VI FANTASIO. Le théâtre français en donne une autre marque, plus nette encore. J’ai, vu, quand j’étais jeune, le premier pas que Musset essaya sur la scène. C’était à l’Odéon, devant un auditoire composé de jeunes gens et d’oseurs ; mais, malgré sa bonne volonté, cet auditoire portait encore le joug classique, c’est-à-dire appartenait encore au parti littéraire où brillait M. Viennet. Musset fut sifflé. On ne comprenait rien à ses idées, rien à sa langue, rien à ses sentiments. Les plus jolies choses, des recherches de pensée et d’expression qui feraient aujourd’hui merveille, – sans être d’ailleurs plus merveilleuses qu’en ce temps-là, – furent les plus mal reçues. On les traitait de préciosités et de marivaudage. On trouvait que M. Scribe maniait bien mieux le français de comédie, et