Chapitre 4

2330 Words
_Périphérie de la localité de Sherwood, au milieu d'une forêt_ —Pour la énième fois, jusqu'où comptes-tu me trainer comme ça au milieu de nulle part ? Fit la voix d'un homme visiblement irrité. Il était sur les nerfs oui mais parce-qu'il avait marre d'errer comme un idiot, de plus en plein milieu d'une forêt dense à la réputation douteuse. Il avançait aveuglément, traînant sur les pas de sa compagne. —Nous ne sommes plus très loin et tu pourrais arrêter de te plaindre déjà, on est partis seulement il y'a dix minutes, maugréa celle qui dirigeait la marche, légèrement agacée. —Qui me semble être une éternité. Il roula des yeux en lâchant un soupir exaspéré puis observa avec scepticisme les alentours qui étaient constitués d'arbres, d'arbres et encore d'arbres. Leurs pas craquelaient sous leurs bottes alors qu'ils avançaient sur la terre herbeuse et humide. —Ne m'en veux pas mais, reprit-il, chaque coin ici se ressemble, quelque chose me dit que nous tournions en rond, avoues que t'es complètement gourée ! Je ne dirais rien et on fera juste demi-tour... —Pas du tout ! Rétorqua la jeune femme quelque peu offensée. Tous les arbres se ressemblent parce-que nous sommes au cœur de la forêt, sois en rassuré chéri, ce que je cherche n'est plus très loin...afin je crois Sans rire —Rappelez-moi ce que je fais ici déjà ?! Râla-t-il plus qu'exasperé. La femme se retourna et lui fit face, ensuite leva ses mains et prit ses joues en coupe —Par-ce-que tu es mon mari et que tu me dois une confiance aveugle, dit-elle en lui offrant un sourire chaleureux qui devint ensuite espiègle, et aussi parce-que comme moi tu adores l'exploration et toutes sortes de nouvelles découvertes. Il leva une main et lui fit une pichenette au front —Ça et aussi le faite que tu m'as affirmé que ça pourrait nous valoir beaucoup d'argent Elle frotta son front et fit un sourire pénaud —Ouais ça aussi ! Alors on continue ? Elle reprit la marche mais son mari l'empêcha de faire un pas un plus en lui tenant la main —Stoop ! Avant d'aller plus loin tu pourras au moins me dire ce qu'on recherche pour que je me fasse une idée. Qui sait ? Cet objet a peut-être été déplacée. Si nous sommes dans le périmètre le mieux serait de commençer à fouiller. Le visage de la jeune femme s'illumina de contentement —T'es un génie ! S'exclama-t-elle, Tu vois que nous formons la paire tous les deux... Alors voilà, j'ai pris une photo... Elle sortit une tablette de 10 pouces et navigua rapidement sur l'écran avant de tomber sur l'image —Elle date d'il y'a trois jours, regarde ! De plus près elle m'a parut comme une boîte intelligente et super codifiée. Prudente comme je suis, j'ai préféré ne pas y toucher. Vraiment étrange tu ne trouves pas ? —Oui, tout à fait étrange ! Dit-il déconcerté. Pour être surpris, il l'était véritablement. Une boîte délibérément enterrée dans une zone interdite ? Mais à quelle intention ? —Je remarque cependant qu'elle est à moitié déterrée. Une chose est sûre tu as bien fait de ne pas la toucher. Alors qui d'autre est au courant ? —Personne que je ne sache, tu es le seul à qui j'en ai parlé Il approuva d'un hochement de tête avant d'approfondir son observation, il zooma la photo l'air de plus en plus intrigué —Tiens, ce système m'a l'air familier... Là regarde ! dit-il en tapotant du doigt l'écran , on dirait une jauge de concentration, je sais parce-que j'en ai déjà vu plusieurs fois —A... Ah ! Dit-elle d'un ton hésitant. Sans poser de question, son mari leva les yeux au ciel et tapota son menton —Comment t'expliquer ? Eh bien! Vois-tu, cet outil est en faite une boîte à concentration d'objet magnétique et ceci est une jauge de concentration d'énergie magnétique... Comme son nom l'indique, cette boîte amagasine ce type d'énergie et régule le flux afin d'éviter toute forme de perturbation avec celle qui circule dans l'air, la puissance des concentrateurs varient en fonction de la masse accumulée... —Et la jauge nous permet de surveiller les flux, poursuivit-elle, j'ai compris. Il acquiesça une fois de plus d'un hochement de tête avec un petit sourire qui révélait de la fierté. —C'est exact Emma ! C'est une technologie extrêmement minutieuse qui n'est utilisée qu'à des fins exceptionnelles. Tu vois la jauge ? Si par malheur elle se vide, elle ne pourra plus entretenir l'objet en question. Emma fit un claquement de langue. Impressionnée, c'était peu de le dire. —Incroyable ! Que peut faire un outil