ÉPISODE 13
LAURENCIA TOGNISSE
J’arrive enfin sur la cour du vieux Djangban en courant. Je suis toute rouge de colère. Il est hors de question que je regarde cette injustice continuer sans réagir. Trop c’est trop. S’il pense que j’ai peur de loin, je vais lui montrer que je ne suis pas de ces femmes qui ont peur des hommes. J’étais en train de me rendre chez lui pour régler la situation des noires de palme qu’il venait d’arracher à ma petite sœur Diane quand je tombe soudainement sur l’une de ces scènes qui m’a une nouvelle fois fait monter du sang dans le cerveau. Le vieux Djangban qui s’en prenait à ma mère. Il discutait avec cette dernière son panier de noires de palme. Encore hein ! Je ne m’arrête pas. Je cours de toute mes forces avec dans mon dos Diane, qui m’a suivi. Au même moment, je vois Médard, le fils du vieux Djangban se ramener et lui également vient s’en prendre à notre mère. Je leur lance tout à coup en allant me mettre entre eux :
- Qu’est-ce qui se passe ici ? Hein ? Qu’est-ce qui se passe ? Maman !
Subitement, le vieux Djangban fait tomber le panier de noires de palme pour les renverser au sol. Je me jette sur Médard qui venait de prendre à moi. Il lève la main avec une bouteille brisée en l’air. Je bloque sa main puis avec jeu de pied, je le fais tomber au sol pour me jeter sur lui avec fureur. Je ne m’occupe plus de rien d’autre de ce qui se passe sur la cour. Je me concentre sur Médard pour bien le battre pendant qu’il n’arrête pas de crier de douleur. Il cherchait un moyen de se tirer de sous moi et s’en fuir mais je ne lui laisse pas cette possibilité-là. Je continuer de le rouer de coups encore et encore. Je sens ma mère venir me tirer sur lui. Mais je me dégage des mains de ma mère puis je me concentre une nouvelle fois sur ma proie pour bien le botter. Ça va lui apprendre à lui et à son père à de réfléchir à deux fois avant de vouloir s’en prendre à nouveau à quelqu’un de notre côté.
- À l’aide, à l’aide, ne cesse de crier cet idiot pour appeler de secours pendant que je lui tire les oreilles.
Je le maintiens solidement au sol puis avec une main, je prends les graines de noire de palme que je lui mets dans la bouche puis je lui mets dessus du sable. Je remplis sa bouche de noires de palme et de sable si bien qu’il n’arrive plus à libérer sa voix. Cela me donne plus de force et l’envie de lui faire du mal. Je voulais déverser toute ma frustration sur lui pour me libérer une bonne fois pour toute. Pour finir, j’enlève le marteau que j’avais caché derrière dans ma jupe pour lui taper la tête avec. Ma mère ne cesse de crier à mon endroit :
- Mais laisse-le comme ça Laurencia ! C’est bon !
- Il est hors de question maman. Reste en dehors de ça. Alors toi tu te prends pour qui pour te permettre de t’attaquer à ma sœur et à ma mère ? Tu pensais que j’avais peur de toi ou quoi ? Hein ? Réponds-moi, dis-je en lui criant dessus.
Je ne l’écoute même pas. J’avais vraiment envie de profiter du moment pour régler mon compte avec ces gens qui pensent qu’ils sont supérieurs à nous et qu’ils peuvent continuer à nous marcher dessus sans qu’on ne puisse réagir. Dans la foulée, je sens Diane également qui s’est rapprochée pour lui donner quelques coups de poing. Quant à moi, je me suis mise à le battre partout sur le corps avec le marteau. Il faut qu’il ressente la douleur pendant des jours. Ainsi, si on lui propose la prochaine fois de s’attaquer à nous, il va décliner l’offre. Aussi lâche qu’il soit, il se met à crier pour appeler de l’aide au lieu de combattre avec moi :
- À l’aide, à l’aide. Tu es où ? Papa ! À l’aide ! Je suis mort, dit l’imbécile en réussissant à se débarrasser de mon emprise.
Pendant sa fuite, je donne un coup de pied dans les fesses qui le fait perdre son équilibre. Diane s’est abaissée pour ramasser les noires de palme. L’oncle se tient debout avec les deux mains sur sa tête. Il ne pouvait pas bouger de sa position. Je me tiens debout puis je lance à l’endroit de Médard qui continue de s’en fuir :
- C’est avec moi que tu veux te permettre de t’amuser ? Hein ? Je vais te montrer que tu ne devrais pas t’en prendre à ma famille. Ose encore répéter ce que tu viens de faire et je vais te monter dans ce village que face à moi, que tu ne fais pas du tout le poids. Imbécile que tu sois. Personne ne peut se permettre de blaguer avec moi dans ce village. Je dis bien personne. Mais toi tu es qui ? Idiot ! Haaaaa ! Maman calme-toi. Je suis là pour prendre ta défense. Ils pensent que la famille leur appartient à eux seulement ? Je vais vous faire changer d’avis dans ce village. Vous allez nous respecter. Je ne suis pas une peureuse moi.
- C’est bon ma fille. Tiens, dit-elle en me remettant un pagne à nouer pour changer la noire de palme.
- Maman laisse-moi. C’est toi qui a peur de ces gens-là. À moi, ils ne m’effraient pas du tout.
Diane s’est dirigée vers son panier qui avait été renversé par le vieux Djangban. Elle se met à rassembler les noires de palme. Je regarde sur la cour et je ne vois plus cet homme qui se dit être notre oncle mais qui est prêt à tout pour nous détruire. Il a du s’en fuir et je crois que c’est mieux pour ainsi, parce que si je pose mes yeux sur lui, il va lire l’heure. Je vais le faire regretter son acte et plus jamais, il ne va plus avoir une telle pensée…