Rester calme

2679 Words
Diana se lève de bonne heure, elle commence très tôt aujourd'hui. Elle ne regrette pas d'avoir fait sa crise d'effondrement devant William, il devait le savoir pour mieux la comprendre. Il est déjà partit avant son réveil, elle se souvient de son bisou sur le front en quittant la chambre, il n'avait pas fait de bruit. Walter le chaton du jeune homme était chez sa grand mère, Diana craignait qu'en grandissant sa relation avec Merlin se détériore car ce dernier était très dominant. Il lui avait laissé quelques temps pendant les fêtes car il n'avait pas beaucoup de temps mais sa grand mère, qui était donc la bénéficiaire de Diana avait finalement adoré avoir cette boule de poils avec elle. Son petit fils lui avait donc laissé un peu à contre coeur, heureusement il allait souvent voir sa "granny". Et justement aujourd'hui elle doit aller en intervention chez elle. Comme tout les mardi après midi, ce matin elle doit aller chez une nouvelle personne. Elle ne sait pas trop où est le village car c'est plus un lieu dit. C'est une ferme vers le village de Saint Paul des Landes. Elle prend son petit déjeuner et file se maquiller les yeux. Elle cache quelques petits boutons avec du fond de teint, en maudissant ses rêgles. Elle s'habille avec un jean moulant, il ne lui reste plus beaucoup de vétements car le linge sèche moins vite en cette saison. Mais c'est un jean, c'est confortable et puis parfois se sentir féminine sous sa blouse de travail lui fait du bien car à faire des métiers difficiles et parfois salissant, dégradant et à faire passer les gens en premier on peut s'oublier sois même. Elle prend un t-shirt noir à manche longue à col v pas trop décolleté. Elle attache ses cheveux cuivré et tente d'ordonner ses quelques mèches rebelles qui ne veulent pas rester attachées. Un peu de parfum et elle est prête. La route est plutôt bonne. En suivant scrupuleusement les indications données sur son portable professionelle,ou se trouve son planning, les informations sur les bénéficiaires et sa messagerie, elle arrive sans encombres. C'est une ferme traditionnelle comme il y en a beaucoup ici. Des grands bâtiments moderne, abritant des tracteurs et des vaches Salers, côtoient une bâtisse, toute en pierre comme sa petite maison, un grand portail blanc délimite tout l'espace "habitation". En le passant Diana voit un poulailler, un chenil avec deux chiens de chasses et un potager. La maison, est très grande contrairement à la sienne...Elle sait que sa nouvelle bénéficiaire, qui s'appelle Eugénie, a Soixante dix ans et vit avec son mari et deux de ses fils qui travaillent à l'exploitation avec leu père. Plus jeune que son épouse, il a soixante huit ans et l'aîné de leurs fils à cinquante ans, le second quarante huit. Madame Montpessein a besoin de ses services car elle a de plus en plus mal au dos et le décès prématuré de son unique petite fille qui c'est suicidée il y a quelques mois n'arrange rien... Elle toque à la porte et entre en attendant une voix féminine mais tremblotante, l'y inviter. Elle se déchausse dans le sas qui sent une odeur de vache, met ses chaussons et pénètre dans une grande pièce, un "cantou" immense, avec un feu au sol et une gazinière à bois se trouve dans le fond. Sur le côté du foyer ou se trouve le feu, deux fauteuil sont posés avec une petite table basse recouverte de papier et magazines. Au centre, il y a une grande table qui est entourée par deux bancs et au bout une chaise...surement la place du chef de famille..Sa bénéficiaire est assise dans un des fauteuils, les cheveux gris en chignon, des lunettes, un châle sur les épaules elle semble minuscule : "Bonjour, vous allez bien ? - bonjour, oui très bien merci - la route c'est bien passée ? vous êtes Diana c'est ça ? - oui pas de soucis, oui c'est moi - on m'a dit au téléphone que se serait vous qui viendrez tout le temps normalement. - oui sauf cas particulier bien sur, mais j'ai assez eu d'arrêt ces derniers temps j'espère ne pas en avoir d'autre cette année. - vous avez l'air gentille, je suis contente qu'ils aient pu m'envoyer quelqu'un si rapidement j'en ai bien besoin..vous venez de loin? - du côté de Senhiles, de Lafeuillade - ça fait un peu de route quand même - ça va ça roule bien, vous voulez que je fasse quoi ? - la vaisselle pour commencer mais vous ne voulez pas un café avant ? - ho..non merci pas de suite en tout cas mais tout à l'heure peut être car j'ai déjeuné avant de partir. - d'accord, ça vous fera faire une pause comme ça, je ne suis pas très maniaque et ça nous feras l'occasion de discuter, venez je vous montre pour la vaisselle." Elle ne c'était pas pas trompée, la dame était un peu plus petite qu'elle et plus maigre, elle semble user par la vie, le temps, la rudesse du travail et le chagrin l'on marqué. Mais elle est quand même souriante et gentille. Elle pénètre dans ce qu'on appelle dans la région "la souillarde", une petite