ÉPISODE 17
GRACIA KASSA
Gracia KASSA je m'appelle ! Je suis d'origine béninoise de père et de mère, mais j'ai grandi au Cameroun. Je suis âgée de soixante ans. Je me suis mariée à Gilbert MÉKOMBA, un commerçant très connu du Cameroun. Je suis aussi tout comme mon mari commerçante de profession et mes affaires marchent très bien. Dieu m'a fait la grâce d'être mère de trois belles filles dont je suis très fière contrairement à leur père : Albertine ma fille aînée âgée de trente deux ans, Évelyne la cadette âgée de vingt-neuf ans et enfin Adèle ma benjamine âgée de vingt-cinq ans. Elles sont toutes déjà mariées donc ne vivent plus avec nous. Mon mari est le genre d'homme très dur de caractère ! Difficile à supporter, mais je fais avec du moment où nous nous aimons. Il ne m'a jamais laissé respirer un moment pour raison, je ne lui ai pas donné d'enfant garçon mais que des filles ! Voilà le crime que Gracia à commis. Toutes les occasions sont bonnes pour qu'il s'en prenne à moi me traitant de tous les noms, mais rassurez-vous, je ne me laisse pas faire. Je ne suis pas le genre de femme très soumise à la lettre à son mari, et qui consomme tous les mauvais traitements de son homme, mais cela ne veut pas dire que je suis une femme rebelle et que je ne respecte pas mon homme. Pas du tout. C'est plutôt lorsqu'il déconne que j'enlève ma jupe et nous portons le même pantalon (Mdr).
Je peux dire que c'est le sujet qui est à l'origine de la plupart de nos disputes souvent sinon tout va bien !
Compte tenu de mes affaires à l'étranger, je suis tout le temps partagée entre deux avions. Je suis une femme au foyer c'est vrai, mais je ne me laisse pas marcher dessus. C'est d'ailleurs pour cela que je consacre beaucoup de temps à mes activités. Même mon mari me connaît pour ça ! Mes activités passent avant tout car je n'aime pas attendre quelqu'un nécessairement avant de m'offrir ce qui me plaît. Voilà pourquoi je ne laisse personnes me piétiner, hélas je suis une femme respectueuse comme je l'ai déjà dit, mais en même temps très vertueuse. Pour vivre en harmonie avec moi, il suffit juste de m'accorder du respect et de la considération. C'est tout.
En parlant de voyage, ça fait même déjà bientôt trois mois que je me suis rendue au Bénin pour rendre visite à mes parents, et aussi, profiter pour voir mes amies Inès et Mireille que j'adore tellement. C'est les meilleures je vous assure. On était toutes les trois ensemble la semaine dernière à la plage.
Mon départ pour le Cameroun est prévu pour aujourd'hui à douze heures trente minutes, et pour rien au monde, je ne doit le rater. Ça fait des mois déjà que j'ai laissé mon mari et mon foyer. Tout ça me manque.
Mais avant de prendre mon vol tout à l'heure, je dois d'abord me rendre chez Estelle, une amie commerçante au grand marché Dantokpa pour qu'elle me livre quelques marchandises.
Je dois appeler d'avance mon mari pour l'informer très tôt de mon arrivée avant de me lancer dans mes courses pour ne pas oublier. Je ne veux pas d'histoire après. Vous connaissez bien nos hommes ! Laissez-moi donc l'appeler pendant qu'il est temps :
Tounnn ! Tounnn !
- Allô !
- Bonjour mon gros chéri d'amour !
- Bonjour ma chère et tendre femme pondeuse de filles !
- Gilbert, tu ne vas jamais changer toi. Même à soixante-quatre ans, tu continues à me casser les tympans avec cette histoire de nos enfants ! Tu oublies que pour que je te fasse un enfant garçon tout dépend de toi ! Tu oublies que le s**e de l'enfant dépend de l'homme ? Si ton chromosome X souffre d'une anomalie chromosomique, ce n'est nullement de ma faute !
- Gracia !!
- Gilbert !!
- C'est arrivé là-bas tout de suite la quoi ?
- Ça dépasse là-bas même mon cher mari ! Je t'appelle pour t'annoncer quelque chose, mais toi tu te permets de rendre mon humeur vide !
- Ékiéé ! Je n'ai jamais su que femme béninoise peut avoir longue bouche comme ça ! Ce n'est donc pas seulement les femmes ivoiriennes et camerounaises qui parlent mal aux gens sur ce continent africain ! On aura tout vu avec vous les femmes. Mais n'oublie pas qu'après tout, je suis quand même ton mari jusqu'à nouveau désordre hun Gracia ?
