I - L’Affaire du Pont de Keynsham-1
I
L’Affaire du Pont de KeynshamLe lundi 21 juin 1685 se leva très sombre, avec un vent v*****t, des nuages noirs se mouvaient lourdement dans le ciel, et une pluie fine, continuelle, tombait.
Néanmoins, quelques instants après l’aube, les clairons de Monmouth se firent entendre dans tous les quartiers de la ville, depuis le pont sur la Tone jusqu’à Shuttern.
À l’heure dite, les régiments se rassemblèrent.
L’appel fut fait et l’avant-garde traversa d’un pas alerte la porte de l’Est.
On sortit dans le même ordre que lors de l’entrée, notre régiment et les bourgeois de Taunton formant l’arrière-garde.
Le maire Timewell et Saxon s’étaient partagé l’organisation de cette partie de l’armée, et comme c’étaient des gens qui avaient longtemps servi, ils placèrent l’artillerie dans une situation moins exposée et postèrent une forte troupe de cavalerie à l’arrière, à une portée de canon, pour faire face à toute attaque des dragons du Roi.
On fut unanime à constater que l’armée avait fait de grands progrès au point de vue de l’ordre et de la discipline pendant notre halte de trois jours, grâce sans doute à la peine, que nous avions prise pour l’exercer sans relâche, et à notre attitude militaire.
En rangs solides, serrés, les hommes allaient, faisant jaillir la boue liquide ou épaisse, tout en échangeant de rudes plaisanteries campagnardes ou en chantant un couplet entraînant d’une chanson ou d’un hymne.
Sir Gervas chevauchait en tête de ses mousquetaires, dont les queues enfarinées pendaient molles et moites, et toutes dégoutantes d’eau.
Les piquiers de Lockarby et ma compagnie de faucheurs étaient pour la plupart des travailleurs des champs, endurcis à toutes les intempéries, et ils marchaient patiemment, les gouttes de pluie coulant sur leurs faces hâlées.
En avant se trouvait l’infanterie de Taunton, en arrière la file encombrante des chariots à bagages, que suivait la cavalerie.
Ce fut ainsi que la longue ligne se déroula par-dessus les hauteurs.
Quand on fut arrivé au sommet, où la route commence à descendre sur l’autre versant, on commanda une halte pour permettre aux régiments de se serrer et nous jetâmes un coup d’œil en arrière sur cette jolie ville qu’un si grand nombre des nôtres ne devaient pas revoir.
Nous apercevions sans peine sur les murailles sombres et les toits des maisons le flottement, l’agitation des mouchoirs blancs de ceux que nous quittions.
Ruben chevauchait bride à bride avec moi, sa chemise de rechange battant au vent et ses grands piquiers, la figure toute épanouie d’un large rire, marchant derrière lui, mais ses pensées et ses regards étaient trop loin de là pour qu’il pût les remarquer.
Pendant que nous regardions, une longue flèche de lumière solaire jaillit entre les deux bancs de nuages qui doraient le sommet du clocher de Sainte-Madeleine et l’étendard royal qui y flottait encore.
Cet incident fut salué comme un présage favorable et une acclamation retentissante se propagea de rang en rang.
À cette vue, on agita les chapeaux et il y eût un grand cliquetis d’armes.
Alors les clairons sonnèrent en fanfare.
Les tambours battirent une marche guerrière.
Ruben rentra sa chemise dans son havresac.
Et l’on se remit en route à travers la boue, la vase, les nuages mornes toujours suspendus sur nous, s’appuyant sur les collines non moins mornes à notre droite et à notre gauche.
Un chercheur de présage aurait peut-être dit que le ciel pleurait sur notre fatale aventure.
Pendant tout le jour, on marcha péniblement sur des routes qui n’étaient que des fondrières, avec de la boue jusqu’aux chevilles.
Le soir, on se dirigea vers Bridgewater, où nous fîmes quelques recrues et ajoutâmes quelques centaines de livres à notre caisse militaire, car c’était une localité prospère, avec un commerce très actif de cabotage qui s’étendait sur tout le cours de la rivière de Parret.
