CHAPITRE V L’histoire de maman Le lendemain de la fête, Blanche, encore bien triste de la décision que sa mère avait prise, se rendit dans la chambre de la nourrice et lui rappela sa promesse. Effectivement, la vieille Nanette quitta son tricot, ôta ses lunettes, prit du tabac, et, après s’être installée comme pour toujours dans son grand fauteuil, elle commença : « Autrefois, dans ce château, il y eut un jour béni entre les jours : c’était un samedi du mois de mai. Il faisait beau, et l’air était doux, juste comme il fallait pour que la plus jolie petite créature du bon Dieu sortît de ses mains et fût bien aise d’entrer dans la vie ; cette jolie petite créature, c’était votre maman, à vous, et ma fille, à moi. Je dis ma fille, parce que, voyez-vous, la nourrice, c’est toujours la nour