Quelque chose clochait, et cela me rongeait de l’intérieur. Depuis ce jour où j’avais rattrapé Clara avant qu’elle ne chute dans les escaliers, tout avait changé. Il y avait eu un avant et un après cet instant. Elle m’évitait, comme si elle avait décidé de m’effacer de sa vie du jour au lendemain. Elle détournait le regard, s’éloignait dès que j’essayais de m’approcher, et ignorait mes tentatives de la saluer ou de lui parler. Chaque fois que je croisais son regard, elle faisait comme si elle ne m’avait pas vu, comme si cela lui faisait mal de croiser mes yeux. Je ne comprenais pas. Tout semblait bien aller entre nous. Et maintenant, cette distance qu’elle instaurait me tuait à petit feu.
Depuis notre première rencontre au café, il y avait eu quelque chose entre nous que je n’avais jamais ressenti auparavant. Clara dégageait une énergie unique, une combinaison d’assurance et de vulnérabilité, de force et de douceur. Dès le moment où nos regards s’étaient croisés, j’avais su qu’elle n’était pas comme les autres. Elle avait ce quelque chose d’indéfinissable, une lumière qui illuminait son sourire, un éclat dans ses yeux qui la rendait irrésistible. C’était plus qu’une simple attraction physique. C’était comme si nos âmes s’étaient reconnues avant même que nos corps ne se touchent.
Je me souvenais de chaque détail de notre première rencontre au café. Nous avions parlé de tout et de rien, mais chaque mot échangé semblait tissé de quelque chose de plus profond. Elle me parlait de ses rêves, de ses aspirations à faire une différence dans le monde, et je me surprenais à vouloir l’écouter des heures durant. Elle avait cette manière de se perdre dans ses propres pensées, de parler avec une passion si sincère qu’elle en devenait magnétique. J’étais fasciné par elle, par son intelligence, sa détermination, et sa manière de voir la vie.
Mais ce n’était pas seulement sa personnalité qui me captivait. C’était l’alchimie entre nous, cette étincelle invisible qui semblait s’embraser chaque fois que nos regards se croisaient. Quand elle était près de moi, c’était comme si mon corps réagissait instinctivement à sa présence. Je sentais des frissons me parcourir l’échine, et un étrange tourbillon d’émotions me saisissait, comme une vague de chaleur qui m’enveloppait tout entier. Elle avait ce pouvoir de me faire ressentir des papillons dans le ventre, cette sensation que je n’avais pas connue depuis longtemps, comme si chaque rencontre avec elle devenait un moment unique, suspendu dans le temps.
C’était perturbant, presque déstabilisant. Elle me faisait perdre mes repères, et en même temps, je n’avais jamais été aussi sûr de quelque chose. C’était comme si son simple fait d’être là rendait tout plus intense, plus vibrant. Elle avait le pouvoir de rendre l’ordinaire extraordinaire, et même après l’avoir quittée, son effet sur moi persistait. Je pouvais encore ressentir ces frissons, ce frémissement intérieur, longtemps après que nous nous sommes séparés. C’était comme si son empreinte restait gravée en moi, indélébile, impossible à effacer.
Ce jour-là, au café, j’avais ressenti un mélange d’émotions contradictoires. D’un côté, j’étais euphorique à l’idée de passer ce moment avec elle, de la découvrir un peu plus. De l’autre, il y avait cette peur irrationnelle de tout gâcher, de dire ou de faire quelque chose qui briserait cette bulle d’intimité que nous avions créée. Et puis, ce coup de téléphone avait tout interrompu. Kéllia faisait une scène chez moi, hurlant sur les employés parce qu’ils refusaient de lui dire où je me trouvais. Elle était devenue incontrôlable, créant le chaos simplement parce qu’elle ignorait ma localisation. J’avais dû partir précipitamment, laissant Clara avec des explications confuses, un mélange de culpabilité et de frustration. Je n’avais jamais voulu que cette soirée se termine ainsi, mais je n’avais pas eu le choix.
Depuis ce jour où je l’avais rattrapée dans les escaliers, quelque chose s’était brisé. Clara avait pris ses distances, et je n’avais jamais compris pourquoi. Elle continuait à avancer, imperturbable, se concentrant sur ses études, plongée dans ses livres. Elle semblait avoir trouvé un équilibre, une paix que je n’avais pas. Elle continuait à avancer, tandis que moi, je me sentais de plus en plus perdu. J’étais rongé par l’incertitude, hanté par ce qui aurait pu être. Je me demandais si j’avais rêvé, si cette connexion que j’avais ressentie ce jour-là au café n’était qu’une illusion, un fantasme.
Il fallait que je lui parle, que je lui dise ce que je ressentais, que je comprenne pourquoi elle avait pris ses distances. Peut-être que je me faisais des illusions, peut-être que tout cela n’était qu’un mirage, mais je devais en avoir le cœur net. Je devais savoir. Savoir si elle avait ressenti la même chose que moi, si cette attirance, cette alchimie que je croyais entre nous, était réelle ou si j’avais tout imaginé. Je ne pouvais pas rester dans l’incertitude plus longtemps. Chaque jour sans elle était un jour de trop.
Je me levai, errant dans l’obscurité de ma chambre, cherchant des réponses qui ne venaient pas. Clara occupait toutes mes pensées. Elle me hantait, me troublait. Je savais que je devais lui parler, que je ne pouvais plus attendre. Peu importe ce qu’elle dirait, quelle que soit la réponse qu’elle me donnerait, je devais savoir. Savoir pourquoi elle avait pris ses distances, pourquoi elle m’évitait, et si tout cela avait été réel ou si je m’étais fait des illusions.
Je poussai un profond soupir. Cette situation était en train de me rendre fou. Il fallait que je fasse quelque chose, que je la voie, que je lui parle. Il fallait que je sache. Avant qu’il ne soit trop tard.