Edward et Catherine :
Edward était assis dans le grand salon, une coupe de vin à la main. Il contemplait le feu crépitant dans la cheminée, songeur. Catherine, élégante et impassible, était installée sur le canapé en face de lui, une expression préoccupée sur le visage. Ils discutaient du sujet qui accaparait toutes leurs pensées ces derniers temps : l’avenir de leur fils unique, Peter.
« Ce projet à Lyon est crucial, » déclara Edward, la voix grave. « Il ne s’agit pas seulement de montrer que Peter est capable de gérer des responsabilités, mais de renforcer nos liens avec cette société. Une opportunité comme celle-là ne se représentera pas. »
Catherine hocha la tête, son regard se durcissant. « Je sais, Edward. Mais Peter semble complètement désorienté en ce moment. Il n’est pas concentré. Cette fille, Clara… elle le distrait. Elle l’éloigne de ce que nous avons toujours voulu pour lui. »
Edward serra la mâchoire. « Cette Clara n’est qu’une phase. Il faut qu’il comprenne que ce qui compte, c’est l’entreprise, c’est son avenir. Nous avons fait tant de sacrifices pour lui. Il doit assumer ses responsabilités. »
Ils restèrent silencieux un moment, absorbés par leurs pensées. Puis, un bruit sourd se fit entendre dans le hall d’entrée. Catherine se redressa, le cœur battant. Ils échangèrent un regard inquiet. La porte s’ouvrit brusquement, et Peter apparut, l’air visiblement frustré. Il marchait d’un pas décidé, ses traits tendus, ses yeux brillants de colère.
« Peter, viens ici. Nous devons parler, » dit Edward d’un ton sec, se levant de son fauteuil.
Mais Peter ne ralentit même pas. « Pas maintenant, père. » Sa voix était tranchante, remplie de colère et de fatigue. « J’en ai marre. »
Il continua sa route, ignorant le regard surpris de sa mère. Edward fronça les sourcils, le visage se contractant de mécontentement. « Qu’est-ce qui te prend de me parler sur ce ton ? Tu crois que tu peux fuir tes responsabilités comme ça ? Reviens ici, nous avons un sujet important à aborder. »
Mais Peter ne se retourna pas. Il se dirigea droit vers sa chambre, claqua la porte derrière lui et la verrouilla à double tour. Le bruit de la clé tournant dans la serrure résonna dans le silence tendu de la maison.
Catherine se leva précipitamment, le visage pâle. « Qu’est-ce qui lui prend ? » murmura-t-elle, inquiète. Elle se tourna vers son mari. « Il n’a jamais été aussi… agressif. »
Edward, furieux, se dirigea d’un pas rapide vers l’escalier. « Je vais lui parler. » Sa voix était glaciale, sa fureur contenue.
Ils montèrent ensemble, leurs pas résonnant dans le couloir silencieux. Arrivés devant la porte de la chambre de Peter, Edward frappa sèchement. « Peter, ouvre cette porte immédiatement ! » Sa voix était autoritaire, laissant transparaître toute sa frustration.
Mais à l’intérieur, un bruit sourd se fit entendre. Quelque chose se brisait. Puis un autre choc, suivi d’un éclat de verre. Catherine porta une main à sa bouche, horrifiée. « Que fait-il ? »
Edward frappa de nouveau, plus fort. « Peter, qu’est-ce qui se passe ? Ouvre cette porte tout de suite ! »
Le bruit de quelque chose se fracassant au sol retentit, suivi du cri de colère de leur fils. Edward se tourna vers Catherine, désemparé. « Va chercher l’un des employés. Qu’il nous apporte le double des clés. »
Catherine acquiesça et se précipita vers le bas de l’escalier. Edward resta devant la porte, impuissant, la main toujours posée sur la poignée. « Peter, parle-moi, fils. Qu’est-ce qui se passe ? »
Mais la réponse qu’il obtint fut un hurlement de rage. « Laissez-moi tranquille ! » La voix de Peter, déformée par la douleur, était presque méconnaissable. « J’en ai marre de vous, de vos attentes, de vos foutues responsabilités ! Laissez-moi respirer ! »
Edward sentit son cœur se serrer. Il n’avait jamais vu son fils dans un tel état. Un instant plus tard, Catherine revint avec un employé qui portait un trousseau de clés. Il tenta d’ouvrir la porte, mais la clé de Peter était encore dans la serrure, empêchant l’ouverture.
« Ça ne marche pas, monsieur, » dit l’employé, désolé. « La clé est déjà dedans. »
Edward frappa encore, sa voix se brisant sous l’émotion. « Peter, s’il te plaît, ouvre cette porte. » Il n’avait jamais utilisé ce ton avec son fils auparavant. C’était une supplication, une demande désespérée. « Je t’en prie, ne fais rien de stupide. Parle-nous. Laisse-nous t’aider. »
Mais à l’intérieur, Peter continuait de hurler, sa voix se mêlant aux bruits de destruction. Puis, soudain, le silence tomba. Un silence terrifiant, oppressant. Catherine se colla contre la porte, le visage blême. « Peter ? » Sa voix tremblait. « Mon chéri, ouvre, s’il te plaît. » Elle frappa doucement, presque en suppliant. « Nous t’aimons. Nous voulons comprendre ce qui se passe. »
Le silence s’étira, interminable. Puis, un bruit léger se fit entendre, un son déchirant. Des pleurs. Leurs cœurs se brisèrent en entendant les sanglots de leur fils, si proches et pourtant si éloignés.
« Peter, » murmura Edward, la gorge serrée. « S’il te plaît, laisse-nous entrer. Nous ne voulons que ton bien. » Mais la porte resta fermée, immuable. Seuls les sanglots étouffés de Peter leur parvenaient, chaque hoquet de douleur résonnant comme un coup de poignard dans leur cœur.
Ils restèrent là, impuissants, les larmes aux yeux, frappant doucement la porte, suppliant, essayant de réconforter leur fils par les mots. Mais Peter ne répondait pas. Il continuait de pleurer, seul dans sa chambre dévastée.
Catherine sanglotait maintenant ouvertement, ses mains tremblant sur la poignée. « Que lui avons-nous fait, Edward ? Comment en sommes-nous arrivés là ? » Son mari, habituellement si sûr de lui, secoua la tête, incapable de répondre. Il n’avait pas de solution, pas de réponse à ce chagrin qui déchirait leur famille.
Ils restèrent là, derrière cette porte fermée, espérant que Peter leur laisserait une chance. Une chance de réparer, une chance de comprendre. Mais le silence derrière la porte, ponctué des pleurs de leur fils, était la seule réponse qu’ils obtinrent.