Le bruit rauque prit une ampleur croissante. Enfin, tout à coup, ce brouillard s’entrouvrit, et on en vit sortir toutes les longues lignes de la cavalerie royale, en vagues successives, richement teintes d’écarlate, de bleu, et d’or, un spectacle aussi grandiose qu’on n’en vit jamais. Il y avait, dans cette marche mesurée, régulière d’un si nombreux corps de cavalerie, je ne sais quoi qui donnait l’idée d’une puissance irrésistible. Les rangs succédant aux rangs, les lignes aux lignes, drapeaux flottants, crinières au vent, brillants d’acier, ils se déversaient en avant, formant à eux seuls une armée, dont les ailes étaient encore masquées par le brouillard. Comme ils s’avançaient avec ce bruit de foudre, se touchant du genou, bride, contre bride, on entendit venir de leur côté une tel