VIC’est sur le plateau le plus élevé, là où, maîtres de la hauteur, vivent les Éthiopiens proprement dits que j’ai rencontré celles qui peuvent prétendre à l’honneur d’avoir servi par les mains de leurs aïeules l’Amoureuse de Salomon. À travers les accidents du métissage, des apparences, très fixes et très caractéristiques, se dégagent de leur aspect.
Les variétés les plus en relief du masque bien connu d’Israël se manifestent ici dans le dessin des visages.
Je ne songe pas à ces types d’Israélites européens que des milieux tels que la Russie, l’Allemagne, la France, l’Espagne ont façonnés ; je pense aux Beni-Israël que j’ai rencontrés dans l’Afrique méditerranéenne, – par exemple, à Tougourt, où des Juifs qui, depuis plus d’un demi-siècle, ont renoncé au mosaïsme, continuent de se marier entre eux.
Cette présence sur la montagne éthiopienne d’Israélites qui reproduisent avec tant de pureté les types originels de leur race peut s’expliquer de deux façons : par une immigration relativement récente, ou par la version que nous apportent les Éthiopiens eux-mêmes.
Il s’agirait dans ce dernier cas de la fécondation par un large afflux de sang jacobélite, des peuples qui habitaient primitivement autour des sources du Nil Bleu. La vague en aurait déferlé sur le Haut Plateau au moment même où le gros des Beni-Israël quittait l’Égypte sous la conduite de Moïse. Il resterait encore en Éthiopie des représentants de cette colonisation archaïque. Le mot d’ordre serait de faire le silence sur leur existence, sur leurs pratiques. Abadie semble les avoir ignorés. Je répéterai à leur sujet ce que le Ras Makonnen me confia dans une minute d’expansion.