Le matin se leva doucement sur Paris, baignant l’appartement d’Éléa d’une lumière douce. Elle se réveilla avec un mélange étrange de paix et de confusion. La rencontre de la veille avec Alexandre la hantait encore. Ses mots résonnaient dans sa tête, et chaque détail revenait avec une précision troublante : le regard profond, la lueur de tristesse dans ses yeux, les mots qu’il avait dits avec une tendresse teintée de regrets. Une partie d’elle-même se demandait si tout cela avait été réel. Elle s’était promis de tourner la page, mais cette rencontre semblait avoir ravivé des sentiments et des souvenirs qu’elle croyait enterrés.
Cependant, elle se reprit. Elle avait sa propre vie maintenant, et elle se sentait déterminée à ne pas laisser cette rencontre la déstabiliser. Elle se leva, inspira profondément, et se prépara pour une nouvelle journée de travail. Elle avait un poste qu’elle appréciait, des collègues chaleureux, et une ville qui, peu à peu, devenait à nouveau un lieu où elle se sentait chez elle.
Éléa arriva au bureau plus tôt que d’habitude, espérant se plonger dans ses dossiers pour chasser ses pensées. À son arrivée, elle fut accueillie par Thomas, le jeune graphiste, qui lui adressa un sourire en lui tendant un café.
« Salut, Éléa ! Prête pour une nouvelle journée de folie ? » plaisanta-t-il en lui tendant la tasse.
Elle rit doucement, appréciant cette légèreté qui contrastait tant avec les tourments de son esprit. « Toujours prête ! Merci pour le café, Thomas. »
La matinée s’écoula dans une ambiance studieuse, mais détendue. Ses collègues échangeaient des blagues, les discussions s’enchaînaient, et Éléa sentit son esprit se relâcher peu à peu. Camille, avec son rire communicatif, raconta une anecdote de la veille, déclenchant les rires de toute l’équipe.
Éléa se plongea dans les projets de la semaine, travaillant sur des concepts créatifs et des présentations à préparer pour Monsieur Lambert. Elle se sentait soutenue par l’équipe, chaque membre apportant sa touche personnelle et une énergie positive qui la nourrissait. Le rythme du travail, les rires autour d’elle, et l’esprit d’équipe l’aidaient à retrouver une stabilité intérieure. Chaque moment partagé avec ses collègues renforçait son sentiment de faire partie de quelque chose de nouveau, de vivant.
À l’heure du déjeuner, elle rejoignit Camille et Thomas pour une pause en terrasse. Ils discutèrent de leurs vies, de leurs aspirations et, pour la première fois depuis longtemps, Éléa se surprit à partager des fragments de son passé sans tristesse ni amertume.
« Paris peut être étouffant parfois, mais quand on est bien entouré, c’est aussi la plus belle des villes, » confia Thomas en sirotant son café.
Éléa acquiesça, un sourire apaisé sur les lèvres. « C’est vrai. Et puis, c’est ici que je peux vraiment me sentir moi-même. »
De retour chez elle après cette journée revigorante, Éléa posa ses affaires et se sentit prise d’une envie soudaine de cuisiner un bon plat de pâtes à la bolognaise. Elle n’était pas particulièrement adepte de la cuisine, mais ce soir-là, elle ressentait l’envie de s’offrir un moment de plaisir simple, comme un moyen de célébrer cette petite victoire qu’était sa stabilité retrouvée.
Elle enfila son tablier, alluma une playlist de chansons joyeuses, et se mit à sortir tous les ingrédients : tomates, oignons, ail, viande hachée, herbes et épices. Tandis qu’elle coupait les légumes en dansant, elle se surprit à rire toute seule. Il y avait quelque chose de réconfortant dans ces gestes, un plaisir à préparer ce repas qui, elle en était certaine, serait délicieux.
Puis, elle se rappela avoir acheté une bouteille de vin pour accompagner son plat. Elle l’attrapa dans le placard et la contempla. La bouteille portait une étiquette élégante : un Bordeaux de qualité, marqué de la mention « Château Lafleur », une marque réputée pour sa saveur équilibrée. Elle se souvenait de l’avoir achetée pour une occasion spéciale, mais elle ne se rappelait plus laquelle.
Elle déboucha la bouteille avec précaution, s’apprêtant à verser un verre pour accompagner sa cuisine. Le vin avait une couleur rubis profond, et elle s’attendait à un parfum riche et enivrant. Pourtant, lorsqu’elle approcha le verre de son nez, elle fut saisie d’un malaise inattendu. Une odeur étrange et désagréable lui monta aux narines, lui donnant presque la nausée. Surprise, elle fronça les sourcils, pensant que la bouteille devait être bouchonnée.
« Ce n’est pas possible, je viens de l’acheter… » murmura-t-elle, perplexe.
Elle hésita un instant, mais décida tout de même de prendre une petite gorgée pour en avoir le cœur net. À peine le vin effleura-t-il ses lèvres qu’une vague de dégoût la submergea. Elle posa le verre précipitamment, sa main portant instinctivement une main à son ventre, alors qu’une nausée intense la prenait.
Sans réfléchir, elle se dirigea vers la salle de bains, le cœur au bord des lèvres, et se pencha au-dessus du lavabo, tentant de maîtriser cette sensation de malaise. Une fois les nausées passées, elle se redressa, observant son reflet dans le miroir avec étonnement.
« Ce vin ne devait vraiment pas être bon… » murmura-t-elle, comme pour se rassurer.
Un peu ébranlée, elle décida de ranger la bouteille, se promettant de ne plus l’ouvrir. Elle reprit ses esprits et opta pour une simple infusion à la place du vin. En reprenant la préparation de son plat, elle mit cet incident étrange de côté, pensant simplement que le vin n’était pas aussi frais qu’elle l’avait cru.
La soirée continua, et elle mit finalement la sauce à mijoter, savourant l’odeur délicieuse qui se répandait dans son petit appartement. Elle se sentait bien, entourée de cette chaleur simple et réconfortante, comme si elle s’offrait un cocon de douceur pour elle seule.
Une fois la sauce prête et les pâtes cuites, Éléa disposa son plat dans une assiette creuse, ajoutant une touche de parmesan râpé. Elle s’installa à la table de sa petite cuisine, le regard pétillant d’enthousiasme. La première bouchée fut un pur régal, et elle ferma les yeux pour savourer chaque saveur de la sauce bolognaise qu’elle avait si soigneusement préparée. Ce repas simple et réconfortant lui réchauffa le cœur, et elle se surprit à sourire, heureuse de ce moment de paix.
Le repas terminé, elle rangea les restes, nettoya les ustensiles et laissa la cuisine parfaitement ordonnée. Puis elle éteignit la musique et se dirigea vers la salle de bain pour se brosser les dents. En relevant les yeux vers le miroir, son regard croisa son propre reflet. Elle s’observa un instant, repensant malgré elle à la rencontre inattendue avec Alexandre.
Un pincement au cœur l’envahit alors. Les souvenirs et les sentiments enfouis rejaillissaient, éveillant un tourbillon d’émotions qu’elle tentait de contrôler. Elle se ressaisit, se rappelant sa promesse de se reconstruire et d’avancer, loin des blessures du passé.
Elle quitta la salle de bain et se glissa sous les couvertures. Malgré le pincement persistant, elle se força à penser aux choses positives de cette journée et aux petits instants de bonheur qu’elle retrouvait peu à peu. Finalement, elle s’endormit, un sourire doux et déterminé aux lèvres, prête à continuer sur ce chemin de renouveau.