VI Les épanchements d’un soulier de satinPauvre petit soulier mignon ! je n’oublierai jamais la tristesse de son sourire et le ton mélancolique dont il me parla. Un soulier de satin qui parle ! dites-vous, et vous ouvrez de grands yeux étonnés. Mais pourquoi non ? Est-ce que toute chose et tout être n’ont pas ici-bas leur parole et leur sourire ? est-ce que la fleur, le brin d’herbe, tout fier de montrer la goutte de rosée qu’il porte avec orgueil comme un diadème ; est-ce que le ruisseau, l’arbre, la mer, la pierre, l’insecte, n’ont pas un mystérieux langage ? Tant pis pour les sourds qui ne savent pas entendre ces étranges confidences ! Le fait est que ce soulier de satin a été un de mes bons amis, et que je crois remplir un devoir de cœur et honorer sa mémoire en transcrivant ici quel