Peter :
Après une nuit sans sommeil, où chaque pensée était tournée vers Clara, je sentais une nouvelle détermination me gagner. Je ne pouvais plus rester dans cette incertitude, à me demander pourquoi elle m’évitait, pourquoi elle semblait m’effacer de sa vie. Chaque regard détourné, chaque silence de sa part était comme une lame invisible qui me transperçait le cœur. C’était devenu insupportable. Il fallait que je la voie, que je comprenne ce qui s’était passé. Je ne pouvais plus rester dans le flou.
Je décidai d’aller la trouver là où elle ne pourrait pas fuir : son travail. J’avais besoin de la confronter, de mettre les choses au clair, même si cela signifiait créer un malaise. Mon esprit était en ébullition, plein de questions et d’inquiétudes. Pourquoi ce soudain changement d’attitude ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Tout cela tournait dans ma tête alors que je me dirigeais vers le café où elle travaillait.
Quand j’arrivai, je pris place à une table près de l’entrée, là où je pourrais la voir dès qu’elle sortirait de la cuisine. Mon cœur battait à un rythme effréné, mais je savais que c’était maintenant ou jamais. Je devais comprendre ce qui se passait. J’avais besoin de réponses. La salle était animée, des clients allaient et venaient, mais je ne voyais qu’elle. Elle, la seule personne qui comptait à cet instant.
Clara apparut enfin, son plateau à la main. Quand elle posa les yeux sur moi, son visage changea instantanément. Sa panique était palpable, presque contagieuse. Je levai la main pour l’appeler, mais elle fit demi-tour si vite que c’en était presque comique, disparaissant derrière la porte de la salle de repos des employés. Un mélange de douleur et de frustration monta en moi. Pourquoi me fuyait-elle ainsi ? Qu’avais-je fait pour mériter cette distance glaciale ?
Clara :
Quand je l’aperçus, mon cœur manqua un battement. Que faisait-il ici ? Je n’étais pas prête à lui parler, à l’affronter. Mon esprit s’emballa, cherchant une issue, une excuse. Pourquoi devait-il apparaître maintenant, alors que je m’efforçais de tout oublier, de me concentrer sur ce qui importait vraiment ? Sans réfléchir, je me réfugiai dans la salle de repos, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. Sa simple présence suffisait à me déstabiliser, à réveiller des émotions que je tentais désespérément d’enterrer.
Amélie me rejoignit rapidement, les sourcils froncés d’inquiétude. « Clara, qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu t’es enfuie en voyant Peter ? » demanda-t-elle, visiblement perplexe.
Je pris une profonde inspiration, cherchant mes mots. « Est-ce que tu peux me rendre un service, Amélie ? »
Elle hocha la tête, son visage empreint de bienveillance. « Bien sûr, de quoi as-tu besoin ? »
« Peux-tu prendre la commande de Peter ? Je ne veux pas qu’il sache que je travaille ce soir. S’il te demande, dis-lui que je suis partie. »
Amélie hésita, lançant un regard inquiet vers la porte. « Mais pourquoi, Clara ? Qu’est-ce qui se passe entre vous ? »
« Ce n’est rien. Je veux juste qu’il parte. » Ma voix tremblait, trahissant mon trouble intérieur.
Mais avant qu’Amélie ne puisse sortir, la porte s’ouvrit brusquement, et Peter entra dans la salle de repos. Son regard était rempli d’une détermination que je n’avais jamais vue chez lui. Il semblait prêt à tout pour obtenir des réponses. Mon cœur se serra encore plus.
« Peter, qu’est-ce que tu fais ici ? » demandai-je, ma voix résonnant dans la petite pièce. « Cette salle est réservée aux employés, tu n’as pas le droit d’être ici. »
Il haussa un sourcil, une lueur de défi dans les yeux. « Figure-toi que si, j’ai le droit d’être ici. Ce café appartient à mes parents, et je peux entrer et sortir comme bon me semble. »
Je restai sans voix. Je n’avais jamais su que ce café appartenait à sa famille. Une partie de moi se sentit encore plus petite, encore plus insignifiante. Comment une fille comme moi, avec mes moyens modestes, pouvait-elle avoir une place dans le monde de Peter ? « Oh, je… je ne savais pas. D’accord, mais je dois retourner travailler, il y a beaucoup de monde ce soir. »
Je tentai de contourner la situation en prenant la main d’Amélie pour sortir, mais Peter se plaça devant moi, me bloquant le passage. Il posa doucement sa main sur mon bras, un contact qui fit naître des frissons sur ma peau. « Non, Clara. Il faut qu’on parle, toi et moi. »
Peter :
Je la regardai, essayant de maîtriser le tumulte d’émotions qui me submergeait. « Pourquoi tu m’évites ? Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu m’ignores comme ça ? » Je n’avais jamais ressenti ce besoin viscéral d’avoir quelqu’un près de moi, de comprendre pourquoi elle me repoussait.
