Le lendemain matin, Éléa se réveille avec une détermination renouvelée. Les souvenirs de la confrontation avec Sophie et Alexandre la tourmentent encore, mais elle décide de ne pas se laisser envahir par la douleur. Elle s'habille soigneusement, choisissant une tenue professionnelle sobre mais élégante, et se rend au bureau plus tôt que d'habitude. Elle veut se plonger dans son travail, dans ce cadre qui, malgré tout, lui apporte un certain équilibre.
En arrivant, elle remarque l’agitation habituelle du matin : les collègues discutant devant la machine à café, les téléphones qui commencent à sonner, et les premières réunions qui s’organisent. Le bureau est un espace moderne, baigné de lumière naturelle grâce à de grandes baies vitrées. Les plantes disposées ça et là ajoutent une touche de verdure apaisante, et la décoration minimaliste mais chaleureuse crée une ambiance propice à la concentration.
Elle s’installe à son poste et ouvre son ordinateur, prête à attaquer ses tâches. Mais une pensée intrusive d’Alexandre traverse son esprit, accompagnée du souvenir de son regard, à la fois surpris et rempli de tension. Elle secoue la tête, refusant de s’attarder dessus, et commence à taper furieusement sur son clavier pour éviter de ressasser.
Un nouveau collègue, **Lucas**, vient s’asseoir à côté d’elle. Lucas est un homme dans la trentaine, au sourire facile et à l’humour désarmant. Il s’intègre rapidement à l’équipe grâce à son énergie positive. Aujourd’hui, ils doivent travailler ensemble sur un projet. Dès les premières minutes, Lucas fait un commentaire léger sur la complexité du dossier, ce qui arrache un sourire à Éléa.
- *« Tu sais, on pourrait tout régler en cinq minutes si on avait une baguette magique. »*
Elle rit doucement, surprise par sa capacité à la détendre.
- *« Malheureusement, on n’en a pas, alors il va falloir compter sur nos compétences. »*
Leur collaboration se passe bien, et Lucas, attentif, remarque les moments où Éléa semble perdue dans ses pensées. Il propose une pause café, qu’elle accepte, se disant qu’une distraction pourrait lui faire du bien. À la cafétéria, ils discutent de leurs expériences professionnelles et personnelles. Lucas mentionne son amour pour les voyages et ses nombreux périples en Europe.
- *« Tu devrais essayer la Toscane, Éléa. C’est magnifique, et la nourriture est incroyable. »*
Elle répond avec un sourire :
- *« Peut-être un jour. Pour l’instant, je me contente de Paris et de son chaos quotidien. »*
Cette conversation lui rappelle qu’il y a encore des choses simples à apprécier dans la vie. De retour à son poste, Éléa se sent étrangement plus légère. Elle termine sa journée avec efficacité, un rare moment où elle n’a pas pensé à Alexandre.
Pendant ce temps, Alexandre rentre tard chez lui après une journée harassante. Lorsqu’il franchit la porte, un silence pesant l’accueille. Sophie n’est pas à la maison. Il vérifie son téléphone et constate qu’elle n’a laissé aucun message. Son inquiétude monte progressivement. Il tente de l’appeler, mais ses appels restent sans réponse. L’idée qu’elle soit dehors, enceinte, sans qu’il sache où, le rend nerveux.
De son côté, Sophie est dans un bar chic du centre-ville avec ses amies. Le lieu est élégant, avec des lumières tamisées et une musique lounge en fond. Autour d’une table, elles discutent, rient et commandent des cocktails. Bien qu’elle soit enceinte, Sophie se permet de boire un verre de vin blanc, puis un deuxième. L’une de ses amies, **Louise**, lui lance un regard inquiet :
- *« Sophie, tu sais que ce n’est pas bon pour le bébé. Tu devrais vraiment éviter l’alcool. »*
Sophie, visiblement agacée, rétorque :
- *« Ce n’est qu’un verre, Louise. Arrête de t’inquiéter. Tout va bien. »*
Mais ce n’est pas qu’un verre. Sophie continue à boire, ignorant les regards réprobateurs de ses amies. Au bout de quelques verres, elle commence à rire plus fort et à parler de manière décousue, oubliant totalement sa situation. Ses amies, exaspérées, finissent par changer de sujet pour ne pas provoquer une dispute.
Pendant ce temps, Alexandre fait les cent pas dans le salon, le téléphone à la main. Chaque minute qui passe amplifie son anxiété. Il imagine le pire, se demandant où Sophie peut être et si elle va bien. Lorsqu’il entend enfin la porte d’entrée s’ouvrir vers deux heures du matin, un mélange de soulagement et de colère l’envahit.
Sophie entre, visiblement fatiguée mais essayant de dissimuler son état. Alexandre s’approche, immédiatement alerté par l’odeur d’alcool qui l’entoure.
- *« Sophie, où étais-tu ? Je t’ai appelée toute la soirée ! »*
Sophie évite son regard et répond évasivement :
- *« J’étais avec mes amies, ce n’est pas grave. Tu te fais toujours trop de souci. »*
Mais Alexandre insiste, la colère montant :
- *« Pas grave ? Tu es enceinte, Sophie. Tu as bu, n’est-ce pas ? »*
Elle tente de minimiser :
- *« Ce n’était rien, juste quelques verres. Je vais bien, le bébé va bien. »*
Ces paroles mettent le feu aux poudres. Alexandre hausse le ton, laissant éclater sa frustration :
- *« Comment peux-tu être aussi irresponsable ? Ce n’est pas que toi, Sophie. Il y a un bébé en jeu, notre bébé ! »*
Face à ses reproches, Sophie éclate en sanglots, ce qui désarme Alexandre. Il prend une profonde inspiration pour se calmer, conscient que crier ne fera qu’aggraver la situation. Après un moment, il s’assied à côté d’elle et adopte un ton plus doux :
- *« Sophie, je sais que tu traverses une période difficile, mais tu dois penser au bébé. Je veux être là pour toi, mais tu dois aussi faire un effort. »*
Sophie, entre deux sanglots, finit par avouer :
- *« Je… je suis désolée, Alexandre. Je me sentais seule, et j’ai perdu le contrôle. Je te promets que ça ne se reproduira plus. »*
Alexandre, bien que sceptique, décide de lui laisser une chance. Mais au fond de lui, il se demande combien de fois encore il pourra tolérer de tels comportements. Il se couche cette nuit-là avec un poids sur la poitrine, songeant à l’instabilité croissante de leur mariage et au danger que cela représente pour leur enfant.