Après avoir passé une nuit sous des abris confortables, nous repartîmes par un temps pire encore que la veille.
Dans cette région, le sol est une vaste fondrière, même au temps le plus sec, mais de fortes pluies avaient fait déborder les mares et les avaient changées en vastes lacs des deux côtés de la route.
Cela avait peut-être un bon côté pour nous, car nous étions aussi protégés contrer les raids de la cavalerie du Roi, mais notre marche en était très ralentie.
Et, tout le jour, on ne fit que barboter dans la vase et la boue.
Les gouttes de pluies brillaient sur les canons des fusils et ruisselaient sur les flancs des chevaux au pied lourd.
Nous longeâmes la Parret enflée, traversâmes Eastover, le paisible village de Bawdrip.
Nous franchîmes la hauteur de Polden.
Les clairons sonnèrent enfin la halte sous les bosquets d’Ashcot et un grossier repas fut servi aux hommes.
Puis en route sous la pluie impitoyable !
On traversa le parc boisé de l’Auberge au joueur de flûte, puis Walton, où l’inondation menaçait les chaumières.
On longea les vergers de Street et on arriva ainsi, à la tombée de la nuit, dans la vieille et grise cité de Glastonbury, où les bonnes gens firent de leur mieux pour faire oublier, par leur chaleureux accueil, les souffrances que causait le mauvais temps.
Le lendemain matin fut encore pluvieux et inclément.
En conséquence, l’armée fit une étape pour attendre Wells.
C’est une ville assez importante, avec une belle cathédrale, qui possède un grand nombre de figures sculptées placées dans des niches à l’extérieur, comme nous en avions vu à Salisbury.
Les habitants étaient fort bien disposés pour la cause protestante et l’armée fut si bien accueillie que sa nourriture coûta peu à la caisse militaire.
Ce fut au cours de cette étape que nous vînmes pour la première fois en contact avec la cavalerie royale.
Plus d’une fois, quand la buée de la pluie s’éclaircissait, nous avions vu l’éclat des armes sur les collines basses qui dominaient la route, et nos éclaireurs étaient revenus annoncer qu’ils avaient aperçu sur nos deux flancs de fortes troupes de dragons.
À un certain moment, ils se massèrent en grand nombre sur nos derrières, comme s’ils se proposaient d’attaquer nos bagages.
Mais Saxon disposa des deux côtés un régiment de piquiers, de sorte qu’ils se dispersèrent et qu’on ne revit plus leurs armes luire que sur les bailleurs.
On partit de Wells, le 24, pour gagner Shepton Mallet, sans cesser d’entrevoir derrière nous et de chaque côté les maudits sabres et casques.
Ce soir-là, nous étions près du pont de Keynsham, à moins de deux lieues, à vol d’oiseau, de Bristol.
Plusieurs de nos cavaliers passèrent la rivière à gué et s’avancèrent presque jusqu’aux murailles.
Le matin, les nuages, chargés de pluie, avaient fini par s’éclaircir.
Aussi Ruben et moi, nous descendîmes lentement sur nos montures la pente d’une des vertes collines qui s’élevaient à l’arrière du camp, dans l’espoir d’apercevoir quelques indices de l’ennemi.
Nos hommes avaient été laissé libres.
Ils étaient éparpillés sur l’herbe, essayant d’allumer des feux avec du bois mouillé ou mettant leurs habits à sécher au soleil.
C’était là une troupe bien étrange à voir.
Ils étaient cuirassés de boue de la tête aux pieds.
Leurs chapeaux ramollis s’étaient déformés, leurs armes rouillées, leurs bottes si usées que beaucoup marchaient nu-pieds, et que d’autres avaient roulé leurs mouchoirs autour de leurs pieds.
Et pourtant leur court passage par la vie militaire avait fait de ces rustres aux bonnes figures, des gaillards aux regards farouches, à moitié rasés, aux joues creuses, sachant « présenter armes » ou « mettre la pique sur l’épaule », comme s’ils n’avaient fait que cela depuis leur enfance.
