ROAD of FATE (en pause)

Chapitre 6

Un Ethan plus jeune serrait le poing, ses jointures presque blanches alors que sa forme tremblait. Des gouttes salés inondaient son visage bouffi et terminèrent leur course sur ses sandales. Sa vision était brouillée alors qu'il refusait de reconnaître le flot d'émotions qui le submergeait. C'était la première fois qu'il se laissait autant oppressé par un sentiment de naufrage, qui était même plus néfaste que sa perte de mémoire en elle-même.

"Pourquoi pensent-ils ainsi ? Pourquoi ne voient-ils pas ? Pourquoi méprisent-ils sans raison ?... Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Nous sommes tous humains, pas vrai ? Alors pourquoi ?"

"Est-ce pour ça que tu les déteste ?" vint la question de Nadia alors qu'elle se tenait accroupie devant sa forme frissonnante.

•••

Dans le présent, ses poings camouflés dans ses poches se resserrèrent encore plus dû à la vague de souvenirs puis il les relâcha. Au final, tout ça en valait-il la peine ? Il en conclut que non.

- En fait, je n'ai rien à ajouter, déclara-t-il après un long soupir, peu importe qui je suis mon avis n'a que peu d'importance.

"Quand le présent te trouble en un point où tu te sens perdu, tu peux toujours regarder vers l'avenir" avait dit Nadia.

- J'essayais juste de ne pas porter de jugement car pour moi tous les Holders ne sont pas tous pareils. J'estime que chacun a le droit d'avoir sa propre vision des choses alors nous sommes quittes.

A ce stade, la discussion devrait être close mais Rick lui n'en avait pas encore fini, il sourcilla alors qu'il vit l'expression de l'adolescent passée d'une marque d'indifférence à de la mélancolie et il comptait bien tiré cela au clair.

-Tsk ! Ton point est ?

Ethan cligna des yeux, bien qu'il était troublé, il demeura impassible. Pourquoi voudrait-il entendre quelqu'un qui prenait ouvertement la défense des Holders ? Et si tout ça se terminait mal, que diront Nadia et le vieux ? Il s'était promis de...

Il lâcha un énième soupir retenu et avant qu'il ne le sache ses lèvres se séparèrent

- Cela vous semble juste mais ça ne l'est pas ! Vous leur traitez de fléaux de la société, répliqua-t-il avec une assurance renouvelée en jetant un coup d'œil indifférent en direction des autres adultes, mais paraissez avoir oublié qu'ils ont pour la plupart sacrifier leurs vies dans la lutte contre les Léviathans notre ultime menace, et ceci pour la protection des habitants, ils le faisaient aussi pour rendre service à l'État ?

Ses mots sortirent plus durement qu'il ne l'a voulut et aucun regret là-dessus.

- Supposons que tu as raison..., rétorqua Rick quelque peu surpris des propos de ce gars, un adolescent qui plus est.

« Ce gosse a du répondant ! Et il a l'air d'être encore au lycée. Je suppose que je ferais mieux de faire attention à mes réponses» réfléchit-il avant de poursuivre

- Dans notre contexte et pour aller dans le même sens que ton raisonnement, il ne faudrait pas oublier que malgré ton utilité dans la société, il y'a certaines règles qu'il ne faut pas briser sinon tu es considéré comme un paria peu importe tes exploits passés. Les Holders eux ont brisé ces règles, la solution peut être en elle-même toute simple mais personne ne veut admettre avoir tort. Entre des humains ordinaires et des surhumains, qui devrait faire le premier pas ?

Rick prit quelques secondes pour l'observer, même s'il était certain de ne pas recevoir de réponse

- Je vais t'aider à répondre : la fichue race en cause, poursuivit-il d'une voix basse et grave.

C'était un argument de poids, Ethan le concède sauf qu'il n'avait pas encore dit son dernier mot et eux non plus d'ailleurs

- Hé ! Pourquoi il s'agite ce gosse ? C'est un fait pourtant, tu l'as vu comme nous aux infos n'est-ce pas ?! En tant que ordinaire, j'ai rien à me reprocher, c'est nous qui subissons le plus de dégâts ici

- De surcroît, nous protéger contre les Léviathans, c'est un peu leur rôle non ? Rick, t'avait totalement raison du coup.

- T'es pas un peu jeune pour t'intéresser à ce genre de discussion ? Demanda tout bêtement le dernier. Non mais à ton âge on devrait plutôt s'intéresser à des films ou jeux vidéos et non à la politiq...

Fallait vraiment qu'ils se la ramènent ceux-là, Ethan avait même fini par oublier leur présence.

- Fermez-là ! Grogna Rick, J'vous rappelle que nous sommes dans un pays libre, gosse ou pas, il a le droit de donner son avis.

Et ils se tuent.

«Gosse»

Ethan une fois de plus serra fermement le poing à cette désignation, et se rappela encore pourquoi cette discussion hautement 'politique' en plein milieu de la rue avait commencé, de surcroît, il se sentait de plus en plus ennuyé et puis mince quelle heure est-il ? Encore un peu, il sera vraiment à la bourre et tout ça à cause de quoi ?

Maintenant, il dégage d'ici pour de vrai cette fois, d'ailleurs, il pourrait bien aussi clôturer avec cette phrase qu'il a entendu de son papy, au moins pour leur faire part d'un peu de sagesse.

- Vouloir apaiser sa conscience dans le déni tout en sachant ce qui est vrai est une chose mais ne pas avoir la capacité de voir plus loin que le bout de son nez en est une autre. Le premier est un hypocrite et le deuxième un idiot.

