Le Poids des Espoirs et des Larmes

951 Words
Peter La confrontation avec mes parents avait laissé un poids énorme disparaître de mes épaules, mais cela n’apportait pas le soulagement que j’avais espéré. Au contraire, une nouvelle ombre planait au-dessus de moi, une menace bien plus grande. Je connaissais mes parents et leurs ambitions. Ils n’allaient certainement pas en rester là. Ce soir, je me trouvais dans un étrange entre-deux. D’un côté, je ressentais une forme de libération après avoir enfin osé dire ce que j’avais sur le cœur. J’avais défendu Clara, notre relation, et je m’étais opposé à leurs manigances pour la première fois de ma vie. Mais d’un autre côté, je savais que ce n’était que le début d’un nouveau défi, peut-être le plus grand de ma vie. Je ne pouvais m’empêcher de me sentir vulnérable, comme un pion dans un jeu d’échecs, manipulé par des mains invisibles. Le mariage arrangé avec Kéllia, cette alliance conçue pour renforcer les liens entre nos deux familles, était encore sur la table. Mes parents avaient toujours tout contrôlé, chaque aspect de ma vie, et maintenant ils allaient utiliser leur dernière arme contre moi : l’obligation familiale. Je repensais aux mots durs de ma mère. Ce mépris qu’elle avait exprimé à l’égard de Clara, cette fille « sans importance » à ses yeux. Elle ne comprenait rien à ce que je ressentais. Pour elle, Clara n’était qu’une distraction, un obstacle sur la route qu’ils avaient tracée pour moi depuis ma naissance. Je me sentais comme une marchandise à leurs yeux, destiné à faire prospérer la famille, à rapporter gloire et fortune. Pas à aimer, pas à choisir. Juste à servir. La colère grondait en moi. Comment pouvaient-ils me demander d’épouser quelqu’un que je n’aimais pas ? Comment pouvaient-ils croire que je sacrifierais mon bonheur pour leurs ambitions, pour une alliance économique avec la famille de Kéllia ? Kéllia… Elle aussi, elle faisait partie de ce plan. Mais je ne ressentais rien pour elle, si ce n’est une vague amitié d’enfance. Rien comparé à ce que Clara m’apportait. Je laissai échapper un profond soupir en m’allongeant sur mon lit, les yeux rivés au plafond. Je repensais à Clara, à la douleur qui avait traversé son visage lorsqu’elle avait appris que je devrais peut-être partir. Ce moment me hantait. J’aurais tout donné pour effacer cette souffrance. Je savais que si je devais la quitter, cela la briserait, tout autant que cela me briserait. Et c’était précisément ce que je craignais le plus : lui faire du mal. Je ne pouvais pas imaginer ma vie sans elle. Clara avait changé ma vision du monde, elle avait réveillé en moi quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant. Quand je pensais à elle, je sentais une lueur d’espoir, un éclat de lumière dans l’obscurité. Mais en même temps, cette lueur était fragile, vacillante, menacée par les machinations de mes parents. Comment pourrais-je la protéger de tout cela ? Comment pourrais-je éviter de lui faire du mal ? Je me redressai brusquement, les poings serrés. Je ne voulais pas être ce fils soumis, ce pion obéissant qui suit docilement les ordres de ses parents. Je voulais être plus que ça. Je voulais être un homme capable de choisir son propre chemin, capable d’aimer librement, sans être écrasé par des attentes et des stratégies qui ne m’appartenaient pas. Mais ce soir, la réalité s’imposait à moi. Demain, je ne savais pas ce qui m’attendait. Je savais que mes parents prépareraient quelque chose, une nouvelle pression, une nouvelle menace. Peut-être essaieraient-ils de me forcer la main, d’accélérer le mariage avec Kéllia. Peut-être trouveraient-ils un moyen de m’éloigner de Clara, de briser ce que nous avions construit. Cette pensée me terrifiait. Je ne craignais pas pour moi. Je craignais pour Clara. Elle était forte, mais je savais combien cette situation la blessait. Elle avait déjà souffert à cause de Kéllia, et maintenant, elle allait devoir affronter bien plus. Tout ce que je voulais, c’était la protéger. Mais comment pourrais-je y parvenir si mes propres parents se dressaient contre nous ? Je fermai les yeux, essayant de calmer l’orage qui faisait rage dans mon esprit. La fatigue pesait lourdement sur moi, mais le sommeil me fuyait. J’étais rongé par l’incertitude, par la peur de l’avenir. Comment allais-je surmonter tout cela ? Comment allions-nous surmonter tout cela, Clara et moi ? Un frisson me parcourut à l’idée de perdre Clara. Je ne pouvais pas imaginer une vie sans elle à mes côtés. Elle était ma force, mon refuge, la seule personne qui me faisait sentir vivant, loin des artifices et des faux-semblants de ma vie familiale. Elle était ma réalité, ma vérité. Je me retournai dans mon lit, cherchant désespérément une position confortable, mais le poids de mes pensées m’écrasait. L’image de mes parents, froids et calculateurs, me hantait. Ils avaient toujours agi ainsi, avec une froide détermination, ne laissant jamais de place à l’amour ou à la spontanéité. Ils ne comprenaient pas ce que je ressentais pour Clara, et je doutais qu’ils le comprennent un jour. Mais ce soir, malgré toute cette tourmente, malgré la colère, la tristesse et l'incertitude, il y avait une chose dont j’étais sûr : Clara en valait la peine. Si je devais me battre, affronter mes parents, renoncer à tout ce que j’avais connu pour elle, alors je le ferais. Parce qu’elle était la première personne pour qui j’étais prêt à tout risquer. Je fermai enfin les yeux, laissant une vague d’épuisement m’envahir. Même si demain m’apportait de nouveaux défis, même si mes parents essayaient de me manipuler, il y avait une chose que personne ne pourrait m’enlever : l’amour que j’éprouvais pour Clara. Et tant qu’il y avait cet amour, il y avait de l’espoir.
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