Les officiers ne se trouvaient pas mieux partagés que les hommes.
D’ailleurs, mes chers enfants, nul officier, quand il est de service, ne s’abaisserait à se procurer un confortable que tous ne pourraient point partager avec lui.
Il doit prendre place au feu du bivouac, partager l’ordinaire du soldat, ou bien tout laisser-là, car il est un embarras, une pierre d’achoppement.
Nos habits étaient en bouillie, nos cuirasses rougies par la rouille, nos chevaux aussi tachés, aussi éclaboussés que s’ils s’étaient roulés dans la vase.
Même nos épées et nos pistolets étaient dans une condition telle que nous avions de la peine à dégainer les unes et faire partir les autres.
Seul Sir Gervas réussit à maintenir jusqu’au bout sur son costume et sa personne la propreté poussée jusqu’à la coquetterie.
Que faisait-il pendant les gardes de nuit et comment arrivait-il à dormir ?
Ce fut toujours un mystère pour moi, car chaque jour il se montrait à l’appel du clairon lavé, parfumé, brossé, la perruque bien arrangée, avec des vêtements desquels jusqu’à la dernière éclaboussure avait été enlevée soigneusement.
À l’arçon de sa selle était toujours suspendu la boîte pleine de farine où nous l’avions vu puiser à Taunton, et ses braves mousquetaires avaient la tête dûment poudrée tous les matins, bien que leurs, queues redevinssent une heure après aussi brunes que la nature les avait faites, bien que la farine s’en allât en minces filets laiteux sur leurs larges dos, en formant des grumeaux sur les bords de leurs habits.
Ce fut une longue lutte contre le mauvais temps et le baronnet, mais ce fut notre camarade qui remporta.
– Il fut un temps où on m’appelait le Gros Ruben, disait mon ami, comme nous chevauchions côte à côte sur la route tortueuse. Avec trop peu de ce qui est solide et trop de l’élément liquide, je finirai par être le squelette Ruben avant de revoir Havant. Je suis aussi plein d’eau de pluie que les barils de mon père de bière d’octobre. Je voudrais, Micah, que vous me tordiez et que vous me mettiez à sécher sur un de ces buissons.
– Si vous êtes mouillé, les gens du Roi Jacques doivent l’être encore plus, dis-je, car après tout nous avons été abrités tant bien que mal.
– C’est une piètre consolation, quand vous crevez de faim, de savoir que votre prochain est dans la même situation. Je vous en donne ma parole, Micah, j’ai serré ma ceinture d’un cran lundi ; d’un autre mardi, d’un hier, et d’un autre aujourd’hui. Je vous le dis, je fonds comme un glaçon au soleil.
– Si vous en venez à être réduit à rien, dis-je en riant, qu’est-ce que nous aurons à raconter sur vous à Taunton ? Depuis que vous avez endossé la cuirasse et que vous êtes à la conquête des cœurs de nos demoiselles, vous nous avez dépassés tous en importance, et vous êtes devenu un homme de poids, un homme considérable.
– J’avais plus de substance, plus de poids, avant de me mettre à traîner sur les routes de la campagne comme un colporteur de Hambledon, dit-il. Mais pour dire la vérité vraie et parler sérieusement, Micah, c’est une chose étrange de sentir que le monde qui se trouve tout entier devant vous, vos espérances, vos ambitions, tout en un mot, se tiennent dans le petit espace que peut couvrir un bonnet et que supportent deux petits pieds. Il me semble qu’elle est ce qu’il y a de plus noble, de plus élevé en moi, et que si j’étais arraché d’elle, je resterais à jamais un être incomplet, inachevé. Avec elle, je ne demande pas autre chose. Sans elle, tout le reste n’est rien.
– Mais avez-vous parlé au vieillard ? demandai-je. Êtes-vous fiancé en règle ?
