Chapitre V-1

3026 Words
CHAPITRE VÉveillée en sursaut par le bruit, la Jolie Fille de Perth avait écouté avec terreur, et osant à peine respirer, le tumulte et les cris qu’elle entendait dans la rue. Elle s’était jetée à genoux pour implorer le secours du ciel ; et quand elle reconnut les voix de voisins et d’amis réunis pour la protéger, elle resta dans la même attitude pour rendre grâce à la Providence. Elle était encore agenouillée quand son père poussa son champion dans sa chambre ; car Henry Smith s’était arrêté à la porte, d’abord par timidité, de crainte d’offenser sa maîtresse, et ensuite par respect pour sa dévotion. – Père Simon, dit l’armurier, elle prie. Je n’oserais pas plus lui parler qu’à un évêque quand il dit la messe. – Fais ce que tu voudras, vaillant et courageux imbécile, lui répondit Glover. Et s’adressant à Catherine : – Ma fille, lui dit-il, la meilleure manière de rendre grâce au ciel, c’est de montrer notre reconnaissance à nos semblables. Voici l’instrument par le moyen duquel Dieu t’a préservée de la mort, ou du déshonneur encore pire que la mort. Reçois-le, Catherine, comme ton fidèle Valentin, comme celui que je désire appeler véritablement mon fils. – Non pas ainsi, mon père, répondit Catherine ; je ne puis voir personne en ce moment, je ne puis parler à personne. Je ne suis pas ingrate ; je n’ai peut-être que trop de reconnaissance pour celui à qui nous devons notre sûreté ; mais laissez-moi rendre grâce à l’ange gardien qui m’a envoyé ce secours si à propos, et donnez-moi un instant pour achever ma toilette. – Sur ma foi, Kate, il serait bien dur de te refuser la demande que tu me fais, qu’on te laisse le temps de faire ta toilette ; car depuis dix jours c’est la première fois que je t’ai entendue parler en femme. – En vérité, Henry, je voudrais que ma fille attendît pour être tout à fait sainte le moment où on la canonisera sous le nom de sainte Catherine II. – Ne plaisantez pas, père Simon ; car je vous jure qu’elle a déjà tout au moins un sincère adorateur, un homme qui s’est voué à son service autant que le peut faire un faible pécheur. – Adieu donc, quant à présent, belle Catherine ; puisse le ciel vous envoyer des songes aussi paisibles que vos pensées de la journée ! Je veillerai sur vous pendant votre repos, et malheur à celui qui oserait l’interrompre ! – Bon et brave Henry, dit Catherine, vous dont l’excellent cœur forme un tel contraste avec votre main cruelle, ne cherchez pas cette nuit quelque nouvelle querelle ; mais recevez mes plus tendres remerciements, et tâchez d’avoir des pensées aussi paisibles que celles que vous me supposez. Nous nous reverrons ce matin, afin que je puisse vous assurer de ma reconnaissance. Adieu ! – Adieu, vous qui êtes la maîtresse et la lumière de mon cœur, dit l’armurier ; et descendant l’escalier qui conduisait à l’appartement de Catherine, il allait sortir de la maison quand Glover le retint par le bras. – Grâce au tumulte de cette nuit, le cliquetis de l’acier va me plaire plus que je n’aurais jamais cru, mon fils Henry, s’il rend le bon sens à ma fille et s’il lui apprend ce que tu vaux. Par saint Macgrider ! ces tapageurs eux-mêmes ne me déplaisent pas, et je plains de tout mon cœur ce pauvre amant qui ne tiendra plus un bouclier de la main gauche. Oui, il a perdu ce dont il sentira la perte tous les jours de sa vie, et surtout quand il voudra mettre ses gants. Ce ne sera plus qu’une demi-pratique pour ma profession. – Non, non, tu ne sortiras pas de cette maison cette nuit ; il ne faut pas que tu nous abandonnes, mon fils. – Je suis bien loin d’y penser. Avec votre permission, je veillerai sur vous dans la rue. L’attaque peut se renouveler. – Et quand cela serait, tu en aurais plus de facilité pour repousser ces pendards, ayant l’avantage d’être dans la