UNE SEMAINE PLUS TARD
AMI
Chaque fois que je pense à lui, ce qui m'arrive bien-sûr toutes les secondes j'ai l'impression que je manque d'air. Ça fait une semaine et jusque-là j'ai toujours du mal à le croire. Je pleure tous les jours depuis ce jour... J'ai mal, très mal... Des fois je me dis qu'il va ouvrir cette porte et venir me prendre dans ses bras comme il savait si bien le faire. Il était mon compagnon, mon réconfort, mon ami...
Mon homme SNIF. Je ne comprends pas, non je ne comprends pas... Comment il a pu me faire ça, non je suis bête ce n'est pas lui mais cette voiture de m***e qui l'a renversé et l'imbécile n'a même pas pu s'arrêter. Il l'a percuté et puis il est parti... Juste comme ça ! Mais qu'il ne s'inquiète pas il l'aura sur la conscience.
Pendant que je pleure encore assise sur mon lit, papa fait son entrée. Il est clairement la dernière personne à qui j'ai envie de parler. Depuis notre dispute qui est justement survenue le jour où Sam est... SNIF bref depuis ce jour-là je ne lui adresse pas la parole quelque part j'ai l'impression que c'est à cause de ses paroles que ce drame est arrivé. C'est vrai que j'exagère un peu surtout qu'il n'était dans cette voiture mais je ne sais pas, je lui en veux quand même.
Lui : bonjour princesse, comment tu vas aujourd'hui ?
Moi : comme une personne qui a perdu l'amour de sa vie.
Il vient s'asseoir près de moi alors que je ne lui jette aucun regard
Lui : je sais ce que...
Moi : tu ne sais rien... Tu as déjà perdu l'amour se ta vie ? Je ne pense pas vue que maman est bien là quelque part à moins qu'elle ne soit pas vraiment l'amour de ta vie comme tu nous le dis...
Lui : Ami...
Moi : non papa, tu n'as pas le droit de venir ici et faire comme si tu es trop touché en me sortant les je sais ce que tu ressens tu ne sais rien... D'ailleurs tu dois te réjouir en silence toi qui ne voulait pas de notre relation et bien tu as gagné.
Lui : tu penses vraiment que je suis fier que ce jeune homme soit mort ? Oui je ne l'aime pas, oui je ne voulais pas que tu l'épouses mais de là à souhaiter sa mort non... Je n'en suis pas capable. Je suis un parent et je ne veux même pas penser à ce qu'est la douleur de perdre un enfant alors juste pour ses parents jamais je n'aurais voulu ça. Ça me fait mal que tu me vois comme ton ennemi. Moi tout ce que je veux c'est être là pour toi...
Moi : je dois y aller... C'est aujourd'hui la veillée.
Lui : je peux t'accompagner si tu veux
Moi : je suis sûre que t'as bien mieux à faire... Te sens las obligé.
Lui : ça me ferait plaisir...
Moi : ok
Lui : je vais me changer et je te retrouve
Je dis oui de la tête car j'ai plus vraiment envie d'en parler. Je ne devrais pas en vouloir à mon père parce qu'il n'est en rien responsable mais la douleur est trop grande et si je peux passer mes nerfs sur lui, je le fais.
Je continue de pleurer en repensant à tout ce qu'on a vécu Sam et moi, notre rencontre, nos rendez-vous, nos petites prises se tête etc. J'ai mal... C'est papa qui me sort de ma séance nostalgique lorsqu'il m'annonce qu'il est prêt à y aller...
(...)
Lorsqu'on arrive à la veillée, la première personne que je croise est Élodie. Elle a une tête encore plus abattue que moi... Je ne sais pas mais elle me fait de la peine. Quand je l'ai vu pleurer à l'hôpital j'ai eu trop mal. Eh Sam, tu vois ce que tu nous fais. Papa et elle semblent surpris de se voir...
Papa : Madame le maire !
Elle : Merci d'être venus !
Papa me regarde sans trop comprendre...
Moi : Madame le maire est la grande sœur de Samuel.
Lui (étonné) : Ah... Euh ok... Enfin vraiment mes sincères condoléances !
Elle : merci... Venez, je vais vous trouver une place assise.
On la suit alors que je suis surprise par le monde qu'il y a. Ça fait plaisir de voir à quel point Samuel était apprécié. Il y a également des hommes politiques que papa reconnait rapidement, il y en qui était à la réception qu'a donné papa à la maison.
Finalement on trouve une place assise et je suis intrigué parce que je n'ai pas vu le papa se Samuel depuis.
Élodie : ça va, vous êtes bien installés ?
Papa : oui merci !
Moi : dis, votre papa il est où ? J'aimerais lui dire bonsoir.
Élodie : il est couché. Depuis la nouvelle, il a fait une montée de tension. Donc pour lui éviter le stress et tout même si c'est visiblement impossible, le médecin a demandé qu'il se repose. Ce matin il était à 23 de tension. J'ai eu si peur...