- Mari inh ! C'est ce qui manque au marché de Dantokpa ça ? Mdr ! Vient voir, c'est versé waaaa ici à Cotonou ! Deux (02) pour vingt-cinq francs, et il n'y a même pas de clients pour acheter, et elles (les vendeuses) sont obligées de lancer promotion ! C'est dans ta famille que j'ai héritée la bouche longue dont tu parles la ! Et arrête-moi ça avec ton accent bizarre de vieux camerounais la !
- Bon, maintenant tu parles vite hein, ou bien c'est moi qui raccroche ! J'ai des courses à faire en ville !
- Je descends dans quelques heures ! Je veux que tu passes me chercher à l'aéroport dès mon arrivée ! C'est tout ! Bonne journée à toi !
- Est-ce que je t'ai demandé cette dernière phrase ? La dernière fois lorsque tu l'as dit, un camion a failli m'écraser.
- Pourquoi il ne t'a pas écrasé et il a failli ? C'est ton problème Gilbert.
- Pfff ! Je ne sors plus ! Si ton avion atterrit, fais-moi signe je vais passer te chercher !
Tu me portes la poisse (malchance).
Click (Fin de l'appel).
Je vous avais dit ça plutôt hun. Avec lui c'est souvent comme ça ! Il a osé me couper au nez. Pfff ! Je préfère ne pas livrer coup à la colère et que mon sang se chauffe pour un rien d'important. Dès mon arrivée au Cameroun, il va me sentir ce Gilbert !
Je me suis rendue finalement au marché vers neuf heures. Heureusement que Estelle est déjà là dans sa boutique.
- Kôkôkô (Toc toc) ici ! Bonjour bonjour !
- Graciaaaaaa !
- C'est bel et bien elle-même Estelle ! Comment tu te portes ? Et le marché ?
- Je vais très bien ma chérie. Mais les activités ne marchent plus comme avant. Le pays est trop dur. Il n'y a pas d'argent. Du coup, les clients ne sortent plus !
- Je te comprends, mais ça va passer ce moment.
- J'espère bien ! Comme tu es belle !
- Hum ! Merci beaucoup ma chérie !
- Et ton mari ? Et les enfants ?
- Tout le monde va bien ! Et de ton côté donc ?
- Ils vont tous à merveille !
- Contente de le savoir.
- Alors, tu es au Bénin depuis quand ?
- Bientôt trois mois ! Mais j'ai un vol en direction de Cameroun qui m'attend tout à l'heure à douze heures trente minutes. Je sais que tu m'en voudras, mais je te fais la promesse de revenir très prochainement et nous allons nous voir !
- C'est compris. Alors, qu'est-ce qui t'amène ?
- Tu me fais les emballages comme d'habitude.
- Ok. Tout de suite ! Prends siège.
- Pendant que je suis assise à attendre, j'aperçois une dame habillée en guipure (Une variété de tissu très cher) toute blanche comme la neige venir dans la boutique. Mon intuition me dit que je l'ai déjà vu quelque part auparavant, mais où ? J'essaie de me rappeler et au moment où elle arrive à ma hauteur, je m'écrie :
- JULIETTE !
Tout d'un coup, je sens une grande fraîcheur traversée tout mon corps jusqu'à mes os, et un grand froid me couvre.
- Qu'est-ce qui m'arrive ?
GRACIA !
- Donc c'est vraiment toi !
- Bien sûr que oui. En chair et en os ! Ça ne se voit pas ?
- Si ! Je ne m'attendais pas à te croiser ici en fait ! Je te croyais au Cameroun. Là, le monde est vraiment petit !
- Tout à fait ! Seuls les morts... Que dis-je, seules les montagnes ne se rencontrent pas. Ceux sont des hommes qui se rencontrent !
- Tu n'as pas menti. Et ça fait combien de temps que tu es venue au Bénin ?
- Disons deux mois quelques jours. J'étais passé chez toi la dernière fois, c'est là que ton mari me faisait comprendre que tu es rentrée au Bénin pour voir tes parents et pour gérer quelques affaires !
- Ah oui ! C'est tout à fait cela ! Et toi qu'est-ce qui t'amène par ici ?
- Je suis venue ici pour découvrir ton pays et profiter pour acheter quelques marchandises comme les choses coûtent moins cher ici à Dantokpa ! Mais franchement, je ne vais pas te le cacher, le voyage m'a paru très long et difficile ! Mdr !
- C'est ta première fois de venir ici ?
