Archy ne se départit pas de son sourire même une fois qu'il a compris ce qui l'attend. Au contraire, il rit de bon cœur quand il attrape ma taille alors que je suis tout juste devant lui.
- On dirait que mon petit bout de femme a du caractère.
- Tu ne crois pas si bien dire, dis-je en fronçant davantage les sourcils. J'en ai assez, tous ces non-dits ne peuvent pas durer. Il n'a fallu que deux jours pour que ça me ronge de l'intérieur...
- Calme-toi, je suis désolé, me coupe-t-il en appuyant son front contre le mien. Viens.
Il prend mon sac d'une main et ma main dans l'autre, puis m'entraîne vers un gros SUV noir dans lequel il me fait monter à l'arrière avant de se glisser à mes côtés. Il toque à la vitre qui nous sépare du conducteur et je comprends que c'est pour lui signifier de démarrer.
Nous prenons la route qui mène chez Andréa. Archy m'attire à lui et je me calme aussitôt. Nous restons silencieux tout le long même si tout un tas de questions me démangent la langue. Je me concentre sur les battements de son cœur sous ma main et ça suffit à me faire lâcher prise jusqu'à l'arrivée.
Quand la voiture s'arrête, la porte s'ouvre.
- Bienvenue Alpha, lance Mr Giovanni. J'espère que vous vous plairez chez nous.
- Ronald, merci de ton accueil. Ce sera parfait à partir du moment où ta future Luna s'y sent bien, lui répond Archy en lui serrant chaleureusement la main.
C'en est trop, je craque. Je lâche la main d'Archy et me précipite à l'intérieur, où je trouve Mme Giovanni en train de préparer une collation d'accueil.
- Liv, ma chérie, ça n'a pas l'air d'aller, où est Andréa ?
Je n'arrive pas à lui répondre, mon visage se crispe, elle me tend les bras et je m'y réfugie. Quelques larmes m'échappent.
- Liv ?
Archy est inquiet. Je m'écarte des bras de Mme Giovanni et essuie mes yeux avec ma manche en me tournant vers lui. Il se précipite vers moi, encadrant mon visage.
- Pourquoi est-ce que tu pleures, Liv chérie ?
- Je croyais que tu ressentais mes émotions, répliqué-je.
- Oui, mais je ne les comprends pas toutes. Pourquoi n'es-tu pas restée vers moi ?
- Parce que c'était trop ! Je ne comprends rien à ce qui se passe, tu ne me parles pas, Andréa non plus ! Tout est repoussé à plus tard, mais en attendant les informations s'accumulent dans ma tête sans que je n'y comprenne quoi que ce soit, et je ne peux pas m'empêcher de me poser tout un tas de questions. Il fallait que j'évacue, dis-je en essuyant à nouveau mes yeux.
Il me sert dans ses bras un instant.
- Je suis désolé, je n'avais pas imaginé que ça pouvait être aussi dure pour toi. Paloma, est-ce que nous pouvons commencer, demande-t-il à Mme Giovanni.
- Bien sûr Alpha, je vous apporte des boissons chaudes, vous pouvez prendre place au salon.
- Merci, lui répond-il tout en donnant un ordre silencieux à l'un de ses potes qui était dans la maison.
Ce dernier fait rentrer tout le monde pendant qu'Archy s'installe sur le canapé et m'attire près de lui.
Ces quatre copains, Andréa, Marcus et Mr Giovanni entrent dans la maison ainsi que les deux chauffeurs des SUV. À part ces deux derniers, tout le monde nous rejoint. Les chauffeurs, tels des gardes du corps, encadrent l'entrée, dos au mur, ils sont très sérieux. Mme Giovanni sert à boire à tout le monde puis vient nous rejoindre.
Archy se tourne vers moi :
- Liv, si on est là, c'est parce que je voulais que tu te sentes bien et en sécurité. La conversation qui vient ne va pas être facile et je ne veux pas que tu te sentes piégée.
- Tu me fais peur, soufflé-je.
Je jette un œil à Andréa, assise sur les genoux de son petit ami en face de nous. Je lis sur ses lèvres « ça va aller, je suis là ». Archy me caresse les mains qu'il a prises dans les siennes.