pareil au milieu de nulle part ?! —Ne m'en parle pas ! Il couvrit son menton de sa main, l'expression subitement grave alors qu'il traitait encore cette découverte presque invraisemblable. —J'y crois pas ! Seuls les services spécialisés sont autorisés à les mettre en usage, je ne parle même pas de leur valeur, elles sont hors de prix. Tu avais raison du coup. Dans d'autres circonstances, elle aurait sauté de joie et chanté des louanges mais un profond malaise vint s'enfouir férocement en elle, le genre de malaise qui vous met en garde. —Chéri, je pense que... Le genre de malaise qui vous fait craindre pour vos vies —Je contacte tout de suite les autorités ! Avisa-t-il d'un accord tacite. «Je pourrais bien informer les services spécialisés mais je n'ai pas assez de preuve pour aboutir à cette conclusion... Celle que...» Emma acquiesca avec un grand soulagement —Bonne idée ! Oui, il valait mieux car malgré le gain alléchant qui pouvait en résulter de cette situation, le contexte ne le permettait pas. Cette affaire était louche dans tous les sens du terme. —Le périmètre est sécurisé ? S'enquit ce dernier tapant déjà le numéro en urgence —Je pense que oui. Hier marquait la fin de l'expédition, plus personne n'est autorisée à traverser la zone. Mais j'y pense, l'expédition n'a duré que 2 jours... Si c'est le cas alors comment ?... —Rien de très surprenant, sûrement bien avant le début de l'exploration. Ce genre de lieu est souvent enclin à la clandestinité, dans ce cas, il faut être très rusé. Répondit l'homme qui y avait déjà pensé, un filet de sueur, non dû à la chaleur, coula de son front jusqu'à sa mâchoire. «Il y'a une raison pour laquelle cette forêt est interdite au grand public. C'est une zone protégée qui regorge d'une flore exceptionnelle et très variée pouvant être d'une incroyable vertue ou d'une extrême mortalité, la faune est assez pauvre et malheureusement c'est aussi dans cette vaste étendue de végétation qu'on a relaté plusieurs faits troublants qui se terminaient parfois en tragédie. Pour les habitants eux-mêmes, certains sujets restent tabou, apparemment la forêt serait en elle-même sacrée d'où son surnom. Avoir accès à un pass spécial est primordial si on ne veut pas se mettre à dos toutes sortes de problèmes... Notre pass a une validité de 5 jours et nous en sommes au 3e sauf que l'exploration s'est achevée hier. Qu'est-ce que cela signifie ? Nous n'avons pas reçu de nouvelles comme quoi notre programme chevauchait avec d'autres institutions... Eh bien ! Cette affaire est encore plus compliquée qu'il n'y paraît...» Songea-t-il avec perplexité quand l'instant d'après, des hurlements de terreur, ceux d'un homme, firent écho dans la forêt, c'était un cri empli d'angoisse et de désespoir. "AAAAHHHH!!!" Les deux sursautèrent et se figèrent de stupeur. —MON DIEU ! Karl...Q... Qu'est-ce que c'était ? Bredouilla la jeune femme en regardant de gauche à droite, se mettant à hyperventiler. —Des hurlements... On dirait que c'est assez proche, de quelques mètres environ... Karl baissa lentement le téléphone qu'il avait porté à son oreille et scruta les environs à la recherche d'un quelconque signe de danger. Sa femme s'agrippait désespérément à lui —Qu'est-ce qu'on fait encore ici ? Allons-y ! —O..oui, prononça-t-il toujours aux aguets, revenons sur nos pas ! Allez chérie, respire ! Ça ira... Elle prit une profonde respiration et essaya de reprendre son calme mais c'était un peu difficile pour la jeune femme qui imaginait toutes sortes de scénarios. Ce hurlement épouvantable hantait encore son esprit. —As-tu contacté les autorités ? S'enquit-elle se laissant trainer à pas de course par son mari —Non, mais éloignons d'abord le plus vite possible Ils revinrent sur leur pas et accélèraient sur les sentiers sinueux et accidentels de la forêt, leur mode survie était activé alors qu'ils fuyaient un danger invisible. —Je me sens vraiment mal pour cet homme, tu... tu penses qu'il lui est arrivé quelque chose de grave ? —J'ai un doute là dessus mais mettons-nous à l'abri si on ne veut pas subir le même sort Elle hoqueta, ne voulant pas croire que tout ça était vraiment en train d'arriver —Le même sort ? C'est absurde ! A ce que je sache il n'y a pas de bêtes féroces ici, il a peut-être dû trébucher d'un arbre, s'est cassé une jambe...et a peut-être besoin d'assistance... Elle murmura cette dernière partie puis marmonna des choses parfois inaudibles et inintelligibles L'homme serra encore plus