maison. La manière de combattre qui nous convient le mieux à nous autres bourgeois, c’est de faire résistance à l’abri de nos murailles. Notre devoir de veiller à la sûreté publique nous apprend cette tactique. D’ailleurs il y a maintenant assez d’oreilles aux écoutes et d’yeux ouverts pour nous assurer la paix et la tranquillité jusqu’au matin. – Suis-moi par ici. À ces mots il conduisit Henry, qui ne se fit pas prier beaucoup, dans le même appartement où ils avaient soupé, et où la veille Dorothée, dont le sommeil avait été également troublé par la scène bruyante qui venait d’avoir lieu, eut bientôt rallumé le feu. – Et maintenant, mon valeureux fils, dit le gantier, dis-moi quel vin tu veux pour boire à la santé de ton père ? Henry Smith s’était laissé tomber machinalement sur une chaise de vieux chêne noir, et il avait les yeux fixés sur le feu qui réfléchissait une teinte rougeâtre sur ses traits mâles. Il se dit à lui-même à demi-voix : –Bon Henry, brave Henry ! – Ah ! si elle avait dit cher Henry ! – Je ne connais pas ces sortes de vins, dit le vieux Glover en riant ; il ne s’en trouve pas dans ma cave. Mais si tu veux du vin des Canaries, du Rhin, ou de Gascogne, tu n’as qu’à dire un mot, et le flacon arrivera. Voilà tout. – Ses plus tendres remerciements ! dit l’armurier continuant les mêmes réflexions ; elle ne m’en avait jamais dit autant. Ses plus tendres remerciements ! à quoi cela ne pourrait-il pas s’étendre ? – Cela s’étendra comme une peau de chevreau, mon garçon, dit le gantier, si tu veux te laisser conduire. Mais dis-moi ce que tu préfères pour ton coup du matin. – Tout ce que vous voudrez, mon père, répondit Smith nonchalamment ; et il continua son analyse du discours de Catherine. Un excellent cœur ! a-t-elle dit ; mais elle a parlé aussi de ma main cruelle ! Et que faut-il donc que je fasse pour me guérir de cette démangeaison de me battre ? Certainement ce que je pourrais faire de mieux ce serait de me couper la main droite et de la clouer à la porte d’une église, afin qu’elle ne m’attirât plus de reproches. – Tu as coupé assez de mains pour une nuit, dit Simon en plaçant un flacon de vin sur la table. – Pourquoi te tourmenter ainsi ? Elle t’aimerait une fois plus si elle ne voyait pas que tu raffoles d’elle ; mais cela devient sérieux à présent. Je ne me soucie pas de courir le risque de voir les enragés coupe-jarrets qui sont au service des nobles forcer ma boutique et piller ma maison, parce qu’on trouve bon de l’appeler la Jolie Fille de Perth ; non. Elle saura que je suis son père, et que je veux qu’elle ait pour moi cette obéissance à laquelle la loi de l’Évangile me donne droit. Je prétends qu’elle soit ta femme, Henry, mon cœur d’or ;… ta femme, mon homme de métal, et cela avant qu’il se passe beaucoup de semaines. Allons ! allons ! à tes joyeuses noces, brave Smith ! Simon prit une grande coupe, la vida, et la remplissant de nouveau, la présenta à l’armurier, qui la leva lentement vers sa bouche ; mais avant qu’elle eût touché ses lèvres il la replaça sur la table en secouant la tête. – Si tu ne veux pas faire raison à une telle santé, je ne sais à qui je dois m’adresser, dit Simon. À quoi penses-tu donc, jeune fou ? ta bonne fortune vient de la placer en quelque sorte en ton pouvoir, car d’un bout de la ville à l’autre tout le monde crierait fi contre elle si elle te disait non ; moi, qui suis son père, non seulement je consens à tailler ce mariage, mais je veux vous unir ensemble aussi étroitement que jamais aiguille a uni deux morceaux de peau de daim ; et avec tout cela en ta faveur, fortune, père, etc., tu as l’air de l’amant désespéré d’une ballade, et tu sembles plus disposé à te jeter dans le Tay qu’à faire la cour à une jeune fille que tu peux avoir sans autre peine que de la demander, si tu sais seulement