IX L’inventaire Rentré chez moi, j’étais obsédé par ces funestes images ; le monde physique, vu de près, m’avait rendu malheureux ; le monde moral, étudié à la loupe, m’avait rendu misérable ; à force de poésie, j’en étais venu à détester les hommes ; à force de réalité, je me figurais que je devais détester la vie ; j’étais tombé de bien haut, moi qui jadis étais poursuivi de tant de bonheur, moi qui, à chaque pas, à chaque battement de mon cœur, rendais grâces à ce Dieu qui a créé la jeunesse ! Ma vie était flétrie ; mon univers, à moi, était changé ; je m’étais engagé, sans le savoir, dans un drame inextricable ; il fallait en sortir à tout prix, et je ne savais plus où trouver mon dénouement. Alors une vague idée de suicide passa jusqu’à mon cœur. Cette triste poétique de tombeaux et