– Je lui ai parlé, répondit mon ami, mais il était si occupé à garnir les cartouches, que je n’ai pu obtenir son attention. Lorsque j’ai fait une nouvelle tentative, il était en train de compter les piques de rechange dans la salle d’armes du château, avec une taille et un encrier. Je lui ai dit que j’étais venu pour solliciter la main de sa petite-fille. Sur quoi il s’est tourné vers moi, et m’a demandé : « Quelle main ? » d’un air si distrait qu’il était évident que son esprit était ailleurs. Mais à la troisième tentative, le jour où vous êtes revenu de Badminton, j’ai présenté enfin ma requête, mais il a pris feu aussitôt, pour me dire que ce n’était pas la saison de pareilles sottises, ajoutant que j’aurais à attendre que le Roi Monmouth fut sur le trône et qu’alors je pourrais lui faire ma demande. Je vous réponds qu’il ne traitait pas ces choses-là de sottises, il y a cinquante ans, quand il faisait lui-même sa cour.
– Du moins il ne vous a pas refusé, dis-je. Cela vaut autant qu’une promesse, de vous dire que si l’entreprise réussit, vous réussirez aussi.
– Sur ma foi, s’écria Ruben, si un homme pouvait amener ce résultat, rien qu’avec sa lame, il n’y en a point qui s’y intéresse aussi vivement que moi. Non ! pas même Monmouth en personne. Depuis longtemps l’apprenti Derrick a levé les yeux jusqu’à la petite-fille de son maître et le vieux était prêt à faire de lui son fils, tant il était enchanté de le voir si pieux et si zélé. Mais j’ai appris indirectement que ce n’est qu’un débauché, un homme aux plaisirs bas, bien qu’il cache ses frasques sous des dehors pieux. J’ai pensé, tout comme vous, qu’il était à la tête des tapageurs qui ont tenté d’enlever Mistress Ruth, et pourtant sur ma foi ! je n’ai guère sujet de les blâmer sévèrement puisqu’ils m’ont rendu le plus grand service que jamais des gens aient rendu. En attendant, avant notre départ de Wells, il y a deux nuits, j’ai saisi l’occasion de dire quelques mots à ce sujet à Maître Derrick et de l’avertir de ne comploter aucune trahison contre elle, s’il tenait à sa vie.
– Et comment a-t-il accueilli cette bienveillante sommation ?
– Comme un rat accueille un piège à rat. Il a grogné quelques mots de haine dévote et s’est esquivé.
– Sur ma vie, mon garçon, dis-je, vous avez eu autant d’aventures de votre côté que moi du mien. Mais nous voici au sommet de la hauteur, avec une perspective aussi étendue qu’on peut le souhaiter.
Juste au-dessous de nous courrait l’Avon, traversant en longues courbes un pays boisé et renvoyant les rayons du soleil tantôt sur un point, tantôt sur un autre.
On eût dit une rangée de soleils minuscules sur une corde d’argent.
De l’autre côté, le pays paisible, aux teintes variées, montait et descendait en ondulations, qui présentaient à la vue champs de blés et vergers, et s’étendait au loin pour finir en une lisière de forêts, sur les collines lointaines de Malvern.
À notre droite étaient les hauteurs verdoyantes des environs de Bath, à notre gauche les crêtes déchiquetées des Mendips, Bristol, la reine du pays, tapie derrière ses fortifications, et plus en arrière, les eaux grises du Canal, avec des voiles blanches comme la neige.
À nos pieds se trouvaient le pont de Keynsham, notre armée formant des taches sombres sur le vert des champs, la fumée des bivouacs et les voix des conversations flottant encore dans l’air de l’été.
Une route longeait les bords de l’Avon du côté du Comté de Somerset.
Sur cette route s’avançaient deux escadrons de cavalerie, qui se proposaient d’établir des postes avancés sur notre flanc d’est.
Comme ils défilaient à grand bruit, sans grand ordre, ils avaient à traverser un bois de pins, dans lequel la route fait un brusque détour.
Nous étions en train de contempler la scène, quand tout à coup, pareil à l’éclair qui jaillit du nuage, un escadron des Horseguards fit demi-tour pour se lancer sur le terrain découvert, et passant rapidement à l’allure du trot, puis du galop, fondit comme un tourbillon d’habits bleus et d’acier sur nos escadrons surpris.