choisir le bon moment. – Oui, mais ce bon moment, père Simon ? je doute que Catherine en ait jamais eu un semblable à donner à la terre et à ceux qui l’habitent, et qu’elle veuille jamais écouter un artisan grossier et ignorant comme moi. Je ne sais comment cela se fait ; partout ailleurs je puis lever la tête aussi bien qu’un autre, mais auprès de votre sainte fille je n’ai ni cœur ni courage, et je ne puis m’empêcher de penser que ce serait comme si je volais dans une église, que de parvenir à surprendre son affection. Ses pensées s’élèvent trop vers le ciel pour qu’elle les fasse tomber sur un être tel que moi. – Comme il vous plaira, Henry Smith. Ma fille ne vous fait pas la cour je ne vous prie pas de l’accepter ;… une belle offre n’est pas une cause de querelle ;… seulement si vous vous imaginez que je donnerai dans ses folles idées de couvent vous vous trompez du tout au tout. J’aime et j’honore l’Église, je paie consciencieusement et volontiers tout ce qui lui est dû : dîmes, aumônes, vin et cire. Je paie tout cela, dis-je, aussi volontiers qu’aucun bourgeois de Perth ; mais je ne puis donner à l’Église l’unique brebis que j’aie au monde. Sa mère m’était bien chère tant qu’elle a été sur la terre ; maintenant c’est un ange dans le ciel ; Catherine est tout ce qui me reste pour me rappeler ce que j’ai perdu ; et si jamais elle entre dans un cloître, ce sera quand les yeux de son vieux père seront fermés pour toujours, et non auparavant. Mais quant à vous, mon ami Gow, vous pouvez faire ce qu’il vous plaira. Je n’ai nulle envie de vous faire épouser ma fille de force, je vous en réponds. – Maintenant voilà que vous battez le fer deux fois, père Simon ; c’est toujours ainsi que nous en finissons. Vous prenez de l’humeur contre moi parce que je ne fais pas ce qui me rendrait l’homme le plus heureux du monde, si cela était en mon pouvoir. S’il coule dans mon cœur une seule goutte de sang qui n’appartienne pas à votre fille plus qu’à moi-même, je veux qu’on y enfonce en ce moment le poignard le plus acéré que j’aie jamais forgé. Mais que voulez-vous ? puis-je avoir pour elle moins d’estime qu’elle n’en mérite, ou m’en faire trop accroire à moi-même ? Ce qui vous paraît si simple et si facile, est aussi malaisé pour moi qu’il le serait de faire un haubert d’acier avec de la filasse. – Mais à votre santé, mon père, continua Smith d’un ton plus enjoué, et à celle de ma belle sainte et de ma Valentine, comme j’espère que votre fille le sera cette année ! Et que je ne vous empêche pas plus longtemps de reposer votre tête sur votre oreiller ; allez tenir conseil avec votre lit de plumes jusqu’à ce qu’il fasse grand jour ; après quoi vous me conduirez à la porte de la chambre de votre fille ; vous lui demanderez pour moi la permission d’entrer pour lui souhaiter le bonjour, et je serai l’homme le plus heureux que le soleil aura éveillé dans la ville ou bien loin à la ronde. – L’avis n’est pas mauvais, mon fils, répondit l’honnête Glover, mais toi, que vas-tu devenir ? veux-tu prendre la moitié de mon lit, ou partager celui de Conachar ? – Ni l’un ni l’autre, répondit Henry ; je ne ferais que vous empêcher de dormir. Ce fauteuil me vaudra un lit de duvet, et je me coucherai comme une sentinelle, mes armes à côté de moi. Et en parlant ainsi il porta la main sur son couteau de chasse. – Fasse le ciel que nous n’ayons plus besoin d’armes ! dit Simon ; bonne nuit ou pour mieux dire bon jour, jusqu’à ce que le soleil se montre ; et le premier éveillé appellera l’autre. Ainsi se séparèrent les deux bourgeois. Le gantier alla se mettre au lit, et l’on peut supposer qu’il y trouva le sommeil. L’amant ne fut pas si heureux ; son corps robuste supporta aisément la fatigue qu’il avait éprouvée pendant le cours de cette nuit, mais son esprit était d’une