IIIUn matin d’avril, c’était un peu après la semaine de Pâques, les dames d’honneur qui entouraient Pluie-d’Or commandèrent qu’à son réveil on lui oignît les cheveux avec ce baume que les femmes appliquent à leur coiffure et qu’elles nomment « chourébé ». C’est une préparation savante qui mêle au beurre frais deux plantes odoriférantes et trois parfums indiens. Elle demanda timidement : – Pourquoi m’oignez-vous avec le chourébé ? Personne ne lui répondit ; mais, ce même jour, une de ses petites amies lui dit en jouant aux osselets : – Il va venir un mari. Et ce mari était le ras Bézabé, fils du défunt roi du Godjam, Tacklé-Haimanot. Il allait sur ses trente-cinq ans. Il avait, comme son père, un visage clair ; mais un de ses yeux était à jamais fermé, à cause de la blessure d’un fusil