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Autopsie d'un mensonge

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A Roscoff, les corps du docuteur Gauthier et de sa fille sont retrouvés sans vie, alors que les deux autres membres de leur famille ont disparu...

Aucun boulanger ne s’imaginerait tomber sur une scène de crime en livrant, un samedi matin, baguette et croissants chez l’un de ses clients. C’est pourtant le cas de Jean Le Sueur, un artisan de Roscoff, qui découvre les corps sans vie du docteur Gauthier et de sa fille, Léa. L’émoi sera d’autant plus grand dans la paisible cité corsaire qu’on constate rapidement la disparition des deux autres membres de cette famille apparemment sans histoires : la mère, Caroline, et son fils, Jules. Dans les jours suivants, le mystère de cette terrible affaire va s’épaissir encore car de nouveaux crimes qui pourraient être liés sont perpétrés dans le Finistère. Quel mobile anime donc le machiavélique individu qui sème la mort dans des lieux aussi différents qu’une demeure bourgeoise roscovite, un humble penty de Plouhinec et la forêt de Toulfoën, près de Quimperlé ? Au commissaire Le Gwen, assisté du lieutenant Le Fur, l’éprouvante mission de conduire l’Autopsie d’un mensonge qui les plongera dans les abysses de la perversité humaine…

Plongez dans l'ambiance de la paisibile cité corsaire de Roscoff, et suivez pas à pas les investigations du comissaire Le Gwen et du lieutenant Le Fur, au coeur des abysses de la perversité humaine.

EXTRAIT

— Euh… excuse-moi, on entre en ville et je regardais sur le GPS où est la banque… Pour répondre à ta question, si je trouve amusant que ton fiston rédige lui-même un mot d’excuse à sa prof de sport en signant comme un âne : « maman », c’est peut-être mignon, mais au lieu de t’esclaffer sur ses capacités inventives, tu aurais pu tout aussi bien l’engueuler un peu, non ?

— Psstt… Quel rabat-joie ! Tu ne comprends rien aux artistes…

— Et lui donner dix euros de surcroît, dans le dos de sa mère, parce que ce nigaud t’a fait rire… Je trouve ça fort de café, à vrai dire… Pauvre Colette ! Tu lui sapes son boulot ! Que vas-tu lui offrir la prochaine fois, à ton intermittent du spectacle, quand il fera un doigt d’honneur à son prof de maths ? Un billet de vingt ? Drôle de façon d’éduquer des gosses. Bref, on n’en parle plus, tu m’énerves… Ah ! Voilà la banque.

Si, en ce lundi matin, l’agence était fermée à la clientèle, le commissaire Le Gwen, mandaté pour une perquisition, avait joint le directeur de l’établissement une heure auparavant. Ce dernier attendait les policiers.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Avec dix-neuf titres déjà publiés, Françoise Le Mer a su s’imposer comme l’un des auteurs de romans policiers bretons les plus appréciés et les plus lus. Sa qualité d’écriture et la finesse de ses intrigues, basées sur la psychologie des personnages, alternant descriptions poétiques, dialogues humoristiques et suspense à couper le souffle, sont régulièrement saluées par la critique. Son roman Le b****r d’Hypocras a obtenu le Prix du Polar Insulaire à Ouessant en 2016. Née à Douarnenez en 1957, Françoise Le Mer enseigne le français dans le Sud-Finistère et vit à Pouldreuzic.

