ÉPISODE 18
GEORGES
Aujourd'hui c'est samedi. Ça fait un moment déjà que je suis ici dans la maison familiale de ma mère. Pour rester en contact avec ma mère et sentir sa présence, je passe souvent mon temps sur sa tombe à lui parler, surtout que j'ai abandonné les cours en espérant qu'elle va me répondre, mais c'est perdu d'avance. Elle ne m'a même pas dit un seul mot. Mon cœur déborde d'amertume ! Je pleure toutes les larmes de mes yeux pendant longtemps sur la tombe de ma défunte mère pour vider mon corps de cette douleur qui me ronge, et essayer de me remettre de cette séparation prématurée d'elle.
C'est ma tante qui m'oblige ce matin à sortir de la chambre pour m'évader l'esprit afin de changer les idées dans ma tête et pour passer à un autre épisode de mon existence, car tant que je serai là dans la maison à voir sa tombe, je m'en remettrai avec beaucoup de difficultés à l'oublier.
Il s'agit de la mort hein cher (e) s ami (e) s lecteurs et lectrices ! Vous vous rendez compte de à quel point vous pouvez souffrir le martyr chaque jour de votre existence que vous vous rappelez que cette personne qui est si chère à vos yeux, sur qui vous comptez pour accomplir votre vie, votre destinée, vous ne la verrez plus JAMAIS ?
Et pendant ce temps là, il y a des personnes méchantes qui sont là en vie, tranquille, sans que la mort ne frappe à leurs portes, pour n'emporter que les personnes biens, généreuses au cœur d'ange pour installer un grand vide en nous.
Et ce vide, laissez-moi vous le dire, rien au monde ne peut combler ce vide que la disparition, pire, tragique, d'un être cher crée en nous.
J'ai alors décidé de rentrer à la maison cet après-midi et m'adapter à ma nouvelle vie d'orphelin ! Je dois alors désormais chercher quelque chose à faire pour subvenir à mes besoins, sans compter sur qui que ce soit forcément, et essayer peut-être de continuer les cours l'année prochaine et finir avec. J'ai vingt-quatre ans maintenant. Le temps passe, et je peux bel et bien voler de mes propres ailes sans mes parents, même si je dois admettre que j'aurai du pain sur la planche.
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ONCLE GILBERT
Ça fait plus de cinq heures de temps que je suis là à attendre le signe de ma femme pour aller la chercher à l'aéroport, mais rien. Je commence par perdre patience. Elle croit que je n'ai que ça à faire ? Eh ! Parlez à votre sœur là hein !
Mais la vie ce n'est pas du dolait enfin ! Il faut que je travaille pour trouver de l'argent et l'accompagner dans ses activités et ses besoins et les miens aussi ! Ou alors c'est comment ?
QUELQUES INSTANTS PLUS TARD
Enfin, voilà la femme pondeuse de filles qui m'appelle :
- Allô Gracia !
- Bonsoir Gilbert ! Mon avion vient d'atterrir il y a un moment, tu as garé à quel niveau ?
- J'arrive déjà ! Un instant.
- Fais vite s'il te plaît.
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GRACIA KASSA
Après de longues heures de vol dans les airs, l'avion vient de fouler sur le territoire camerounais.
Après le contrôle des bagages, et la vérification de mes pièces, aidée par un sieur, je récupère mes bagages pour rejoindre le parking. Mais malheureusement, mon mari n'est pas encore là. Je l'appelle donc pour connaître sa position.
Il se pointe quinze minutes après. On se salue, et ensuite, il charge les bagages dans la malle arrière et direction la maison.
- Alors chérie ! Comment vont tes parents ?
- Ils vont tous bien.
- Tu as pu te rendre au marché pour tes marchandises ?
- Oui oui mon chéri !
Au même moment, l'image de Juliette me vient à l'esprit, et là, je me suis rappelée que j'ai un colis pour son fils, mais c'est surtout ses dernières paroles qui résonnent dans ma tête :
>.
Est-ce que je dois lui poser la question maintenant ? Ou bien je dois alors attendre qu'on rentre à la maison ? J'opte pour le second cas finalement.
Mais avant ça, il faut que je passe chez Juliette à la maison pour remettre le colis. Je ne veux pas rentrer avec, vu que la maison de cette dernière est avant la nôtre en venant de l'aéroport. Il vaut mieux que je profite en même temps pour gagner du temps.
- Chéri, nous allons tourner dans la deuxième von à droite après celle-ci !
- Pourquoi ? Il y a un soucis ?
- Pas vraiment. Je veux juste rendre un colis à quelqu'un et on continue.
- D'accord ...
[Si et seulement si Oncle Gilbert savait où est-ce que sa femme l'amène, et ce qui l'attend là-bas, va-t-il accepter de s'y rendre ? Mais qu'est-ce qui l'attend ?]