pièce qui sert souvent de cuisine avec un point d'eau où on faisait la vaisselle à l'époque. elle voit un grand évier avec beaucoup de vaisselles à côté ... la maîtresse de maison sort deux bassines : " dans la carré je lave et dans la ronde je rince - d'accord - ha et ça va peut être vous surprendre mais je met toujours un peu de javel dans la carré pour laver .. - ça ne m'étonne pas plus que ça - c'est juste quelques gouttes bien sur, je vendrais vous dire pour ranger - je me débrouillerais bien ne vous inquiétez pas - je vous laisse alors je suis pas loin je vais dans ma chambre à l'étage préparer les draps qui seront à changer - très bien, pas de soucis." Diana commence à prendre l'éponge, elle entend sa nouvelle bénéficiaire parler à un homme en sortant de la pièce mais elle ne fait pas attention à leur discussions et ils sont trop loin même pour ses super oreilles de renard. elle tourne la tête en entendant l'homme la salué quelques instants plus tard, ça doit être un des fils, assez grand, brun avec les cheveux un peu ondulé, les yeux marrons et la peau tanné à force d'être à l'extérieur, il semble gentil voir même un peu timide bien qu'il est une voie un peu bourrue : " bonjour, vous avez fait bonne route ? - bonjour, oui merci - ma mère m'a dit que vous veniez de Senhiles ? - oui c'est ça - j'espère que l'essence vous ai remboursé - oui un peu heureusement vu les prix - ho oui..tou a augmenté ... je vous laisse travailler..à tout à l'heure peut être - merci, à tout à l'heure" Diana fait attention à la vaisselle, elle a toujours peur de casser quelque chose...elle n'a pas de gants et regrette un peu de ne pas en avoir pris à cause de la javel, ça lui fait toujours les mains sèches...il faudra penser à en acheter des jetables...elle n'aime pas mettre les gants de ménage épais car elle ne peut pas ressentir avec ses doigts les objets, elle est de nature maladroite et les gants trop épais la gêne, elle préfère les gants jetable qui sont plus fin. Le feu crépite dans le cantou à côté et la maison est silencieuse, c'est reposant. Elle entend son téléphone vibrer , elle sèche ses mains sur sa blouse et regarde si c'est important, c'est un smiley renard de William son premier de la journée. Elle sourit et remet le portable dans sa poche. la jeune fille repense aux beaux yeux de son amoureux. Elle a hâte de le revoir , peut être chez sa grand mère tout à l'heure si il n'est pas occupé. Depuis quelques temps il se laissait pousser la barbe parfois, ça lui allait divinement bien...elle le trouvait encore plus sexy et plus mature...ça le faisait paraître plus sévère mais pour un lieutenant de police ce n'est pas un mauvais défaut...Perdue dans ses pensées, elle termine rapidement sa tâche, le temps passe plus vite quand on a l'esprit occupé... elle sèche ses mains et essuie la vaisselle, elle range au fur et à mesures en fouillant un peu les placards voir si elle voit des objets similaires à ceux qu'elle a lavé. Madame Montpessein redescent au moment ou elle finit de ranger la dernière assiette : " vous avez trouvé ou tout se ranger ? - oui, tout est à sa place - parfait, on va aller changer les draps dans ma chambre et ensuite je vous demanderais d'éplucher quelques légumes - d'accord je vous suis" les deux femmes montent dans la chambre, elle est grande, il y a un grand lit et une coiffeuse et possède une salle de bain attenante et une autre petite pièce avec une table un fauteuil et des placards. Tout est dans les tons de vieux rose, ça donne une atmosphère douce et chic, des petits bibelots en porcelaines et des vases avec des fleurs sont posés sur des étagères, il y a des lunettes et un livre sur la table de nuit : " voila ma chambre, mon mari dort dans une autre pièce pour me laisser me reposer sinon il me réveiller en se levant pour la traite - d'accord, c'est gentil - j'ai enlevé les draps je vous laisse remettre les nouveaux je m'assoit un peu - oui pas de soucis" Diana prend soin de tapoter les oreillers pour les gonfler et de ne pas trop border le lit. Elle lisse également le couvre lit pour que se soit impeccable. La dame semble ravie. Elle voit sur sa coiffeuse la photo d'une jeune fille qui semble guère plus âgée qu'elle, blonde, souriante ...surement sa petite fille décédée... : " c'est ma petite fille...Elodie...elle nous a quitté il y a quatre mois" La grand mère caresse tristement la cadre : " elle avait vingt trois ans...on ne sait pas pourquoi elle a fait ça...désolée de vous ennuyer avec de si tristes paroles - vous ne m'ennuyez pas du tout, je sais ce qu'on ressent j'ai perdue ma grande soeur il y a quelques années - ho... - j'y pense encore souvent mais c'est moins dur qu'au début - c'était ma seule petite fille, mes autres fils n'ont pas d'enfants et son père est partie à Paris après son décès on ne sait pas trop pourquoi il ne veut plus trop venir ici.. - certaines personnes ont besoin d'être seule pour traverser ça, il ne travaillait pas ici avec vous ? - ho non..il n'a jamais aimé ça depuis gamin il voulait être cuisinier dans des grands restaurant ... - ha oui en effet...