Des rangs de tête partit le bruit des carabines qu’on épaule, mais en un instant, les Gardes passèrent à travers eux et fondirent sur le second escadron.
Pendant quelque temps les braves paysans tinrent ferme.
La masse compacte d’hommes et de chevaux oscillait, avançant, reculant, les lames de sabre tournoyant au-dessus d’elle en éclairs d’une lumière rageuse.
Puis, des habits bleus se montrèrent çà et là parmi les habits de bure.
La lutte reporta ses mouvements furieux sur une centaine de pas en arrière.
La masse épaisse fut fendue en deux et les Gardes du Roi s’élancèrent comme un flot dans la brèche, s’épandant à droite et à gauche, forçant les haies, franchissant les fossés, sabrant de la pointe et du tranchant les cavaliers qui fuyaient.
Toute la scène, ces chevaux qui frappaient du pied, ces crinières agitées, ces cris de triomphe ou de désespoir, ces halètements pénibles, cette sonorité musicale de l’acier qui heurte l’acier, ce fut pour nous, qui étions sur la hauteur, comme une vision désordonnée, tant elle fut prompte à paraître et à disparaître.
Un coup de clairon sec, impérieux, ramena les Bleus sur la route, où ils se reformèrent et partirent au petit trop avant que de nouveaux escadrons eussent le temps de venir du camp.
Le soleil continuait à briller, la rivière à se rider.
Il ne restait plus rien qu’un long amas d’hommes et de chevaux pour marquer le passage de la tempête infernale qui avait éclaté sur nous si brusquement.
Pendant que les Bleus s’éloignaient, nous remarquâmes un officier isolé qui formait l’arrière-garde.
Il chevauchait très lentement, comme s’il trouvait fort mauvais de tourner le dos même à une armée entière.
L’intervalle entre l’escadron et lui ne cessait de s’accroître, mais il ne faisait rien pour hâter le pas.
Il allait tranquillement son train, jetant de temps à autre un regard en arrière pour voir s’il était suivi.
La même idée surgit simultanément dans l’esprit de mon camarade et dans le mien, et nous la devinâmes en échangeant un coup d’œil.
– Prenons ce sentier, cria-t-il avec vivacité. Il nous mènera au-delà du bouquet d’arbres et il est encaissé dans toute sa longueur.
– Conduisons les chevaux à la main, jusqu’à ce que nous soyons sur un meilleur terrain, répondis-je. Nous lui couperons la retraite, si nous avons de la chance.
Sans prendre le temps d’en dire davantage, nous nous hâtâmes de descendre par le sentier inégal, où nous glissions et faisions des rainures dans le gazon détrempé par la pluie.
Puis nous remettant en selle, nous parcourûmes le défilé, traversâmes le bouquet d’arbre, et nous nous trouvâmes sur la route assez tôt pour voir l’escadron disparaître dans le lointain et nous trouver face à face avec l’officier isolé.
C’était un homme brûlé par le soleil, aux traits fortement marqués, aux moustaches noires.
Il montait un grand cheval osseux, de robe châtain.
À notre apparition sur la route, il fit halte pour nous examiner de près.
Puis s’étant convaincu de nos intentions hostiles, il dégaina son épée, tira de son arçon un pistolet, avec la main gauche, puis mettant la bride entre ses dents, il planta ses éperons dans les flancs de son cheval, et se lança sur nous à fond de train.
Comme nous nous élancions sur lui, Ruben à sa gauche, et moi à droite, il me lança un v*****t coup de sabre, et en même temps fit feu sur mon camarade.
La balle effleura la joue de Ruben, laissant sur son passage une ligne rouge semblable à celle qu’aurait produite un coup de fouet, en même temps que la poudre lui noircissait la figure.
Mais le coup de sabre ne m’atteignit pas.
Au moment où nos chevaux se touchaient presque dans leur course, je l’arrachai de sa selle et l’attirai en travers de la mienne, la figure en haut.