ne sais pas depuis combien de temps, on est là, à se contempler, quand je sens un bras musclé se poser sur mes épaules et que l'être mystérieux en face de moi rompt le contact visuel. Je réalise à cet instant qu'il tient mes mains dans les siennes et je comprends que c'est Marcus qui s'est installé à mes côtés. Mais c'est la voix d'Andréa qui me surprend de l'autre côté.
- Hé ! Toi ! Je ne sais pas qui t'es, mais je t'interdis de draguer ma licorne alors qu'elle est pompette ! Dit-elle furieuse.
- Je vais bien, la rassuré-je tandis que j'ai l'impression d'entendre mon Apollon grogner doucement tel un fauve menaçant.
Il se rapproche imperceptiblement de moi.
- C'est ton copain ? Me demande-t-il en fronçant les sourcils et en désignant Marcus d'un signe de tête.
- C'est presque ma sœur, répond l'intéressé en me lâchant pendant que je suis tout juste capable de faire un signe de tête négatif en guise de réponse.
Ses muscles se détendent de soulagement.
- Je t'ai à l'œil, lui dit sérieusement Marcus. Alors ne t'avise pas de faire n'importe quoi.
Il ne dissimule pas sa menace, ce que mon Apollon n'a visiblement pas l'air d'apprécier. Cette fois, il se rapproche nettement de moi, passant son bras autour de ma taille, dans un geste possessif.
- Elle est en sécurité avec moi, gronde-t-il.
Ce qui fait instinctivement reculer Marcus. Andréa me tire la manche pour avoir mon attention pendant le combat de coqs des garçons.
- T'es sûre que ça va ? Demande-t-elle inquiète.
- Oui, promis tout va bien, dis-je en rougissant.
Elle se détend et me sourit, à nouveau excitée comme une puce et me tend un sandwich.
- Profite, mais mange, me dit-elle avant de s'éloigner en me faisant un clin d'œil.
Au moment où j'ai lâché la main de mon Apollon pour prendre le sandwich d'Andréa, je l'ai senti presser plus fort sur ma taille, comme s'il avait peur que je lui échappe. Tandis que mon regard se pose à nouveau sur lui, je constate que son visage est rayonnant, il me sourit avec malice.
- Elle a raison, il faut que tu manges, tu as trop bu.
Je lis dans son regard qu'il sait que c'est à cause de lui que je me suis autant laissé aller.
- On a beaucoup de choses à se dire, viens, me dit-il en se dirigeant vers le food truck avec ma main dams la sienne.
Il entrelace nos doigts et des papillons voltigent au creux de mon estomac. Je n'arrive pas à le quitter des yeux, je suis comme hypnotisée.
Il est grand, fort, les cheveux châtains et une barbe qui dessine sa mâchoire taillée à la perfection. Je distingue un tatouage sous sa manche. Sa peau est douce même si je devine que ses mains sont celles d'un travailleur. Et il sent admirablement bon. Il dégage un parfum de forêt fraîche et de caramel doux, me donnant envie de me blottir dans son cou, mais aussi de dévorer ses lèvres qui m'attirent et provoque encore plus en moi.
Alors que nous nous arrêtons pour faire la queue au food truck, je comprends qu'il sait déjà tout ce que je ressens en voyant son sourire en coin. Il m'attire dans ses bras, plaquant mon dos contre son torse, et m'intime l'ordre de manger. En riant, je ne me fais pas prier davantage pour le faire.
Nous avançons dans la file en silence puis enfin, nous pouvons passer commande. Je reconnais les copains de Marcus aux fourneaux. Mon Apollon passe une grosse commande qu'on lui pose sur un plateau bien chargé, mais il ne me lâche pas pour autant, il fait glisser une de ses mains sur ma hanche pour se mettre à côté de moi et empoigne le plateau de l'autre. Nous retournons près du feu où l'un de ses acolytes prend la relève avec le plateau pour faire le tour et proposer à chacun quelque chose à manger. Je suis touchée par ce geste qui me fait fondre un peu plus pour mon Apollon. Ce dernier s'assoit et m'attire sur ses genoux, où je me sens immédiatement à ma place, sans aucune gêne. Il me tend un second sandwich et il en profite pour glisser son nez dans mon cou pendant que je mange, ce qui me fait frissonner de plaisir et lui arrache un petit gémissement.
- Puis-je enfin connaître le nom de ma bien-aimée ? Me souffle-t-il à l'oreille une fois que mon estomac est plein faisant redescendre les effets de l'alcool.
- Olivia. Mais appelle-moi Liv, lui réponds-je tout aussi sensuellement.
- Liv... Murmure-t-il pour lui-même en me caressant le bout du nez avec le sien.
- Et comment puis-je nommer mon Apollon ? Demandé-je à mon tour.
Il rit et ses yeux pétillent.
- Pour toi, ce sera juste Archy, me répond-il en venant taquiner mes lèvres.
Je ressens des étincelles à ce contact. J'en veux plus. Je me penche alors un peu plus, l'invitant à aller plus loin. Il glisse une main dans ma nuque et me plaque contre ses lèvres avides. S'ensuit alors un long b****r de découverte de l'un et de l'autre, l'une de mes mains s'agrippant dans ses cheveux et l'autre caressant son cou, sa mâchoire barbue, son torse et tout ce qui m'est accessible.