Puis sans attendre leurs avis, il se détourna et ajouta :

- Ma pensée est que chaque être vivant peut décider de lutter en fonction de la voie qu'il a choisi, même si rien ne peut parfois justifier certaines actions. Holder ou ordinaire, nous dépendons l'un de l'autre.

C'est sur ces mots qu'il fila à travers le passage pieton en s'écriant d'une voix ludique à leur grande surprise :

-Bref, Je dois tailler, c'était sympa mais tout ça m'a fait perdre un temps précieux. Ciao les rageux !

Puis il continua sa course effrénée de l'autre côté de la route. Nul ne doute qu'il laissa derrière lui quatres têtes ahuris avec quelques cerveaux un peu lent à traiter

-Je rêve où il vient de nous traiter de rageux ce fichu gosse de malheur !

-Non tu ne rêves pas...

-Si je le croise quelque part, il va m'entendre ! Non mais oh! Et le respect des aînés alors

-Parle moi de ça ! Mais il y'a quand-même de quoi se remettre en question après son speech

-Hé ! Raconte pas n'importe quoi ! C'est juste qu'il prend ses rêves pour des réalités, il verra bientôt dans quel monde nous vivons et je pense qu'il changera d'avis bien assez tôt. Qu'est-ce t'en penses Rick ?... Euh Rick ?

Ils se fixèrent brièvement entre eux puis leur regard hautement surpris convergèrent vers Rick, les bras croisés, alors qu'il émanait de lui une aura lugubre. Ne sachant pas trop à quoi s'attendre, ils haussèrent des épaules. Mais qu'elle ne fût pas leur surprise lorsqu'il émit un ricanement rauque avant d'afficher un sourire féroce

- Plutôt intéressant ce p'tit gars ! Vous ne trouvez pas ?! Dit-il subitement mais à personne en particulier. Apparemment, il y'a encore des humains sur cette terre qui ont foi aux Holders si ce n'est pas de la belle époque ça, ajouta-t-il avec un sourire sans humour.

Point d'interrogation sur trois têtes d'idiots.

- Ah...euh... Ouais, si tu le dis

Avec ce genre de mec, faudra peut-être éviter d'être de son mauvais côté, se dirent-ils.

Pour Rick, c'était sûr et certain qu'il le reverrait bien assez tôt, cette ville n'est pas si grande après tout.

•••

"Avenir ?" Un Ethan avec quelques années en moins regarda la jeune fille au devant de lui avec de yeux curieux.

"Oui" Nadia arbora un doux sourire "il te suffit de projeter dans ton esprit ce que tu aimerais voir se concrétiser dans les temps à venir et te laisser guider par ton cœur. Des choix difficiles tu en auras toujours mais ne te laisse pas abattre quand tout va mal. Une chose que j'ai apprise de lui, c'est le fait que toi et toi seul est le véritable maître de ton destin."

•••

Province du SUD_ localité de SHERWOOD _ 12PM

- T'es sûre que c'est là ? Demanda un adolescent alors qu'il fixait l'enseigne de l'établissement située à quelques mètres plus loin avec beaucoup de scepticisme. Son interlocuteur prenait plutôt mal cette question, si le regard acéré à son adresse était un signe palpable.

- Pourquoi cette stupide question ? Si je te le dis alors c'est le fichu cas.

Le premier paraissait perturbé de sa remarque acerbe, son regard était fuyant et il gratta sa joue gauche avec l'ongle de son index.

- D... D'accord je m'excuse... Je ne voulais pas te contredire mais c'est juste que... Dit-il avec hésitation.

- Quoi ? Parle ! On n'a pas assez de temps devant nous ! Ordonna-t-il furieusement, les yeux scrutant furtivement les alentours.

Il déglutit par réflexe alors qu'il lui lançait un coup d'œil prudent.

– C'est un lieu public qui est très fréquenté... Ce n'est pas... Je veux dire... c'est pas risqué de... ?

– Je me reprends, je préfère ne pas gaspiller ma salive pour t'expliquer quoi que ce soit ! Écoutes si tu es ici, c'est pour un but précis alors applique-toi à ta tâche, c'est clair ?

Il hocha la tête, l'humeur sombre tandis que l'autre sourit d'un air méprisant.

– Je te préviens si tout est foutu en l'air tu y passeras le premier, j'écraserais sans pitié mon poing sur ta p'tite cervelle de geek !

Il accompagna sa voix menaçante avec un craquement de ces jointures puis entama la marche. Tandis qu'il s'éloignait, il ajouta d'un ton encore plus sinistre, le sourire carnassier alors qu'il se délectait à la pensée de ce qu'il évoqua.

– Derrière cette porte se trouve mon pire ennemi... Cette journée ne doit pas passer sans que ce chien ne me l***e les bottes pour que je lui epargne sa misérable vie.

Littéralement pétrifié, ses yeux s'exorbitaient devant la manifestation d'une telle cruauté vraiment sans appel. Le pire, c'est qu'il ne s'agissait pas de parole en l'air. C'est officiel, il est complètement foutu_ faute de meilleurs mots.

Etant donné qu'il est impossible de faire marche arrière, il avait juste envie se camoufler dans un coin afin de se morfondre sur son sort et ce même pour quelques secondes.

« Je suis dans la mouise ! C'est pire que ce que je m'imaginais (déglutit) Je... Je ne veux pas être complice de meurtre. »

– Hé ! Ramène-toi le morveux ! Aboya le bourreau aux instincts meurtriers à quelques mètres de lui.

A contre cœur, il se redressa précipitamment et le rejoignit d'un pas mal assuré. C'est le moment de mettre à exécution le plan, tout en espérant juste qu'il n'y ait pas mort d'homme, en commençant par lui.