trempe plus délicate. Sous ce point de vue Henry Smith n’était que le bourgeois résolu de cette époque, fier de savoir également bien fabriquer des armes et s’en servir ; sa jalousie contre ses rivaux dans sa profession, sa force personnelle, ses connaissances en escrime, l’avaient entraîné dans bien des querelles qui l’avaient fait craindre généralement, et qui lui avaient même attiré quelques ennemis. Mais il joignait à ces qualités la bonté et la simplicité d’un enfant, et en même temps un caractère plein d’imagination et d’enthousiasme qui semblait peu d’accord avec ses travaux dans sa forge et avec ses combats si fréquents. L’ardeur et l’impétuosité qu’il avait puisées dans de vieilles ballades et dans les romans en vers, qui étaient la seule source de ses connaissances, l’avaient peut-être excité en partie à quelques-uns de ses exploits qui avaient souvent pour lui un air de chevalerie. Du moins il était certain que son amour pour la belle Catherine avait une délicatesse qui aurait pu convenir à cet écuyer de bas degré qui, s’il faut en croire la ballade, fut honoré des soupirs de la fille du roi de Hongrie. Ses sentiments pour elle étaient certainement aussi exaltés que s’ils avaient eu pour objet un ange véritable. Aussi le vieux Simon et tous ceux qui observaient sa conduite pensaient-ils que sa passion était d’un genre trop élevé pour pouvoir réussir auprès d’une jeune fille formée du même limon que les autres mortels. Ils se trompaient pourtant. Catherine avec toute sa réserve et sa retenue avait un cœur en état de comprendre et de sentir l’amour de l’armurier ; et soit qu’il lui fût possible d’y répondre ou non, elle était secrètement aussi fière de l’attachement du redouté Henry Gow, ou Smith, qu’on peut supposer qu’une héroïne de roman le serait d’un lion apprivoisé qui la suivrait pour la protéger et la défendre. Ce fut avec la plus sincère reconnaissance qu’elle se rappela en s’éveillant au point du jour les services de Henry pendant cette nuit agitée ; et la première pensée qui l’occupa fut de songer aux moyens de lui faire connaître les sentiments qui l’animaient. Se levant à la hâte, et rougissant à demi de son projet, elle se dit à elle-même : – Je lui ai montré de la froideur, et j’ai peut-être été injuste ; je ne serai point ingrate envers lui, quoique je ne puisse céder à ses vœux. Je n’attendrai pas que mon père me force à le recevoir comme mon Valentin pour cette année ; j’irai le chercher, et je le choisirai moi-même. J’ai accusé les autres jeunes filles d’être trop hardies quand elles agissaient ainsi, mais c’est le moyen de plaire à mon père ; et après tout, je ne ferai qu’accomplir les rites de saint Valentin en prouvant ma reconnaissance à cet homme brave. Mettant à la hâte ses vêtements, dans lesquels elle laissa pourtant un peu plus de désordre qu’à l’ordinaire, elle descendit l’escalier et ouvrit la porte de la chambre dans laquelle, comme elle l’avait supposé, son amant était resté depuis le combat qu’il avait livré. Catherine s’arrêta à la porte, et ne sut trop si elle devait exécuter son dessein ; car l’usage non seulement permettait, mais enjoignait même aux Valentins de commencer leur liaison par un b****r d’affection. On regardait comme un augure particulièrement heureux que l’un des deux trouvât l’autre endormi, et l’éveillât en accomplissant cette cérémonie intéressante. Jamais plus belle occasion ne s’offrit pour commencer cette liaison mystique que celle qui se présentait alors à Catherine. Après bien des rêveries, le brave armurier s’était enfin endormi sur le fauteuil. Ses traits, pendant qu’il se livrait ainsi au repos, avaient l’air plus fermes et plus mâles que Catherine ne l’aurait cru possible ; car elle ne les avait jamais vus qu’agités par la crainte de lui déplaire et la timidité, et elle