VON devine de quelle ardeur un tel Souverain a pu désirer de voir triompher dans le temps, par l’appui de sa lignée, les idées que lui-même soutenait si loyalement.
Les choses se sont passés pour lui comme dans ces contes orientaux où, par bassesse d’envie, un mauvais Génie se plaît à gâcher la félicité des rois. Et, sans doute, ni Pierre le Grand, ni Louis XIV, ni aucun de ces maîtres de la politique qui prolongèrent leur journée de royauté au-delà des heures du crépuscule, n’ont eu la joie de voir un fils couronner la muraille dont ils avaient établi la fondation.
Le seul enfant mâle que Ménélik ait jamais engendré n’a pas vécu. Lidj-Iassou, qui, du fait de la disparition de son aïeul, apparaît dès aujourd’hui comme l’Élu de Juda, est le fils d’une fille du Négus. Les circonstances qui ont permis de lui ouvrir l’accès du Trône avec l’indispensable prestige qui s’attache aux descendants de la souche salomonesque, sont si particulières qu’il les faut expliquer par des usages locaux. Ces mœurs d’amour et d’hérédité participent encore des facilités de la vie patriarcale. Ils surprennent notre respect romain pour le mariage et pour les privilèges de la légitimité.