- Liv, comme tu l'as beaucoup entendu ces derniers jours, je suis un Alpha, annonce-t-il en plantant ses yeux dans les miens. Tu sais ce que c'est ?
- En théorie, murmuré-je.
Il tourne la tête vers Dany, qui hoche la tête en réponse.
- Je suis son Bêta, annonce Dany.
- Nous sommes une meute, lâche Andréa.
La crainte se fait remarquer dans sa voix, elle a peur de ma réaction.
- Qu'est-ce que tu veux dire exactement ? Demandé-je.
J'ai besoin de certitudes, tout ça n'est pas cohérent, ça ne peut pas être vrai...
- Nous sommes des loups, achève Marcus.
J'hésite un instant, puis j'éclate de rire.
- Vous vous foutez de moi, pas vrai ?
Ils restent tous sérieux et silencieux. Andréa se replie sur elle-même, se réfugiant dans les bras de son copain.
- Vous êtes en train de me dire, que vous tous là, vous êtes des loups ? Des Hommes qui se transforment en loups ? Dis-je en me levant, suivit par Archy. Que ça, poursuivis-je en lançant un roman, sorti de mon sac de cours, sur la table basse. Ça, c'est réel ?
Archy regarde, lance un coup d'œil à Andréa puis me répond :
- En partie, oui...
J'ai envie de m'arracher les cheveux, je repense à toutes les conversations étranges des deux derniers jours en faisant les cent pas dans la salle à manger ouverte sur le salon.
- Je ne peux nier que vous viviez comme ça, étant donné que je l'ai vu et entendu de mes propres oreilles. Apparemment, tout le monde te traite comme le chef, ça, j'assimile... Mais dans ce cas, vous n'êtes pas censé vivre sur un territoire, tous ensemble ou quelque chose comme ça ?
- Si, c'est le cas.
- Alors pourquoi les Giovanni vivent ici ?
- On est à la limite du territoire ma chérie, répond Paloma.
- Mon territoire est vaste et je ne voulais pas te lâcher au milieu du territoire sans que tu ne saches où tu mettais les pieds.
- Non, ce n'est pas possible, tout ça, c'est complètement dingue, murmuré-je pour moi-même.
- Je sais, me répond Archy à l'autre bout de la pièce.
Je sursaute, il n'aurait pas dû m'entendre !
- Nous avons l'ouïe très fine.
- Prouve-moi que tout ça est vrai, dis-je très sérieuse en le fixant droit dans les yeux.
- Je ne suis pas sûr que…
- Transforme-toi, insisté-je en le toisant durement.
- Très bien, comme tu voudras. Allons dehors.
Il me tend la main, déterminé. Tout le monde se lève et nous suit. Une fois dehors, il se déshabille, et fait signe à son Bêta et à Marcus de faire de même. Alors qu'il s'apprête à enlever son jean, il s'approche de moi :
- Liv chérie, n'oublie pas que c'est toi qui me l'as demandé, susurre-t-il à mon oreille.
Quand il recule, un sourire en coin malicieux se dessine sur son visage et là, il enlève tout. Les trois hommes sont littéralement tous nus. Je deviens rouge écarlate, Marcus est aussi mal à l'aise et n'ose pas me regarder.
- Prête ? Me demande Archy.
Il n'attend pas de réponse, il sait que je ne suis pas prête pour ce qui suit.
Il suffit d'une fraction de seconde pour que les corps se métamorphosent en un bond et qu'ils se retrouvent sur leurs quatre pattes. Je pousse un cri de surprise dans un mouvement de recul quand Archy atterrit à quelques centimètres de moi, me dominant de toute sa hauteur. Il est impressionnant. Plus gros que les deux autres, Marcus étant le plus petit de tous. Je ramène mon regard sur l'animal en face de moi et reconnais bien son regard. Je suis alors poussée par le besoin de le toucher, d'enfoncer mes doigts dans sa fourrure et à l'instant où je le fais, je réalise que c'est vrai. Et si ce que je pense savoir est juste... Mes larmes coulent.