Chapitre 4 : Byakko

1706 Words
Pov : Byakko Mon vénéré père nous avait convoqués, mes frères et moi, dans la salle du trône. Cela allait faire bientôt 5 ans que je n'y avais pas remis les pieds. Je détestais cet endroit. Trop de luxe, trop de lumière, trop de gens vivant... dans l'opulence et l'excès. Même la couleur des lieux me déplaisait. Rien ne valait mon palais ! Mes ancêtres avaient bâti une forteresse infranchissable... sauf depuis la ruse du chien de stratégiste du général Rouge. En chemin vers la salle, j'avais croisé Qi. Croyez-moi, ce messager n'a rien de plaisant pour un soldat comme moi. Dès qu'il m'avait aperçu, il s'était approché et avait commencé ses sous-entendus. Je rêvais de lui planter un poignard dans la gorge à chaque fois que je voyais son sourire narquois. Quel plaisir j'aurais ce jour là ! - Byakko, son altesse est en entretien avec un invité très spécial, personne n'a le droit d'entrer pour le moment, avait-il annoncé. - Personne ? Qui est l'invité ? avais-je répondu perplexe. Il était extrêmement rare que Père reçoive un hôte en tête à tête. - Il semblerait qu'il s'agisse de la future épouse d'un des fils du trône..., avait-il continué sans développer davantage sa réponse. J'en avais déjà assez de cet échange entre lui et moi. Était-ce donc impossible pour lui de donner une réponse claire, précise et surtout sans sous-entendu ? « -De quel fils parles-tu ? » ai-je poursuivi, le ton de ma voix ne masquant nullement l'agacement que lui et sa nouvelle provoquaient en moi. Qi avait simplement haussé les épaules et tourné les talons vers la salle du trône. Durant cet échange, pourtant bref, à pas moins de six reprises, j'avais imaginé prendre mon poignard, le lui planter dans la gorge. Pouvoir apprécier le silence de sa lente agonie… Mais cela n'aurait pas plu à Père. Mes frères venaient de me rejoindre. Suzaku en m'apercevant avait sauté dans mes bras. Genbu et Seiryu s'étaient approchés et m'avaient donné l'accolade fraternelle. C'étaient les seuls êtres sur Terre que je pouvais supporter près de moi...vivants. Seiryu n'était plus que l'ombre de lui même depuis le décès de sa femme. Elle était aussi la seule que j'avais jamais... toléré et son absence se faisait sentir. Elle était la douceur dans mon monde de brutalité. Ce foutu stratégiste avait tout détruit. _ J'ai eu des informations des tribus. Suzaku avait parlé chuchoté suffisamment fort pour que nous puissions tous l'entendre. Je connais dorénavant le nom du stratégiste ou plutôt de la stratégiste du clan Méigui. _ Quoi !? avais-je hurlé « tu es en train de nous dire qu'une simple femme est responsable de tout ça !? Genbu sauta en avant et me plaqua contre un mur adjacent. Il avait appuyé sa main contre ma bouche et il ne put s’empêcher de me regarder d’un air rieur. Suzaku prit un air inquiet et lançait des regards de tous les côtés afin de s’assurer que personne d’autre ne puisse nous entendre. _ Oui, il s'agirait d'une certaine Kē... Suzaku regardait Seiryu du coin de l'œil. Il pensait lui faire plaisir en lui donnant le nom du responsable du meurtre de son épouse mais Seiryu s'était contenté de garder la tête baissée. Genbu s’était écarté de moi et avait pris un air sérieux...ce qui n'était pas habituel. Le trop plein d'air salin et les coups de soleil lui avaient grillé pas mal de neurones.« Kē... Kē du clan Méigui » il avait frappé son poing contre la paume de son autre main. « Tout le Shijî chante sa beauté... paraît-il qu'un seul regard d'elle vous donne suffisamment de force pour vaincre tous vos ennemis ! J'aimerais bien voir cette beauté au moins une fois, et qui sait ? La faire mienne ! » Il s’était rendu compte trop tard du mal que ses paroles avaient attisé. Seiryu sembla prendre une inspiration douloureuse et masqua ses yeux de la paume de sa main. C'en était trop ! J'avais envoyé mon poing sur la figure de mon très cher petit frère. Il avait encaissé le coup et avait baissé les yeux quand je l'avais saisi par le col. « Tu souhaites faire tienne la g***e qui a assassiné l'épouse de ton frère ? Es-tu fou ? Ou peut-être que oui, tu pourrais l'épouser et voir ce que je ferais de vos deux corps par la suite ! » Seiryu avait posé sa main sur mon bras. La douleur qu'on pouvait lire dans ses yeux me déchirait... « Relâche notre jeune frère, ô grand Byakko. Ne t'offense pas de ses paroles qui ne sont que le témoignage de sa jeunesse. Je pleure encore la perte de la moitié de mon cœur, ne viens pas davantage briser ce qu'il en reste. » J'avais lâché Genbu. Cette fois c'était sûr, de retour sur mes terres, je partirai en guerre. J'avais grand besoin d'une bataille ou deux pour me calmer. La voix de mon père était venue interrompre la tension entre nous. « Qu'on fasse entrer mes fils ! » J’entrai dans la salle avec mes frères... sans