à Paris ce n'est pas ce qu'il manque - oui il a une bonne place, il est second mais il avait trouvé une place de chef ici...enfin il m'appelle bien des fois mais j'ai l'impression d'avoir perdu deux personnes à la fois ... - je comprend... - mes deux autres sont gentils, ils m'aident volontiers ce sont de bons garçons mais ils ont du travail aussi alors ils ne peuvent pas non plus tout faire à ma place. - oui j'imagine - maintenant que vous êtes là vous allez me soulager ce sera plus simple - oui et puis vous pourrez vous reposer je suis là pour ça." Les deux femmes se sourient, elle redescendent et Eugènie montre à sa jeune aide à domicile où se trouve les légumes à éplucher et lui explique ce qu'elle veut. Diana commence sa nouvelle tâche pendant que sa bénéficiaire s'installe devant le feu. Elle fait attention à ne pas se couper car il n'y a pas d'économe pour faire les épluchures mais un petit couteau...Concentrée, la jeune femme sursaute en entendant la porte claquée, des pas lourds et une voix forte se font entendre mais elle ne voit pas la personne car il arrive par un autre côté de la maison mais il ne semble pas très sympathique : " Encore dans ton fauteuil ! Si c'est pas malheureux de voir ça..." la femme lui répond d'un ton triste : " je me suis occupée de ta chambre, je me repose un peu pendant que la petite épluche les légumes pour ce soir - je te prévient t'as intérêt à être plus active la maison va pas tourner toute seule ! on a assez de boulot avec la ferme ! la vie continue j'ai été patient je t'ai laissé pleurer la gamine un moment maintenant faut se remuer !" Diana n'en croit pas ses oreilles...l'homme marmonne encore un moment et finit par venir la voir mais pas pour la saluer aussi gentiment que son fils...pas de bonjour mais un sifflement qui ferait rappliquer un chien plus vite que son ombre: " c'est vous la bonne ? - Bonjour, je suis l'assistante de vie oui .." Au temps pour certaines personnes le mot bonne n'était pas péjoratif car de leur temps avoir une bonne chez sois était chose courante et beaucoup en ont des bons souvenirs de la bonne qui faisait des bons plats ou qui jouait avec les enfants...mais dans la bouche de cet homme Diana se doutait que c'était pas très sympas...: "il était temps qu'une femme vienne nous faire le ménage...vous avez l'air plus dégourdie que ma femme c'est déjà ça... " elle sent le regard de Monsieur Montpessein parcourir son corps de haut en bas, il cherche à deviner ses formes sous sa blouse, il renifle bruyamment...le fait de se sentir observée stresse la jeune fille, elle n'ose même pas le regarder...il est trapu, les cheveux grisonnant rasé très court, une barbe poivre et sel fraichement rasée, ses yeux sont noirs et son regard vicieux et méprisant. Il n'est pas gros mais à une forte carrure. Elle se sent mal à l'aise surtout qu'il se dégage de lui des relents de transpiration, d'alcool et de vaches. il s'approche d'elle comme pour mieux l'intimider : " j'espère que vous saurez vous rendre utile...ça va que vous êtes mignonne...ça fait du bien de voir des jolies choses de temps en temps..." Diana reste stoïque, ne pas rentrer dans son jeux...ni l'insulter...elle respire calmement, déglutit et sourit : " je fait bien mon travail ...du moment qu'on ne vient pas m'embêter ou me manquer de respect..." l'homme reste impassible...après un long moment il se retourne et lui lance une dernière phrase avant de quitter la pièce : " vous avez une jolie bouche...se serait bien qu'elle reste fermée la prochaine fois..." Elle n'a pas le temps de lui répondre mais il est hors de question qu'elle lui obéisse ...elle espère qu'il ne sera pas là tout le temps...le sexisme est monnaie courante dans le métier mais elle n'avait jamais eu un cas aussi extrême ... enfin..il faut une première à tout...elle se demande si elle doit en parler à William...elle réfléchit un moment et se dit qu'elle ne va pas se gâcher la journée par un gros con... la dame est gentille et avec un mari comme ça elle mérite bien qu'on l'aide quelques heures... Elle finit sa tâche et prend le temps de papoter autour d'un café avec sa bénéficiaire qui ne parle pas de son époux. Son second fils vient la saluer et discuter un peu avec elles. Il est aussi sympathique que son frère, il embrasse tendrement sa maman et part peu de temps avant Diana qui a finit sa première intervention de la journée... entre soulagement et sensations étranges elle monte dans sa voiture et part rapidement en voyant que l'homme l'observe de loin avec un sourire malsain... les premières impressions sont souvent les bonnes mais elle espère que ce n'est pas le cas cette fois...: "Allez ! ça c'est bien passé quand même.." se dit elle à voix haute...
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