- Oui ! Tu penses que c'est pourquoi j'ai trouvé le trajet long et fatiguant ?
- C'est bien cela ! Et comment tu trouves mon pays déjà ?
- Bon, il faut dire que tout est beau par ici, mais pas plus qu'au Cameroun (Haha). Les gens ici sont très accueillants. J'oublie même déjà mon pays ! Mdr !
- Mdr ! Moi je suis très ravie de te voir en tout cas ! Et ta tenue te va super bien !
- Merci beaucoup ! C'est pareil pour toi. Ça se voit que ton mari prend bien soin de toi !
- Pfff, laisse celui-là là où il est ! Tu habites où ici ?
- J'habite dans un hôtel au quartier PK 10 (quartier habritant le plus grand cimetière de Cotonou-Bénin).
-Je suis à Akpakpa (quartier résidentiel) moi !
Pendant qu'on parlait, Estelle vient me faire signe que mon bagage est prêt.
Je discute encore un moment avec Juliette :
- Bon, moi je vais partir. Mes marchandises sont prêtes.
- Ok ! Le plaisir a été pour moi de te voir ! Et tu rentres quand ?
- Tout à l'heure ! J'ai un vol qui m'attend à douze heures trente minutes !
- Ça tombe bien alors !
- Comment ça ?
- Je veux envoyer un colis que je viens chercher dans ce magasin à mon fils, mais je ne sais pas comment faire pour qu'il puisse le récupérer en toute sécurité !
- Toi aussi inh Juliette ! Il y a des compagnies de voyage qui s'occupent de ça !
- C'est vrai, je n'ai pas pensé à ça ! Ouf !
Elle a l'air triste aussitôt. Comme je me rends au Cameroun, je vais lui proposer de rendre le colis à son enfant si cela ne la gène pas.
Après tout, c'est la femme au défunt grand frère de mon mari noh ?
Je ne trouve donc pas d'inconvénients à lui rendre service tant que je le peux :
- Ce n'est pas grave ! Puisque je vais au Cameroun aujourd'hui, je peux le lui rendre si cela ne te dérange pas.
- Pas du tout ! Merci d'avance ! Attends que je le récupère !
- Ok, dépêche-toi. Il sera douze heures bientôt.
QUELQUES INSTANTS PLUS TARD
- Je suis là ! Voici le colis !
- Ok ! Toi-même là, tu rentres quand sur Yaoundé ?
- Euh ! Je ne sais vraiment pas. Mais tu peux toutefois demander à ton mari ! (Visage serein).
- Mdr ! Juliette toi et tes blagues la ! Comment mon mari peut connaître la date de ton retour !
- Fais-le. Je dois maintenant partir ! Ma route est très longue ! Merci et bon voyage à toi ! À nos revoirs.
- À très bientôt Juliette.
Mon mari elle vient de dire ?
Qu'est-ce que Gilbert à avoir avec son voyage ici, au point d'avoir une idée sur son retour ?
Le temps de quitter mes pensées pour la réalité, je ne l'ai plus vu. Elle serait certainement dans la foule entrain de partir !
- Je suis partie Estelle ! À la prochaine !
- D'accord ! N'oublie surtout pas de passer me voir la prochaine fois !
- Promis ! Tu passes une bonne journée.
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Après mon retour du marché, je range rapidement mes affaires. Je fais ensuite appel à un taxi communément appelé > pour me déposer à l'aéroport. Après avoir fait mes ''au revoir'' à mes parents, le véhicule démarre en direction du quartier Cadjèhoun.
Trente minutes de conduite plus tard, nous arrivons à l'aéroport. Il sonnait en ce moment là douze heures quinze minutes. J'ai encore du temps. Le chauffeur descend mes bagages que j'amène au poste de contrôle avant leur embarquement. Je passe ensuite pour la vérification de mes pièces, avant de rejoindre mon siège dans l'avion.
À douze heures trente minutes sonnantes, l'avion décolle de l'Aéroport International Cardinal Bernardin GANTIN de Cadjèhoun (Cotonou) en pointant son nez vers le ciel pour destination prochaine, le Cameroun. Je jette un dernier coup d'œil par les hublots (fenêtres) de l'avion, ce qui me permet d'avoir une vue globale de toute la ville. C'est simplement magnifique à voir. C'est parti donc pour une nouvelle expérience de voyager dans les aires. Au fur et à mesure que l'avion prend de l'altitude, les maisons devenaient si minuscules que j'ai pensé à un moment que je pouvais les mettre dans la paume de ma main ...