Clara:
La nuit semblait interminable. Je restais allongée sur mon lit, les yeux fixés sur le plafond, comme si j’attendais que le sommeil vienne me libérer de cette douleur qui m’oppressait la poitrine. Mais le sommeil se refusait à moi, me laissant seule avec mes pensées, mes peurs, et ces larmes qui coulaient sans fin sur mes joues.
Quelques heures plus tôt, Peter était venu me voir, son visage empreint d’une tristesse que je n’avais jamais vue auparavant. Quand il m’avait annoncé que son père voulait l’envoyer dans une autre ville, loin d’ici, loin de moi, mon monde s’était effondré. J’avais tenté de garder mon calme, d’être forte pour lui, mais la vérité, c’est que j’étais brisée.
Les larmes avaient commencé à couler dès qu’il avait franchi le seuil de la porte. J’avais voulu courir après lui, le retenir, lui dire que je ne pouvais pas vivre sans lui. Mais je n’avais pas eu la force de bouger. Mes jambes refusaient de me porter, comme si tout mon être s’était figé sous le poids de cette nouvelle.
Je me tournai sur le côté, enfouissant mon visage dans l’oreiller, espérant que les larmes cesseraient enfin. Mais chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais son visage, je revoyais cette douleur dans son regard, et cela me brisait un peu plus. Comment était-ce possible de ressentir autant de chagrin pour quelqu’un que je n’avais rencontré que depuis quelques mois ? Mais ce que je ressentais pour Peter était bien plus qu’une simple amourette.
Il avait été ma lumière dans cette nouvelle vie. Il avait apporté de la chaleur dans cette existence que j’avais toujours crue froide et impassible. Il m’avait montré ce que c’était que d’aimer et d’être aimée en retour. Et maintenant, on me l’arrachait, comme un rêve qui s’effilochait sous mes doigts, sans que je ne puisse rien faire pour le retenir.
Je me redressai soudain, sentant la colère monter en moi. Pourquoi cela devait-il arriver ? Pourquoi nos vies étaient-elles si injustes ? Pourquoi devions-nous être séparés alors que nous venions à peine de nous trouver ? Je savais que Peter se sentait aussi impuissant que moi, mais cela n’atténuait en rien ma douleur.
Je me levai du lit, mes pieds nus touchant le sol froid de l’appartement. Le silence de la nuit m’enveloppait, oppressant, comme si chaque ombre murmurait ma solitude. Je me dirigeai vers la fenêtre et l’ouvris, espérant que l’air frais de la nuit calmerait ce tourbillon de pensées dans ma tête. Mais rien n’y fit. La brise légère ne parvenait qu’à me rappeler à quel point je me sentais vide.
« Pourquoi, Peter ? » murmurai-je dans le silence, ma voix se brisant sous le poids de ma tristesse. « Pourquoi devons-nous passer par là ? »
Je me rappelais de chaque moment passé avec lui, de chaque sourire, de chaque éclat de rire, de chaque regard échangé. Nos discussions jusqu’au bout de la nuit, nos rêves partagés, nos peurs avouées. C’était comme si tout avait mené à cet instant, à cette séparation qui me paraissait tellement injuste.
Je me laissai glisser le long du mur, m’asseyant sur le sol froid, les genoux repliés contre ma poitrine. Je me sentais si petite, si fragile. Mes larmes continuèrent de couler, silencieuses, incessantes. Je savais que Peter se battait pour nous, qu’il voulait rester. Mais je savais aussi à quel point sa famille avait de l’emprise sur lui. Et l’idée de le perdre, de le voir partir loin de moi, me terrifiait.
Les mots de Kéllia me revinrent en tête, tranchants comme des lames de rasoir. Elle avait raison sur un point : je n’étais pas de leur monde. Je n’avais ni leur richesse, ni leur pouvoir, ni leur influence. Et même si Peter m’aimait, comment pourrais-je lutter contre tout cela ? Comment pourrais-je rivaliser avec des projets familiaux, avec des ambitions de grandeur que je ne comprenais même pas ?
Je me sentais si insignifiante, si impuissante. Mais je savais aussi que je ne pouvais pas abandonner Peter, pas sans me battre. Je l’aimais trop pour cela. Et même si je devais souffrir, même si je devais me battre contre des forces bien plus grandes que moi, je le ferais. Parce que Peter était tout pour moi. Et je ne pouvais pas le laisser partir sans me battre.
Je me relevai lentement, essuyant mes larmes d’un geste tremblant. Mon cœur était lourd, mais il y avait aussi une détermination nouvelle en moi. Je ne pouvais pas laisser la peur, ni les menaces de Kéllia, ni même la volonté des parents de Peter, nous séparer. J’allais me battre pour nous, pour cet amour que je ressentais.
Je retournai m’asseoir sur mon lit, serrant l’oreiller contre moi. Je savais que la route serait difficile, mais je savais aussi que je ne pouvais pas renoncer. Je pensais à Peter, à ses yeux, à son sourire, et une vague de chaleur m’envahit.
« Je t’aime, Peter, » murmurai-je dans le silence de la nuit. « Et je me battrai pour nous. Quoi qu’il en coûte. »
Je me laissai finalement tomber en arrière, fermant les yeux, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Peut-être qu’avec le temps, les choses s’arrangeraient. Peut-être que, d’une manière ou d’une autre, nous trouverions un moyen d’être ensemble. Mais pour l’instant, je devais simplement trouver la force de traverser cette nuit, de survivre à cette douleur.
Mes larmes continuaient de couler, mais il y avait en moi une lueur d’espoir, un petit éclat de lumière qui refusait de s’éteindre. Parce que je savais, au fond de moi, que Peter ressentait la même chose. Que malgré la distance, malgré les obstacles, nous nous retrouverions.
Avec cette pensée, je fermai les yeux, laissant le sommeil m’emporter enfin, mes rêves remplis de souvenirs de Peter, de son sourire, de ses bras autour de moi. Et je me promis que, quoi qu’il arrive, je ne laisserais personne nous séparer. Parce que notre amour était bien plus fort que tout cela.