Sa voix devient tremblante et elle se met à regarder dans un coin.
Moi : je suis désolée...
Son mari vient la prendre et l'emmène avec lui... Elle me fait vraiment beaucoup de peine.
Après la prière, la prédication du pasteur, tout le monde a son attention vers Élodie qui a pris le micro.
Elle : SNIF, je ne pensais pas me retrouver dans cette situation une nouvelle fois. Mon petit frère, mon confident, mon ami, mon... Mon repère. Si seulement tu savais le vide que tu laisses en moi, si que tu le sais hein... Regarde toute la tristesse que tu laisses. Ce n'était pas ça ce qu'on avait prévu. Oui tu as assisté à mon mariage mais moi ai-je assisté au tien ?
Elle le dit en posant son regard sur moi et là j'ai du mal à contenir mes larmes.
Elle continue en disant...
Elle : tu étais sensé être le parrain de mes enfants et moi la marraine des tiens. Tu me fais quoi là hein... Je ne suis pas d'accord, ce n'est pas ce qu'on s'est dit. T'as pas le droit de me laisser, pas toi... Tu sais bien, tu sais pourquoi pas encore SNIF non.
Elle commence à dire des choses vraiment insensées en parlant de sa mère on ne comprend pas trop. Je sais que leur mère est morte tôt mais je ne sais pas de quoi. Je me dis que la mort de Sam doit lui rappeler celle de leur mère. Je suis tellement désolée pour elle, je n'arrive même pas à comparer ma douleur à la sienne.
Son mari vient la prendre pour l'emmener je ne sais trop où certainement pour qu'elle se calme. Lorsqu'on demande si quelqu'un d'autre a quelque chose à dire, instinctivement je me lève pour aller prendre le micro.
Moi : bonsoir à tous... Certains de vous ne me connaissent pas, d’autres si parce qu'on a eu à se rencontrer dans d'autres circonstances.
Je me remets à penser à la réception de papa, à ma conversation au téléphone avec Sam. Au lendemain et je me mets à pleurer
Moi : SNIF, mais... SNIF Sam tu vois dans quelle situation tu me mets.
J'essaye de me reprendre...
Moi : Samuel était pour tous ceux qui l'ont connu, un distributeur de bonne humeur. Pour moi il est... SNIF il était plus que ça. C'était mon compagnon, mon réconfort, mon confident... L'amour de ma vie.
Papa ouvre ses yeux sur moi sans rien dire. J'aperçois Élodie assise dans un coin de la salle avec son mari. Elle tient un verre d'eau dans la main et elle me fait des signes avec ses yeux pour me réconforter.
Moi : Samuel et moi on devait se marier...
Papa pose une fois de plus son regard sur moi puis le baisse tout de suite après.
Moi : il y a encore une semaine il me disait qu'il serait toujours là pour moi, il me tenait très fort dans ses bras et... SNIF je ne comprends pas c'est quoi le problème avec la vie... Sniff quand tout a l'air d'aller il y a toujours ce truc... Ce n'est pas logique, c'est sniff... Qu'on m'explique comment l'homme avec qui je suis sensée passer le reste de ma vie peut me dire qu'il ne me quittera jamais et l'heure d'après il n'est plus là. Aucune logique SNIF, qu'on m'explique comment... Pourquoi ? Hein ? Je n'arrête las d'implorer Allah pour qu'il me réveille de ce cauchemar mais non j'y suis toujours... Sam comment imaginer la vie sans toi, comment vais-je avancer si tu n'es pas là ? SNIF...
Cette fois si je m'effondre sur le sol en pleurant. Mon corps tremble, la douleur est énorme. Papa vient vers moi pour me ramener à ma place. Il prend dans ses bras et ça me fait tellement bien.
Je ne sais pas si j'arriverai à m'en remettre.
(...)
C'est aujourd'hui qu'on enterre Samuel, cette fois papa n'a pas pu m'accompagner mais maman si. Elle n'arrête pas de me réconforter en me disant que Sam n'aurait pas voulu me voir dans cet état. Oui elle n'a pas tort mais s’il ne voulait vraiment pas me voir dans cet état il n'avait qu'à pas me laisser... Maintenant qu'il assume je pleurerai tous les jours jusqu'à ce qu'il daigne ressusciter.
UN MOIS PLUS TARD
Maman : tu es encore couchée ?
Moi : je n'ai pas la force de me lever maman.
Elle vient s'assoir près de moi...
Elle : je sais que ce n'est pas facile et je ne te demande même pas d'oublier Samuel, juste... Je ne voudrais pas te voir comme ça. Tu ne sais pas à quel point ton père et moi sommes tristes. C'est comme si on t'avait perdu aussi.
Je ne savais pas que je causais autant de peine à mes parents. Il faut vraiment que je fasse l'effort de reprendre une vie normale même si je sais très bien que ce ne sera pas facile.