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Prologue
PROLOGUEBordeaux, 4 juin 1998 Candice Virtupin leva les yeux sur la femme d’entre deux âges qui venait de toquer à la vitre de la pouponnière avant d’y pénétrer. Son sourire radieux inspira toute confiance à l’infirmière puéricultrice. Celle-ci donnait un minuscule biberon à un nouveau-né dont on apercevait le visage rouge sous un bonnet de laine blanc, le corps emmitouflé à la façon d’un alpiniste et ce, malgré la chaleur ambiante. — Je suis la grand-mère de Paul, déclara-t-elle, d’un ton pas plus fier qu’une caniche toy présentant sa portée de bergers malinois aux chiens du quartier. Si Candice fut amusée par cette remarque d’une touchante candeur, elle prit néanmoins un ton pète-sec pour répondre à la visiteuse : — Vous seriez la Queen Elisabeth, Madame, que le règlement s’appliquerait aussi pour vous. Seules les mamans sont autorisées à venir chercher ou déposer leur bébé ici. Vous comprendrez facilement que nous ne pouvons recevoir toutes les mamies, sœurs, filles ou cousines de nos accouchées. Les chambres individuelles sont faites pour recevoir les familles ! — Oh ! Je suis désolée, Madame. Ne m’en veuillez pas. C’est Marie-Claire qui m’a donné le droit de venir chercher mon petit-fils pour l’amener à ma fille. Charlotte Benoît, chambre 107. L’infirmière jeta un rapide coup d’œil sur le planning des chambres, affiché au mur. — Certes, Madame… Marie-Claire ? — Chambier, Marie-Claire Chambier. Elle travaille ici et c’est ma meilleure amie. Pendant que l’on fait les soins à ma fille, elle parle avec mon mari, dans le couloir. Oh ! Je peux voir mon trésor, dites, s’il vous plaît ! Mon petit Paul ! Non seulement Marie-Claire Chambier travaillait là mais elle était la surveillante du service. Candice Virtupin travaillait sous ses ordres. — Le deuxième berceau, à partir de votre gauche, Madame. C’est l’heure creuse en ce moment. Mais ramenez vite votre chérubin à sa maman ! Je ne voudrais pas que cela crée un précédent. Le règlement est le règlement ! La femme prit pourtant le temps de bêtifier et de faire partager son émotion à la puéricultrice avant de pousser le berceau vers la sortie. — Ô, mon chéri ! C’est Grand-mère ! Comme tu es beau ! Le plus joli de tous les bébés ! Et cette petite fossette-là, sur le menton… Que tu es ravissant, mon cœur ! Tu as le front de grand-père Georges ! Et tes petits cheveux, mon chéri ? Ils sont où, tes petits cheveux ? Candice Virtupin leva les yeux au ciel quand la dame fut partie et se concentra sur son travail. Un quart d’heure plus tard, Marie-Claire Chambier regagnait la pouponnière tout en lisant attentivement un rapport médical. — Madame Masson, du 115, a de la fièvre. C’est un peu inquiétant. Le docteur Louvois n’est pas encore arrivé, Candice ? — Non, voulez-vous que je l’appelle ? — Oui, je préfère. Il me semble qu’elle fait une infection urinaire. Ah, il faudra aussi surveiller madame Da Silva, au 102. Baby-blues, je pense. Quand je suis entrée dans sa chambre, elle a aussitôt pris sa fille dans les bras mais paraissait embarrassée et contrainte. Pas une seule fois, elle n’a eu un regard pour son enfant. Je préviens une sage-femme pour qu’elle aille discuter avec la maman. Ah ! Dites aussi à Adeline d’amener le bébé à la 107. Candice Virtupin vérifia le planning et regarda la surveillante d’un air étonné. — Excusez-moi, mais vous devez vous tromper de chambre. La 107 est occupée par madame Benoît, la fille de votre meilleure amie. La grand-mère du petit Paul, selon votre directive, est venue chercher son petit-fils pour l’amener à sa maman. Le visage de la surveillante s’était figé. Candice eut alors la très désagréable intuition qu’elle allait au-devant de graves ennuis. Livide, les yeux hagards, Marie-Claire Chambier, sans prendre le temps de lui répondre, sortit précipitamment de la pouponnière. À travers la baie vitrée, l’infirmière la vit courir dans le couloir. Deux minutes plus tard, elle revenait, affolée, et composa un numéro interne. — Alerte enlèvement ! Un petit garçon de deux jours. Paul Benoît… Je ne sais pas. Une seconde… — Il y a combien de temps ? aboya-t-elle à l’adresse de Candice, tétanisée. Décrivez-moi cette bonne femme et grouillez-vous ! Vingt minutes auparavant, elle avait poussé le berceau dans les vestiaires et déposé le bébé endormi dans le sac de sport matelassé qu’elle avait laissé sur une étagère. Elle avait pris l’escalier et, sans se presser, était sortie de la clinique. Comme convenu, elle s’était dirigée sur le parking, derrière le bouquet d’arbres. Il l’attendait. Elle lui avait remis le sac. Il était resté lui parler une minute ou deux. Elle n’avait pas répondu. Puis, l’homme avait mis le sac de sport dans le coffre de sa voiture et était parti. Il avait pris la direction de Bordeaux-Mérignac et, une fois arrivé sans encombre à l’aéroport, s’était garé près de la piste réservée aux petits avions de tourisme. Le couple suisse l’attendait devant leur Diamond DA20 ; le biplace était prêt à décoller. Le pilote avait vérifié le contenu du sac de sport, avait souri à sa femme et avait sorti de l’appareil une mallette qu’il avait remise à l’homme. Lui aussi avait compté les liasses de billets. Au moment où, contents de leur échange, les deux hommes se serraient la main, l’alerte enlèvement venait tout juste d’être donnée. Avant de quitter l’aéroport, il était resté dans sa voiture à regarder le petit avion s’envoler dans les airs.

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