La Première Dispute

1156 Words
La Première Dispute Clara Je savais que quelque chose n’allait pas avant même d’entrer dans l’amphithéâtre. L’ambiance était tendue, électrique. Les murmures se faisaient plus insistants, les regards plus accusateurs. Quand je m’approchai de notre groupe de travail, tout le monde se tut, me fixant avec une sorte de méfiance mélangée à de la pitié. Je ne compris ce qui se passait que lorsque le professeur entra, un dossier à la main, et commença à parler avec un enthousiasme que je ne lui connaissais pas. Il tenait un exemplaire de notre projet, celui sur lequel Peter et moi avions travaillé d’arrache-pied ces derniers mois. Mon cœur se mit à battre à tout rompre. « C’est un travail remarquable, » disait-il en désignant le tableau où une partie de notre projet était déjà affichée. « Je ne m’attendais pas à une présentation aussi complète si tôt dans l’année. Félicitations à... » Il consulta ses notes. « …Martin Lefebvre pour ce travail exceptionnel. » Le monde sembla s’écrouler autour de moi. Je restai pétrifiée, incapable de croire ce que je venais d’entendre. Martin Lefebvre, un étudiant avec qui Peter et moi n’avions jamais vraiment échangé, se tenait là, souriant de toutes ses dents, acceptant les éloges du professeur comme s’il les avait mérités. Comment était-ce possible ? C’était notre projet. Notre travail. Tout ce que nous avions accompli ensemble, volé sous nos yeux. La colère monta en moi, mêlée à un profond sentiment de trahison. Je sentis des larmes de frustration me monter aux yeux, mais je les retins, refusant de montrer ma faiblesse devant tout le monde. Quand je sortis de l’amphithéâtre, Peter m’attendait, les poings serrés. Son visage était fermé, ses yeux remplis d’une fureur que je ne lui connaissais pas. « Comment a-t-il pu nous faire ça ? » siffla-t-il entre ses dents, sa voix tremblante de colère. « On a tout fait, Clara. Tout. Comment il a pu avoir accès à notre travail ? » Je secouai la tête, encore sous le choc. « Je n’en sais rien, Peter. Mais il faut qu’on parle au professeur, qu’on explique ce qui s’est passé. » Mais il n’écoutait pas. Il se tourna brusquement vers moi, les yeux brûlants de colère. « Comment est-ce arrivé, Clara ? Comment ?! Tu devais garder le dossier, tu devais le protéger. Comment Martin a pu y avoir accès ? » Ses accusations me frappèrent de plein fouet, comme un coup de poing en plein ventre. « Quoi ? Tu penses que c’est de ma faute ? Que je lui ai donné notre travail ? » Je sentis ma voix trembler, le chagrin et la colère se mêlant en un tourbillon de sentiments incontrôlables. « C’est ça que tu crois, Peter ? » Il passa une main dans ses cheveux, exaspéré. « Je ne sais pas ce que je crois, Clara ! Tout ce que je sais, c’est que quelqu’un a volé notre projet, et que maintenant on est foutus ! » La colère explosa en moi. « Et moi, je devrais deviner ce qui s’est passé ? Peut-être que si tu avais été plus présent, si tu t’étais concentré sur notre travail au lieu de fuir tes problèmes personnels, on n’en serait pas là ! » Je regrettai mes mots à peine les avais-je prononcés. Peter se figea, le visage se fermant encore plus. « Qu’est-ce que tu veux dire, Clara ? Que c’est ma faute ? Que je n’ai pas été assez impliqué ? » Je respirai profondément, essayant de calmer les battements affolés de mon cœur. « Ce n’est pas ce que je voulais dire… » Mais la colère était toujours là, prête à éclater. « Mais tu n’étais pas là, Peter. Pas vraiment. Depuis des semaines, tu étais ailleurs, préoccupé, absent. » Il me regarda, blessé, mais surtout furieux. « Et toi ? Tu crois que ça a été facile pour moi ? Que je n’avais pas de raison d’être distrait ? Tu n’as aucune idée de ce que je traverse. » Cette fois, ce fut moi qui me figeai. « Aucune idée ? Vraiment, Peter ? Parce que je pense savoir ce que ça fait d’avoir quelqu’un qui te rabaisse et essaie de te séparer de ceux que tu aimes. » Nous nous regardions, respirant fort, la colère et la douleur se battant pour le contrôle de nos émotions. Nous étions là, dans ce couloir bondé, les étudiants passant autour de nous, indifférents à notre querelle, chacun absorbé dans ses propres soucis. Mais pour moi, le monde entier semblait se résumer à ce moment précis, à cette confrontation qui me déchirait le cœur. « Alors c’est ça ? » murmura-t-il, sa voix brisée. « Tu penses vraiment que je t’ai laissée tomber ? » Je sentis les larmes monter, mais je les retins. « Je pense que… je pense que tu étais tellement pris par tes problèmes que tu n’as pas vu ce qui se passait entre nous. Et maintenant, on en paie le prix. » Peter secoua la tête, les yeux remplis de douleur. « Clara, je… » Il s’interrompit, incapable de trouver les mots. Je le regardai, essayant de calmer la tempête en moi. « Peter, je suis désolée. Je ne voulais pas dire tout ça. Je suis juste… tellement en colère. » Il hocha la tête, les mâchoires serrées. « Moi aussi, Clara. Moi aussi. » Nous restâmes là, silencieux, chacun luttant contre ses propres démons. Je voulais le prendre dans mes bras, effacer cette tension entre nous, mais quelque chose m’en empêchait. Une part de moi se demandait si nous pourrions vraiment surmonter ça, si notre relation était assez forte pour survivre à cette trahison. Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, Peter tourna les talons et s’éloigna, me laissant seule, dévastée. Mon cœur se serra en le voyant s’éloigner, se demandant si nous venions de tout perdre, ou si c’était le début d’un nouveau défi que nous devrions affronter ensemble. Peter Je marchai, les poings serrés, la colère bouillonnant en moi. Comment en étions-nous arrivés là ? J’avais l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds. Clara avait raison : j’avais été absent, distrait. Mais c’était plus fort que moi. La pression familiale, l’incertitude de notre relation, tout s’était accumulé, et maintenant, tout s’effondrait. La trahison de Martin n’était que la goutte d’eau. J’avais perdu notre projet, et pire encore, j’avais l’impression de perdre Clara. Sa colère, ses reproches… tout cela résonnait en moi, creusant un fossé encore plus grand entre nous. Je m’arrêtai, reprenant mon souffle. Je devais trouver un moyen de réparer tout ça, de récupérer notre projet, de retrouver Clara. Mais comment ? Comment pouvais-je me battre contre tant d’obstacles, contre ma propre famille, contre mes propres peurs ? Je savais que je devais faire quelque chose, et vite. Avant qu’il ne soit trop tard. Pour notre projet, pour notre relation, pour nous deux.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD