La charretteÀ Octave Mirbeau. Tu l’as ? souffla Charlot à son camarade dont la tête apparut soudain près du timon de la charrette. Le marchepied luisait comme un couteau carré. Les buissons noirs semblaient étendre des centaines de bras. Une bouffée de vent éteignit la lanterne. – Qui a fait ça ? dit l’homme – sa voix basse pressée. – Charlot, m’entends-tu ? Pourquoi as-tu éteint ? je ne vois plus cette chose luisante… – Alors viens par ici ; qu’est-ce que t’as ? Charlot lui tendit les bras, et l’homme se hissa par la roue. – T’es en place, dit-il ; je touche le cheval. – Mets-le entre nous, sur le banc ; ça sera en sûreté. Ils ont gueulé, hein ? L’essieu gémit ; les sabots de la bête claquèrent, et il y eut une sonnerie de petits grelots qui pendaient au collier et aux blanchets. – P