fort la main de sa femme en pleine divagation, voulant la rassurer à tout prix mais en même temps, il ne voulait se faire d'illusion. —Tu le penses vraiment ? Ce cri... Non, j'ai un mauvais présentiment et crois-le ou non j'ai peut-être un doute sur la situation actuelle et... Sa mâchoire trembla et il serra ses dents pour stopper le frémissement. —Nous devons nous en sortir au plus vite, conclut-il entre deux halètements. —Mon chéri, tu me fais peur... Que veux-tu dire par là ? Le feuillage des buissons crépitaient au passage du vent, l'atmosphère devint de plus en plus étouffante et l'adrénaline était décuplée alors qu'ils filèrent entre les arbres robustes de cette forêt puis tout à coup, l'homme ralenti peu à peu sa course jusqu'à s'arrêter. —Pourquoi tu t'arrêtes ? Nous sommes presque là, dit sa femme essoufflée en indiquant la piste menant à la sortie de la forêt d'une main puis serrant la sienne pour l'entraîner. Mais Karl ne bougea pas. —Toi... Vas-y... Il murmura cette partie de sorte qu'elle crut avoir mal entendu alors il répéta un peu plus fort. Et en quelques minutes, elle fut submergée d'une montagne d'émotions. Déni —Q...quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Nous sommes censés nous en sortir à deux et demander de l'aide, toi même tu l'as dit —Oui mais je me sens coupable... Rage —Là je t'arrêtes tout de suite ! Ça devient complètement absurde. Tu veux jouer les héros maintenant ? Ce n'est vraiment pas le moment Karl et tu le sais ! Panique —Emma... Une fois de plus, elle paniqua en voyant son hésitation et enfin... Tristesse —S... S'il-te-plaît chéri, allons-y d'accord ? Tu... Tu n'as pas le droit de m'abandonner tu m'entends ? —Tu divagues, je ne t'abandonne pas d'accord ? Je reviendrai juste après m'être assuré que ce n'est pas ce que je pense Là, elle n'en pouvait plus. C'était plus qu'absurde. C'était... Suicidaire, complètement suicidaire. Le danger était bien présent là bas au cœur de la forêt et lui il veut... Mais pour qui il se prend ? —Et à quoi tu penses hein ? Tu crois que ça vaut la peine de risquer ta vie ? Hurla-t-elle hystérique. Pour qui il se prend pour l'abandonner et la laisser toute seule ? —Personne n'a parlé de risquer sa vie. Maintenant vas-y ! Dit-il fermement, Demande de l'aide aux premiers venus mais va-t-en le plus loin possible d'ici ! Elle ne bougea pas et l'implora les yeux larmoyants et le cœur abattu —Karl... Je... Vraiment, je ne peux pas... faire ça... Les larmes brouillèrent sa vision et son regard se perdit dans le vide quand tout à coup son corps fut pris de violents spasmes, ses yeux s'exhorbitèrent devant la scène qu'elle avait en face d'elle —Hé Emma! Que t'arrive-t-il ? S'inquiéta Karl. Emma leva un doigt tremblant —L... Là... D... Derrière toi... C'est... Il... Balbutia la jeune femme au bord de l'évanouissement, c'en était trop pour elle Piqué au vif, mais sans toute fois exercer de geste brusque, Karl se retourna et vit avec effroi l'ombre qui se tenait à quelques mètres d'eux, se faufilant d'entre les buissons. C'était bref mais comme elle, il sait ce qu'il a vu. Il lui fit face et tint avec precaution ses deux bras, maintenant le contact visuel. La jeune femme retint un sanglot et semblait épuisée mentalement —Emma, souffla Karl les traits de son visage adoucis, je t'interdis de culpabiliser d'accord ? ... «C'est déjà le fichu cas» —Sache que ce n'est pas de ta faute, tu ne pouvais pas le savoir et heureusement que je suis là, je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu t'étais retrouvée seule dans cette situation Et avec tout l'amour qu'il pouvait rassembler il plaça une bise sur son front puis rejoignirent leurs lèvres dans une passion désespérée. ••• Ses pieds l'ont propulsé au-delà de ses capacités, l'adrénaline pompait son corps et alimentait ses muscles. Ses poumons étaient en feu, l'oxygène manquait malgré ses séries de profonde respiration, et tout ça fit bientôt effet. «Ça fait bientôt une demi-heure que je cours sur cette route, pourquoi je n'ai encore rencontré personne ? C'est un cauchemar ! Je n'en plus... je vais... » D'un faux pas, ses pieds se dérobèrent et elle trébucha. Le cœur déjà lourd et attristé, elle n'arrivait plus à puiser en elle la force de se relever. Elle s'abandonna à la fatigue, préférant errer une dernière fois dans ses pensées. Un seul visage lui vint en esprit alors que tout était absorbé dans le noir.
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