- Chérie tu es sûre que c'est dans cette von ? Tu ne t'es pas trompée par hasard ?
- Pas du tout. Pourquoi tu le dis ?
- Juste une intuition d'homme. Rien de plus.
- Intuition ? Intuition d'homme hein ? N'est-ce pas moi qui veux remettre le colis ? Ou alors toi tu sais à qui le colis est destiné ?
- Je suis désolé.
[Pendant qu'ils discutaient, oncle Gilbert a un air inquiet. Il s'est rendu compte en fait qu'ils étaient dans la von qui mène chez maman Georges. Il a peur de tomber sur Georges au risque que ce dernier annonce à sa femme le décès de sa maman, et que sa femme lui demande des explications sur le pourquoi il a pu lui cacher la mort de Juliette, étant donné qu'il est celui qui n'a jamais hésité à porter d'assistance à cette dernière après la mort de son mari. En fait, l'erreur de oncle Gilbert a été de n'avoir pas informé très tôt sa femme, car craignant que celle-ci lui demande d'assister financièrement Georges pour l'inhumation (ce qu'il ne veut pas du tout faire malgré qu'il en a la capacité), ou à lui demander de se rendre à la cérémonie d'inhumation pour les représenter vu qu'elle est partie en voyage (Gracia et son mari). Il savait que si jamais il se rend à l'enterrement, il sera mis à nu publiquement par la force de la tradition. Il s'abstient donc d'informer Gracia.
Mais il s'est créé ainsi un nouveau problème sans se rendre compte, puisque Gracia voudra savoir dans quel intérêt il a pu lui cacher un truc pareil lorsqu'elle sera mise au courant.]
- Chérie, nous sommes presque arrivés. Commence par ralentir. C'est le portail noir à notre droite.
- Ok !
Au bout d'un moment, elle lui demande de garer le véhicule !
- C'est ici ! Tu peux garer.
Avec un air serein, il lance à l'endroit de sa femme :
- Mais il fallait me dire que tu venais chez Juliette mon amour !
- C'est pas grave chéri ! Nous sommes déjà là ! C'est ce qui compte. Tu m'accompagnes ?
- Euh, vas-y revenir. Je vais attendre ici à surveiller le véhicule !
- Tu es sérieux là ?
- Bien sûr.
- Bon je reviens.
Elle sort du véhicule et avance vers le portail, et appuie sur la sonnerie. Cinq minutes déjà qu'elle est là debout à appuyer sur la sonnerie, mais personne ne répond. Elle rejoint donc son mari dans le véhicule !
- C'est bon ?
- Non, tu m'as bien vu rester debout appuyant sur la sonnerie sans que personne ne vienne m'ouvrir ! On dirait que Georges n'est pas à la maison !
- Il serait parti au campus peut-être.
- Mais aujourd'hui c'est samedi !
- Oui. Ils font souvent des travaux pratiques en week-end.
- C'est possible. Attends je vais l'appeler pour voir. On ne sait jamais ! Peut-être qu'il n'est pas allé au campus comme tu le dis.
- Hum ! Si tu le dis.
Oncle Gilbert une fois encore est paniqué lorsque sa femme décide d'appeler son neveu.
À écouter Gracia, il se rend compte alors que le colis est destiné à Georges et non à sa mère ! Mais ce n'est pas fini. Il se demande qui peut bien envoyer de pareil colis à Georges depuis le Bénin, étant donné qu'il n'a personne dans ce pays qui connaît sa femme. Il a imaginé toutes les hypothèses possibles dans sa tête, sauf qu'il n'a pas pensé au fait que Juliette peut apparaître désormais n'importe où à toutes les personnes qui la connaissent, mais qui ne sont pas informées de sa mort. Pauvre Oncle Gilbert ! Il avait mal joué ses cartes.
- Chéri on peut partir ! Je vais repasser ! Je l'appelle mais le serveur me dit qu'il est injoignable.
- ...
Pendant ce temps que sa femme lui parle, lui par contre était dans les nuages. Elle lui tape sur l'épaule pour le ramener à la réalité comme si elle savait que Gilbert rêvassait. Il sursaute et par inadvertance, son pied gauche appuie sur l'accélérateur. Ce qui fait vrombir très fort la carrosserie dont le moteur n'avait pas été arrêté. Ce vrombissement inattendu fait sursauter Gracia à son tour :
- Mais qu'est-ce que tu fais ?
- Hein ? Il est là ?
- Son numéro ne passe pas je te dis. Tu pensais à quoi même ?
- À rien du tout. Excuse-moi !
- Tchrummm ! Tu peux maintenant démarrer nous allons partir ? Je suis fatiguée et là, j'ai besoin de me retrouver à la maison pour me reposer !
- Nous y serons d'ici peu mon amour.
Il démarre ensuite pour prendre la direction de la maison ...