Nous sommes interrompus par un grognement et un « trouvez-vous une chambre, bordel ! ». Nous rions de concert, et Archy me soulève telle une princesse, me pressant contre son torse. Sans me quitter des yeux, il nous conduit dans une petite tente un peu à l'écart des autres, que je n'avais pas remarquée, mais surtout que je n'ai pas montée. À l'intérieur, j'y trouve le confort absolu : un vrai matelas, des oreillers et une couette. Il me dépose sur le matelas avec délicatesse et me retire mes bottes.
Nous nous allongeons l'un en face de l'autre à quelques centimètres à peine. La tension sexuelle est palpable, mais nous sommes tous les deux conscients que nous avons beaucoup de choses à découvrir l'un de l'autre avant de céder à nos pulsions.
Plusieurs heures se sont écoulées tandis que nous nous racontions nos vies, cédant régulièrement au besoin de s'embrasser et de se toucher, s'arrêtant souvent avec un gémissement de frustration.
Cependant, je remarque assez vite qu'il me cache quelque chose d'important, répondant à certaines de mes questions de manière évasive ou en utilisant un vocabulaire étrange. Mais je ne veux pas briser la magie de cette merveilleuse rencontre, alors quand je cherche à obtenir plus d'explications et qu'il me répond « Je te promets de tout te dire bientôt » je préfère le croire et passer à autre chose.
Je finis par avoir les paupières lourdes, me voyant somnoler Archy m'attire à lui et rabat la couette sur nous. Je m'installe confortablement sur son torse chaud et il soupire de plaisir.
Plus tard, je suis réveillée par une voix appelant Archy :
- Alpha, désolé de te déranger, mais il est temps d'y aller.
Je relève la tête vers Archy en fronçant.
- Je suis désolé ma belle Liv, je dois y aller, c'est important.
- Mais quand est-ce que je te revois ? Je demande au bord de la panique.
- Ne t'inquiète pas, me dit-il en prenant mon visage entre ses mains. Mon numéro est dans ton portable et on se voit lundi au lycée.
Il dépose un léger b****r sur mes lèvres pour ponctuer sa phrase.
- Je te promets de faire le nécessaire pour que tu sois rapidement à mes côtés.
- Alpha, il faut vraiment y aller, répète la même voix.
- Ça va, j'arrive ! S'énerve Archy.
Je le serre une dernière fois dans mes bras, il me serre très fort en reniflant fortement mon cou comme pour s'imprégner de mon parfum. Puis il m'embrasse, dévorant mes lèvres et ma langue et finit par déposer un b****r sur mon front avant de partir si vite que j'ai cru un instant que tout ça n'était qu'un rêve.
Puis je vois apparaître une Andréa épuisée qui s'effondre à côté de moi.
- Je te promets que je veux tout savoir, me dit-elle dans un bâillement. Mais là, tout de suite, j'ai vraiment besoin de sommeil.
Et elle s'endort en quelques secondes.
Archy me manque déjà, nous sommes ensemble depuis quelques heures à peine et pourtant, j'ai l'impression que ça fait des années. Je ressens un besoin intense de sa présence à mes côtés, de sa chaleur, de son regard qui dit « tu es la meilleure chose qui me soit arrivé ». Je n'ai pas encore 18 ans, mais je sais que ma place est à ses côtés pour le restant de mes jours.
Je suis épuisée, je n'ai pas beaucoup dormi, mais maintenant qu'Archy n'est plus là, je n'arrive pas à fermer les yeux. Il y a un vide dans ma poitrine presque douloureux et malgré la couette, je ressens le froid de son absence. Je remonte la couette jusqu'à mon menton et je réalise qu'elle est imprégnée de son odeur. Cela m'apaise un peu et je cesse de m'apitoyer pour me concentrer sur la première chose qui me vient à l'esprit : « Pourquoi les gars qui étaient avec lui ce soir l'appellent-ils Alpha ? ». Ce mot étant utilisé pour désigner le chef d'une meute de loups, cela signifierait-il qu'ils le considèrent comme leur chef ? C'est vrai qu'ils sont arrivés en se déplaçant presque en formation... Serait-il chef de gang ? Si oui, alors que font-ils ? J'espère qu'il n'est pas recherché par la police ! Oh Déesse ! Et s'ils avaient un truc illégal de prévu aujourd'hui ? Sont-ils allés faire un mauvais coup ?
Alors que la panique m'envahit, mon téléphone vibre et un petit son de clochettes retentit. Je viens de recevoir un message. Je me mets à la recherche de mon téléphone, que je trouve dans ma poche de manteau, au bout de la tente.
C'est avec des papillons dans le ventre que je découvre que c'est un message d'Archy. C'est trop mignon ! Il a enregistré son numéro en mettant un petit cœur à côté de son nom ! J'ouvre le message en fondant de bonheur.
Archy : Je ressens tes émotions. Qu'est-ce qui ne va pas ?
Comment peut-il ressentir mes émotions ?
Moi : Comment est-ce possible ?! Je m'inquiète... J'ai peur de ce que certaines choses à ton sujet peuvent signifier... J'espère que tu ne m'en veux pas ?
Archy : Liv chérie, crois-moi, tout va bien. On en parle bientôt.
Moi : D'accord, je veux te faire confiance...
J'hésite un instant et finis par ajouter un dernier message :
Moi : Tu me manques
Archy : Tu me manques encore plus
Je n'ai pas eu à attendre entre chaque message, à peine écrit, il l'avait lu et me répondait instantanément. Son dernier message m'a tellement soulagé que je me suis presque aussitôt endormie.