Moi : ok !
Elle : ton père t'a obtenu un entretien dans l'entreprise de Ahmed.
Moi : je ne veux pas entendre parler de lui maman.
Elle : mais pourquoi ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
Moi de même, je me pose la question. C'est clair qu'il ne m'a rien fait mais depuis que papa a émis l'idée de me caser avec lui, je ne le supporte plus. Il est venu ici deux ou trois fois pour me manifester son soutien mais ma réaction a été la même ; je ne l'ai pas calculé. Il ne m'a rien fait oui mais qu'il se tienne à distance de moi.
Moi : rien...
Elle : je ne te demande pas de l'épouser, tu sais bien que moi je ne te forcerai jamais...
Moi : oui mais dis le à papa
Elle : Ami tout ce que ton père fait c'est pour ton bien et je ne pense pas que la meilleure façon pour lui faire comprendre les choses soit celle que tu utilises. Va à cet entretien déjà que ce n'est pas Ahmed qui te le fera passer si ça ne te plait pas bah on cherche ailleurs.
Moi : ok, c'est à quelle heure ?
Elle : 10h
Moi : ok
Elle : super... Je vais te préparer un bon petit déjeuner regarde comment tu as maigri...
En fait c'est juste pour qu'elle me lâche un peu que j'ai dit oui parce que quand ma mère s'y met, ce n'est pas de l'eau à boire.
Je me lève avec toute la paresse du monde pour aller me préparer.
Je m'arrête devant le miroir pour constater à quel point j'ai maigri. Ça me fait repenser à Sam, il n'arrêtait pas de dire qu'il aime mes formes. Je ne suis pas mince, pas grasse... J'ai ce qu'il faut où il faut comme il aimait bien le dire d'ailleurs. Il n'aimerait vraiment pas me voir dans cet état. Il faut que je me reprenne...
Je file dans la salle de bain prendre une douche, j'avoue que ça me fait vraiment du bien.
Dès que je finis de m'habiller, je vais retrouver maman et papa qui ont l'air heureux de me voir. C'est vrai qu'on ne m'a pas beaucoup vu depuis. Je parle juste beaucoup avec Élodie même si elle est très souvent occupée par son travail elle prend quand même de mes nouvelles. D'ailleurs, je me demande comment elle arrive à gérer. C'est vraiment une femme forte...
Papa : bonne princesse
Moi : bonjour
Maman : viens t'asseoir, tu me remplis ces vides que t'es faite.
Moi : maman...
Elle : quoi ? Toi-même tu ne vois pas que tu as maigri ?
J'ignore sa remarque et me sert tout ce qu'il y a de bon sur la table.
Papa : tu es prête pour l'entretien ?
Je veux lui dire "arrête avec ton cinéma, je sais bien ce que tu as derrière la tête" mais je me contente d'un...
Moi : oui...
Lui : je peux te déposer si tu veux...
Moi : je sais encore conduire...
Maman : Ami...
Moi : mais c'est vrai... Bon je dois y aller...
Je vide d'un trait mon verre de jus, je prends une pomme et un croissant
Maman : mais tu n'as pas encore fini...
Moi : je vais finir dans la voiture tu ne voudrais quand même pas que j'arrive en retard à mon entretien en plus avec les embouteillages et autre
Elle : ok
Je leur dis aurevoir puis je disparais... Je sais très bien que j'ai le temps mais bon je n'avais pas trop envie de rester avec mes parents et leurs commentaires du coup je vais m'arrêter au bureau d'Elodie.
Malheureusement pour moi, sa secrétaire m'a annoncée qu'elle s'est déplacée très tôt ce matin. Bon pas grave... Je vais tourner un peu dans la ville avant mon entretien.
(...)
: Bonjour madame ABOUBAKAR
Moi : Bonjour monsieur !
Lui : j'ai lui votre CV et j'avoue qu'il est assez intéressant. Je note que vous préparez votre doctorat.
Moi : oui, je suis en plein sur mon mémoire mais cela ne sera pas un frein dans mon travail, je saurai manager.
Oui je ne veux pas ce travail mais je reste professionnelle malgré tout et m'implique dans cet entretien.
Lui : c'est ce que je voulais entendre... Je vais juste vous poser quelques questions encore
Moi : ok
On s'en va dans une longue série de questions en rapport avec le poste que je veux et bizarrement je suis très à l'aise avec ses questions et répond sans problème.
Ce qui me fait plaisir c'est qu'on ne m'associe pas à mon père et qu'on me traite comme une personne normale d'abord j'ai quoi d'extraordinaire ce n'est pas moi le ministre mais mon père.
Je fais ensuite une visite rapide et tout me plait bien ici...
Finalement ce n'était pas si mal, si je suis prise je me vois bien travailler ici.
Oh Sam où es-tu pour voir ta petite femme entrer dans le monde professionnel