CHAPITRE CINQUIÈME
La seconde histoire du docteurLe lendemain, au moment même où la pendule tintait le dernier coup de huit heures, on entendit un petit jappement, la porte s’ouvrit, et le docteur entra précédé de maître Flock, qui courut faire à la hâte une petite caresse à tous ses nouveaux amis.
Ce devoir de politesse rempli, il se blottit sans façon sur les genoux de Marie, comme s’il en eût contracté l’habitude déjà depuis bien longtemps.
Tandis qu’il agissait ainsi, le docteur s’asseyait dans le fauteuil qu’il avait occupé la veille, et, portant ses regards autour de lui, remarqua que madame de Moronval et ses trois filles, au lieu de broder comme la veille, travaillaient à coudre des étoffes communes. Marie achevait d’ourler un tablier en grosse toile, Antoinette achevait une brassière d’enfant, Louise taillait dans un morceau d’indienne un bonnet de nouveau-né, et madame de Moronval mettait la dernière main à des langes. Enfin, à côté d’elles, se trouvait une grande corbeille remplie de jupes, de chemises et de vêtements qui n’étaient point évidemment destinés aux personnes de la famille.
– Docteur, dit-elle, nous consacrons notre soirée du vendredi à travailler pour les pauvres, et, comme nous vous savons indulgent, nous n’avons point voulu déroger aujourd’hui à cette habitude, quoique nous attendions votre visite.
– Je vous sais un gré infini, madame, de me traiter en ami et de ne point m’avoir caché votre charité, répondit le docteur. Si vous me le permettez, je mettrai demain à votre disposition quelques pièces d’étoffes, qui rendront votre besogne plus grande, mais aussi qui vous permettront de soulager quelques misères de plus.
– Nous acceptons de grand cœur et avec une vraie reconnaissance.
– Voilà qui est entendu, reprit-il, et puisque vous aimez tant la charité, et que Marie elle-même s’associe à vos travaux pour les pauvres, je vais lui conter une histoire, où la charité joue un rôle.
– Le nom de cette histoire, mon bon ami ? dites-moi ce nom, je vous en supplie !
– La chemise mal cousue.
Et il commença l’histoire qu’on lira au chapitre suivant.
LA CHEMISE MAL COUSUE.CHAPITRE SIXIÈME
La chemise mal cousue