IX Il était huit heures à nos montres, et environ deux heures à celle d’Ahmed, qui se réglait chaque soir sur le soleil couchant. Nous avions des fourmis dans les jambes, et la soif du nouveau nous talonnait. Quant à notre hôte, il semblait d’humeur plus calme, et, si nous l’avions laissé faire, je crois bien qu’il se fût livré, selon l’usage, aux douceurs du kief. Ces hommes d’Orient, quelles que soient leur vigueur physique et leur activité morale, subissent le climat : ils sont capables des plus puissants efforts ; mais ils font une large part au repos. Notre inquiétude les étonne, le besoin de mouvement qui nous tracasse les ébahit, l’Européen qui court sans but ou qui danse à l’heure du sommeil leur paraît un animal aussi curieux que l’écureuil tournant dans sa cage ; mais ils savent