s’était habituée à n’y voir qu’une expression peu spirituelle. – Il a l’air bien sévère, pensa-t-elle ; s’il allait se fâcher ! Et puis quand il s’éveillera… nous sommes seuls… si j’appelais Dorothée… si j’éveillais mon père… Mais non ! c’est une affaire d’usage, un gage d’affection fraternelle qui ne peut blesser l’honneur d’une jeune fille. Je ne veux pas supposer que Henry puisse s’y méprendre, et je ne souffrirai pas qu’une crainte puérile l’emporte sur ma reconnaissance. À ces mots elle avança dans l’appartement en marchant sur la pointe des pieds, quoiqu’en hésitant, et ses joues se couvrirent de pourpre en songeant à ce qu’elle allait faire. Enfin elle arriva auprès de la chaise du dormeur, et déposa un b****r sur ses lèvres aussi légèrement que si une feuille de rose y fût tombée. Son sommeil devait être bien léger pour qu’un si faible contact pût l’interrompre, et il fallait que les rêves de Henry eussent quelque rapport avec la cause de cette interruption, car se levant à l’instant, il saisit Catherine entre ses bras, et dans son transport de joie voulut lui rendre le b****r qu’il venait d’en recevoir. Mais Catherine lui opposa une résistance sérieuse, et comme ses efforts semblaient annoncer une pudeur alarmée plutôt qu’une fausse honte, l’amant timide qui aurait pu la retenir entre ses bras, eût-elle été vingt fois plus forte, souffrit qu’elle s’en arrachât. – Ne vous fâchez pas, bon Henry, dit Catherine du ton le plus doux à son amant surpris. J’ai rendu hommage à saint Valentin pour prouver combien j’estime l’ami qu’il m’a envoyé pour cette année. Attendez que mon père soit présent, et je n’oserai vous refuser la vengeance que vous pouvez avoir droit de tirer de celle qui a interrompu votre sommeil. – Qu’à cela ne tienne, s’écria le vieux Glover en entrant avec un air d’extase : Smith en avant ! Bats le fer tandis qu’il est chaud. Apprends-lui ce que c’est que d’éveiller le chat qui dort. Se trouvant ainsi encouragé, Henry, quoique peut-être avec une vivacité moins alarmante, saisit de nouveau entre ses bras la Jolie Fille de Perth, qui se soumit en rougissant, mais d’assez bonne grâce, à recevoir le b****r qu’elle avait donné, avec l’addition d’une douzaine d’autres en forme de représailles. Enfin elle se débarrassa des bras de son amant, et comme si elle eût été effrayée de ce qu’elle venait de faire ou qu’elle s’en fût repentie, elle se jeta sur une chaise et se couvrit le visage des deux mains. – Lève la tête, jeune folle, lui dit son père, et ne sois pas honteuse d’avoir fait les deux hommes les plus heureux qui soient dans Perth, puisque ton vieux père en est un. Jamais b****r ne fut si bien donné, et il était juste qu’il fût convenablement rendu. Regarde-moi, ma chère Kate, regarde-moi, et que je te voie sourire. Sur ma parole d’honneur, le soleil qui se lève en ce moment pour éclairer notre belle ville n’a rien à me montrer qui puisse me faire plus de plaisir. Quoi ! continua-t-il d’un ton jovial, croyais-tu avoir l’anneau de Jamie Keddie et pouvoir te rendre invisible ? Non, non, ma fée de l’aurore. Comme je venais de me lever, j’ai entendu la porte de ta chambre s’ouvrir et je t’ai suivie à pas de loup, non pour te protéger contre un dormeur, mais pour avoir le plaisir de voir de mes propres yeux ma chère fille faire ce que son père désirait le plus. Allons, allons, baisse ces sottes mains, et quoique tu rougisses un peu, la rougeur n’est pas déplacée sur les joues d’une jeune fille pendant la matinée de la Saint-Valentin. En finissant de parler, Simon Glover baissa avec une douce violence les mains qui cachaient le visage de sa fille. Il était couvert d’une vive rougeur, mais il annonçait quelque chose de plus que la honte, car ses yeux étaient remplis de larmes.
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