Amélie, toujours là, observait la scène avec une expression inquiète. « Peter, je ne peux pas te laisser seul avec Clara si elle ne le veut pas. »
« Amélie, s’il te plaît. Je veux juste comprendre ce qui se passe. » Mon regard se tourna vers Clara, cherchant désespérément une explication.
Clara secoua la tête, ses yeux évitant les miens. « Ce n’est pas le moment, Peter. Vraiment. »
« Très bien, parlons ici alors. Dis-moi pourquoi tu t’es éloignée de moi. Qu’est-ce que j’ai fait de travers ? » Mon cœur se serrait à chaque mot, chaque silence de sa part me blessait davantage.
Elle sembla hésiter, puis prit une grande inspiration. « Amélie, tu peux nous laisser, s’il te plaît ? »
Amélie me lança un dernier regard, hésitant. « Tu es sûre ? »
Clara hocha la tête. « Oui, il faut qu’on parle. »
Amélie sortit, nous laissant seuls. Le silence qui suivit était lourd, presque oppressant. Je sentais que quelque chose de crucial se jouait en cet instant. Clara prit une profonde inspiration, les yeux baissés.
« Écoute, Peter… je sais que tu es en couple avec Kéllia, et je ne veux pas m’immiscer dans votre relation. Elle est très jalouse, elle ne supporte pas notre amitié. Elle est venue me voir, me menacer… » Elle marqua une pause, sa voix tremblante. « Je ne veux pas être la cause de vos problèmes. »
Je la regardai, choqué. Un rire amer échappa à mes lèvres. « Attends, c’est pour ça que tu t’es éloignée de moi ? Tu penses que Kéllia et moi… ? »
Elle me fixa, perdue. « Oui, pourquoi ? Ta relation avec elle n’est-elle pas importante ? »
Je pris une profonde inspiration, essayant de calmer la colère qui montait en moi. « Clara, écoute-moi bien. Kéllia n’est pas ma petite amie. Elle ne l’a jamais été. C’est une amie d’enfance, rien de plus. »
Son regard se troubla, elle semblait incapable de comprendre. « Mais alors, pourquoi êtes-vous toujours ensemble ? Elle te prend la main, te fait des câlins… »
« C’est juste Kéllia, » dis-je avec un soupir. « Elle est tactile, affectueuse, mais ça ne signifie rien. Entre elle et moi, il n’y a rien de plus que de l’amitié. »
Elle me fixa, la bouche légèrement ouverte, comme si elle essayait d’absorber ce que je venais de dire. « Je… je pensais que… » Sa voix se brisa, et elle détourna le regard, honteuse.
« Clara, tu aurais dû me parler de tout cela. » Je me rapprochai d’elle, la regardant droit dans les yeux. « Tu comptes pour moi, plus que tu ne le penses. J’ai besoin que tu comprennes ça. Si tu as des doutes, viens me voir, parle-moi. Ne me laisse pas dans le noir. »
Elle sembla hésiter, puis elle murmura : « Je suis désolée, Peter. J’ai été stupide. »
Je la pris doucement par les épaules. « Tu n’es pas stupide. Je te pardonne, mais promets-moi une chose : ne t’éloigne plus jamais de moi sans m’en parler d’abord. »
Elle leva les yeux vers moi, ses lèvres s’étirant en un sourire timide. « D’accord. Je te le promets. »
Sans réfléchir, je la pris dans mes bras, sentant son corps se détendre contre le mien. Pendant quelques secondes, le monde extérieur cessa d’exister. Puis, elle se recula légèrement, déposant un b****r léger sur ma joue, un geste simple, mais qui fit naître un tourbillon d’émotions en moi.
« Maintenant, je dois retourner travailler », murmura-t-elle avec un sourire.
Je la laissai partir, le cœur apaisé, sachant que, même si tout n’était pas encore résolu, nous étions sur la bonne voie.