Clara :
La solitude semblait m’envelopper comme un manteau glacé alors que je m’effondrais sur mon lit, les larmes brûlantes roulant sur mes joues. Le souvenir de notre dispute me hantait, chaque mot échangé résonnant dans ma tête comme une condamnation. Comment en étions-nous arrivés là ? Comment notre amour, autrefois si fort, si lumineux, pouvait-il se transformer en une telle souffrance ?
Je me redressai, le souffle court, le cœur en miettes. La douleur était insupportable, une brûlure incessante qui me consumait de l’intérieur. J’avais l’impression que mon monde s’effondrait, que chaque espoir, chaque rêve que nous avions construits ensemble se désintégrait sous mes yeux. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Tout allait si bien entre nous, et puis, tout à coup, tout s’était effondré.
Je repensai à ses accusations, à la fureur dans ses yeux. Comment avait-il pu croire que je pouvais trahir notre projet ? Que je pouvais lui tourner le dos de cette manière ? Sa colère, son désespoir, tout cela m’avait brisée. J’avais essayé de rester forte, de comprendre ce qu’il traversait, mais ses mots avaient pénétré mes défenses comme des lames tranchantes. Il m’avait accusée, alors que je n’avais rien fait d’autre que de me battre pour nous, pour notre avenir.
Je fermai les yeux, serrant les poings pour contenir les sanglots qui menaçaient de m’étouffer. Ma poitrine me faisait mal, comme si chaque respiration me coûtait un effort immense. Je l’aimais tellement, plus que je n’aurais jamais cru possible. Mais cet amour, ce lien si précieux, semblait se transformer en un poids insupportable, en une chaîne qui m’étranglait.
"Pourquoi, Peter ?" murmurais-je dans le silence de ma chambre, ma voix se brisant sous le poids de ma douleur. "Pourquoi tout doit-il être si compliqué ?" J'avais l'impression d'étouffer sous le poids de toutes ces émotions contradictoires. D’un côté, l’amour que je lui portais, ce désir désespéré de le comprendre, de le soutenir. De l’autre, cette trahison qu'il m'avait infligée en doutant de moi, en me rejetant ainsi.
Chaque souvenir de nous deux, chaque sourire, chaque b****r, semblait maintenant empreint de tristesse, d'une amertume insupportable. J’avais donné mon cœur à Peter, je lui avais offert chaque parcelle de mon âme, et maintenant, tout cela était piétiné, gâché par des malentendus, des doutes, et cette souffrance qui nous déchirait.
Les larmes redoublèrent d’intensité, et je me recroquevillai sur moi-même, me laissant submerger par le chagrin. Je ne savais plus quoi faire, comment nous sortir de ce bourbier. J’avais peur, peur de le perdre, peur que tout soit déjà fini. J’avais l’impression de me noyer, d’étouffer dans cette douleur que rien ne semblait pouvoir apaiser.
Peter :
Je rentrai chez moi, le cœur battant la chamade, la colère bouillonnant sous ma peau comme un poison prêt à exploser. La dispute avec Clara me hantait, ses mots résonnant dans ma tête, me frappant avec une force que je n’aurais jamais cru possible. Comment avais-je pu dire tout cela ? Comment avais-je pu l’accuser de cette manière, alors que je savais, au fond de moi, qu’elle n’était pas responsable ?
Je franchis la porte d’entrée avec une rage contenue, mes poings serrés à m’en faire mal. Mon esprit était un chaos de pensées contradictoires, de regrets et de frustration. J’avais tout gâché. Encore une fois. La pression de mes parents, la situation avec l’entreprise, et maintenant ce coup de grâce avec Martin qui avait volé notre projet… c’était trop pour moi.
Je montai les escaliers d’un pas décidé, l’adrénaline me poussant en avant, me guidant vers ma chambre comme un automate. J’avais besoin d’être seul, de tout évacuer, de trouver un moyen de canaliser cette fureur qui menaçait de m’étouffer. Mais alors que je traversais le couloir, la voix sèche de mon père retentit derrière moi.
"Peter, viens ici immédiatement. Nous devons parler."
Je m’arrêtai net, les mâchoires serrées. Ce n’était pas le moment. Pas maintenant. Je me retournai, sentant la colère bouillonner en moi comme un volcan sur le point d’exploser.
"Pas maintenant, père," répondis-je d’un ton tranchant. "Ce n’est pas le moment."
Il plissa les yeux, son visage se durcissant. "Ce n’est jamais le moment avec toi, n’est-ce pas ? Mais nous devons parler de ton avenir, de ce que tu comptes faire. Tu ne peux pas continuer à tout gâcher comme ça."
Ses mots furent la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Tout en moi explosa. Je sentis ma vision se brouiller sous l’effet de la colère. "Je t’ai dit que ce n’était pas le moment !" criai-je, la voix éraillée par l’émotion. "Je n’en peux plus de vos attentes, de vos projets pour moi. Laissez-moi tranquille !"
Sans attendre de réponse, je tournai les talons et courus vers ma chambre, claquant la porte derrière moi avec une violence qui fit trembler les murs. J’attrapai la clé et la tournai dans la serrure, enfermant le monde extérieur à double tour.
Le silence qui s’ensuivit était assourdissant. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression qu’il allait éclater. La rage, la frustration, la tristesse… tout se mélangeait en moi, créant une tempête incontrôlable.
Je jetai un regard autour de moi, la tête bourdonnante de colère. Tout ce que je voyais me rappelait les attentes, les exigences de mes parents, ce futur tout tracé qu’ils avaient imaginé pour moi sans jamais me demander ce que je voulais vraiment.
Alors, sans réfléchir, je commençai à frapper. D’abord le bureau, puis les murs. Les objets volaient en éclats sous mes coups, les cadres se brisant en morceaux, les livres tombant au sol dans un fracas assourdissant. C’était comme si je voulais détruire tout ce qui me rappelait leur emprise, tout ce qui symbolisait cette prison dorée dans laquelle j’avais été enfermé toute ma vie.
Je me laissai tomber au sol, haletant, les mains tremblantes. La chambre était un champ de bataille, à l’image du chaos qui régnait en moi. Je sentais mes épaules s’affaisser sous le poids de la douleur, des regrets. J’avais blessé Clara, celle que j’aimais plus que tout, et je ne savais même pas si je pouvais réparer ce que j’avais brisé.
Les larmes montèrent, brûlantes, irrépressibles. Je les laissai couler, me sentant plus vulnérable que jamais. J’étais perdu, dévasté. J’avais l’impression d’être au bord d’un précipice, incapable de savoir si je devais sauter ou me battre pour m’en éloigner.
"Je suis désolé, Clara," murmurai-je dans le silence de ma chambre, ma voix se brisant sous le poids de ma peine. "Je suis tellement désolé."
Mais les murs de ma chambre, témoins muets de mon désespoir, restèrent impassibles. Et je compris, avec une clarté douloureuse, que je devais trouver un moyen de tout réparer. Pour elle. Pour nous. Avant qu’il ne soit vraiment trop tard.