être parvenu à retrouver ma paix intérieure. Mes frères et moi nous étions avancés près du trône. J'avais légèrement ralenti en apercevant une femme agenouillée devant Père. A chaque pas que je faisais, je pouvais sentir l'huile de rose dont elle avait sûrement dû enduire sa chevelure. L'odeur était en train de me rendre à moitié fou. Je m'étais avancé pour pouvoir en respirer davantage les douces effluves. J'avais été stupéfait. Comme cloué sur place. La blancheur de sa peau, la noirceur de ses cheveux... j'avais envie d'arracher le voile qui lui couvrait le visage pour pouvoir satisfaire ma curiosité grandissante. Je m'étais penché vers elle. Je voulais pouvoir voir chaque morceau de peau nu qu'elle avait à offrir à ma vue. « Qui est cette femme Père ? » les mots étaient sortis de ma bouche sans que je ne m'en rende compte. Je voulais savoir son nom. Une première chez moi ! Un frisson l'avait parcourue. Elle se tenait à ma droite... cela m'avait rassuré car elle aurait pu entendre les battements de mon cœur si elle s'était tenue à ma gauche. Nos regards s'étaient croisés. Aucun de nous n'arrivait à les détourner. J'avais cru sentir un poids énorme tomber sur moi. Tout mon être me hurlait de ne plus bouger. Je sentais tous mes muscles se tendre. Je voulais la toucher mais j'avais la sensation que mon geste l'aurait salie. J'avais dû faire un effort colossal pour pouvoir encore faire un pas. Ce fichu voile et l'odeur de l'huile de rose m'obsédaient. J'avais fait encore un pas vers elle. Je m'étais penché avant de prendre une profonde inspiration... à l'odeur de rose se mêlait celle du vin de litchi... une liqueur uniquement utilisée par les familles du Shijî lorsqu'elles donnent leur fille en mariage. Les paroles de Qi m'étaient revenues en mémoire : « la future épouse d'un des fils du trône ». « Une chienne du Shijî... » je m'étais levé brusquement et avais senti la nausée m'envahir. « Que fait cette chose en nos murs ?! » Père avait souri. « Mes chers fils, je vous présente la Princesse du clan Méigui. » « Cessez vos plaisanteries Père ! Le clan Méigui a bien une fille mais pas de Princesse ! » Suzaku avait pris un air agacé. Mon précieux petit frère n'aimait pas les surprises. Apparement ses informateurs s'étaient contentés de chercher des rumeurs sur la g***e de stratégiste et devaient avoir omis des détails sur les membres du clan Méigui. Cela m'était égal. Tant que cette princesse n'était pas la chienne du général Rouge, mon père pouvait bien la marier à l'un de mes frères. Je savais qu'elle n'était pas pour moi. Elle me détournerait des champs de bataille et de la menace constante des armées du Yaoguai. Je ne pourrais jamais laisser une beauté pareille sans ma surveillance. Pour le moment, une force inconnue me disait de toucher sa peau mais mon instinct me disait aussi de ne pas bouger davantage. Père avait souri. « Voyez-vous mes chers fils, le mensonge et la dissimulation font partie des maîtres mots de ceux qui sont au pouvoir. Le Général Rouge a reçu du roi du Shijî sa seule et unique fille. Le jeune soldat et la princesse étaient tombés amoureux l'un de l'autre. » Amoureux ? Ha ! La fille du roi devait lui avoir offert plus que les autres demoiselles pour avoir retenu son attention...si vous voyez ce que je veux dire. J'avais à nouveau regardé la jeune femme près de moi. Je devais faire des efforts de concentration pour suivre ce que Père racontait. Si seulement je pouvais retirer ce satané voile ! Père avait continué « Le Roi a vite compris ce qui se passait entre les deux et il s'est rendu compte du potentiel du soldat. Le roi lui avait alors promis sa fille. » À un simple soldat ? Une guerre pour épouser une femme ? N'importe quoi ! Père avait poursuivi : « En échange, il devait lui donner les têtes de tous les membres d'une tribu qui mettait en péril l'équilibre de son royaume. » Je me serais moi-même chargé de lui apporter les têtes. Pas la peine de faire des promesses de mariage ! Les gens du Shijî ne font vraiment rien comme les autres ! Père avait terminé en disant : « Méfiez-vous toujours de ce clan. De simple soldat, le jeune homme est devenu un général et a épousé une princesse du trône du Shijî. De cette union sont nés quatre fils et une fille. » Je crois que Suzaku venait de faire le lien entre les paroles de Père et la situation actuelle. Il s'était retourné. Il avait les yeux écarquillés. Il avait montré du doigt la femme à ma droite. Seiryu et moi pouvions lire sur ses lèvres « STRA. TÉ. GIS. TE ». Je m'étais redressé. Seiryu se tenait droit la mâchoire serrée. Genbu avait pris la parole. « Et quel est son nom ? » Seiryu et moi nous étions tournés lentement vers la femme agenouillée et avions répondu en même temps : « Kē... »
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