Déchirures et Confrontations

1183 Words
Le soleil de l'après-midi se frayait un chemin entre les grands immeubles parisiens, projetant une douce lumière sur les rues animées. Alexandre observait la ville à travers la vitre de son bureau, perdu dans ses pensées. Depuis qu’il avait revu Éléa, il n'arrivait pas à se concentrer. Ce visage, cette voix, ces souvenirs refusaient de quitter son esprit. Il avait fait un choix – pour son enfant, pour la stabilité – mais il réalisait que l’écho de ses sentiments pour Éléa résonnait encore en lui, défiant toutes ses résolutions. Sophie, quant à elle, semblait plus nerveuse et exigeante depuis cette rencontre. Alexandre la sentait tendue, parfois même en colère sans raison apparente. Ce soir-là, ils avaient prévu de sortir prendre un café, un petit moment pour se détendre et essayer de renforcer leur lien, mais il ne se doutait pas que le passé allait venir s’immiscer dans leurs plans. Pendant ce temps, Éléa sortait du bureau avec une envie pressante de souffler. La journée avait été épuisante, et ses pensées revenaient sans cesse à sa rencontre avec Alexandre. Elle avait pris l’habitude, depuis quelques semaines, de se rendre dans un petit café de son quartier pour se détendre après le travail. Ils y servaient son café préféré, un cappuccino à la vanille, garni d’une crème fouettée onctueuse et saupoudré de poudre de cacao. Rien que de penser à cette boisson réconfortante lui redonnait de l’énergie. Lorsqu’elle entra dans le café, elle sentit immédiatement une chaleur familière l’envelopper. Elle commanda son cappuccino à la vanille, s’installa à une table près de la fenêtre, et prit un moment pour se détendre, savourant l’odeur douce et sucrée du café qui emplissait la pièce. Son cappuccino arriva, la mousse légère et parfaite, parsemée de cacao. Elle prit une première gorgée, et un sourire ravi s’afficha sur son visage. Mais au même instant, une voix aigüe et bien trop familière interrompit ce moment de paix. « Eh bien, Éléa… encore là à traîner ? » Éléa leva les yeux et vit Sophie se tenir devant elle, un sourire acéré sur les lèvres, son regard perçant empli de mépris. À côté de Sophie, Alexandre semblait mal à l’aise, comme s’il avait déjà anticipé le tournant que prendrait cette rencontre. Elle sentit son cœur se serrer et prit une respiration lente, espérant garder son calme. « Que fais-tu ici, Éléa ? » demanda Sophie, sa voix empreinte d’irritation. Avant même qu’Éléa ne puisse répondre, Sophie enchaîna, d’une voix de plus en plus froide : « Je pensais que tu aurais compris que tu n’as plus de place ici. » Alexandre tenta de calmer Sophie, posant une main apaisante sur son épaule. « Sophie, ce n’est pas le moment ni l’endroit. Laisse Éléa tranquille, s’il te plaît. » Mais Sophie l’ignora, son regard rivé sur Éléa, comme si elle n’attendait qu’une excuse pour se laisser aller à la colère qui brûlait en elle. Éléa, tentant de rester calme, essaya de boire une nouvelle gorgée de son café pour ignorer la tension, mais l’odeur lui sembla soudainement insupportable. Une nausée intense lui monta à la gorge, la surprenant. Elle se força à rester impassible, mais son visage devait trahir son malaise. Alexandre, en observant Éléa, remarqua son trouble. « Éléa… tout va bien ? » demanda-t-il, une lueur d’inquiétude dans la voix. « Ne t’occupe pas d’elle, Alexandre, » coupa Sophie, exaspérée. « C’est moi que tu devrais regarder. Ou est-ce que tu es encore plus préoccupé par elle que par moi ? » Éléa, dont la nausée devenait insoutenable, se leva doucement, espérant passer sans provoquer davantage de confrontation. Mais Sophie s’avança pour lui bloquer le passage, la défiant du regard. « Éléa, réponds-moi ! Pourquoi es-tu encore là ? Pourquoi reviens-tu troubler notre vie ? » lança-t-elle, sa voix montant d’un ton, attirant l’attention des autres clients du café. Tandis qu’Éléa cherchait désespérément à trouver une issue, le malaise atteignit un point critique, et elle parvint enfin à se dégager pour sortir, espérant qu’un peu d’air frais calmerait ses nausées. Elle se fraya un chemin jusqu’à la porte, sans accorder un regard à Sophie, qui, outrée, la suivit à l’extérieur, déterminée à poursuivre cette scène. Éléa inspira profondément en sortant, le vent frais soulageant un peu son malaise. Mais Sophie, toujours hors d’elle, vint la rejoindre. « Tu n’as aucun droit de nous ignorer comme ça, Éléa ! J’ai bien vu ce que tu essaies de faire. Tu penses pouvoir revenir et détruire notre couple ? » lança Sophie, son ton devenant acerbe. Éléa, sentant sa patience atteindre ses limites, la fixa d’un regard dur. « Sophie, je ne suis pas revenue pour vous. Laisse-moi tranquille. » Elle se retourna pour régler l’addition à l’intérieur, espérant clore cet échange le plus vite possible. Mais lorsqu’elle sortit du café pour rentrer chez elle, Sophie l’attendait toujours, cette fois encore plus furieuse. « Tu crois que tu es meilleure que moi, c’est ça ? Arrête de te croire intouchable, Éléa ! Alexandre est avec moi, et rien de ce que tu fais ne changera ça. » Éléa, cherchant à apaiser la situation, posa son regard sur elle, un mélange de compréhension et de distance dans les yeux. « Sophie, tu es enceinte. Pense à ton bébé. Est-ce vraiment comme ça que tu veux agir ? » Cette remarque attisa encore plus la colère de Sophie, dont le visage se durcit davantage. Alexandre, qui avait rejoint les deux femmes à ce moment-là, observa la scène avec un malaise palpable. « Tu n’as pas à me dire comment penser ou agir, Éléa ! » hurla Sophie, fulminante. Alexandre tenta de nouveau d’apaiser Sophie, posant une main ferme sur son épaule. « Sophie, calme-toi. Ce n’est pas bon pour toi ni pour le bébé. » Mais Sophie le repoussa, se tournant vers lui avec un regard accusateur. « Ah, bien sûr, toujours à défendre Éléa, n’est-ce pas ? Pourquoi ne la laisses-tu pas sortir de notre vie pour de bon ? » Le regard d’Alexandre passa d’une expression peinée à une dureté froide. Voyant que la situation échappait à tout contrôle, il tourna son regard vers Éléa, une lueur glaciale dans les yeux, comme s’il lui en voulait d’avoir ravivé ces émotions chez Sophie. « Éléa… Pars, » dit-il, sa voix dure, trahissant une détermination sans appel. « Je ne veux plus que tu causes du mal ici. Laisses-nous. » Ces mots frappèrent Éléa comme un coup de poing. Jamais elle n’aurait imaginé qu’il lui parlerait ainsi. Elle le regarda, choquée, la gorge serrée par la douleur. « Très bien, » murmura-t-elle, rassemblant toute la dignité dont elle était capable. « Je te souhaite le meilleur, Alexandre. » Elle tourna les talons, s’éloignant de lui, sans se retourner. Elle sentit son cœur se serrer, mais en marchant, elle se promit de se reconstruire, loin de cette douleur et de ces confrontations qui ne faisaient que la ramener à des souvenirs blessants. Elle quitta le quartier, une détermination nouvelle en elle, consciente que cette fois-ci, elle n’avait plus rien à attendre de cet amour du passé.
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