ÉPISODE 14
JULIETTE FANGBO
J'ai fermé toutes les boutique parce les clients ne sortent plus. Les taxes et impôts deviennent trop. J'ai alors ouvert une petite boutique à la devanture de la maison, et j'ai ramené les marchandises des autres boutiques fermées pour les installer dans la petite boutique. Ça marche un peu un peu, et nous arrivons à manger mon enfant et moi grâce aux petites économies que je fais. Je réfléchis à comment solder sa scolarité, mais je n'ai pas trouvé de réponse concrète. Maintenant, il faut que je cuisine quelque chose à manger avant le retour de Georges du campus. Il est déjà midi et là, il ne va pas tarder à rentrer. Il doit avoir faim.
- Il y a quelqu'un ici ? Bonsoir ma mère à moi.
- Bonne arrivée mon cœur ! Alors tu as fait beaucoup ?
- Oui maman. Je dois me rendre en salle de sport tout à l'heure, mais là j'ai faim. Il y a quoi à manger ?
- Il y a du piron là avec piment vert. J'ai fait l'effort de trouver un demi kilogramme d'aileron que j'ai fri. Sers-toi. Je vais rejoindre ma boutique dehors.
- Merci maman. Et toi ? Tu as mangé déjà j'espère !
- Non non ! Je vais manger plus tard. Je n'ai pas encore faim.
- Ok maman. Toutes ces souffrances vont finir bientôt lorsque j'aurai un boulot après mon Master. Je te le promets.
- Je l'espère bien. Tout à l'heure.
QUELQUES MINUTES PLUS TARD
- Maman merci beaucoup pour le repas. C'est très succulent.
- Merci mon cœur. Tu pars déjà ?
- Oui maman. À ce soir. Et n'oublie pas d'aller manger hun !
- D'accord mon fils. À ce soir. Soit prudent.
- D'accord maman.
(Mon fils que Dieu te protège pour moi)
Je suis assise devant la boutique à réfléchir lorsque tout à coup un grand tourbillon se forme. Je me concentre à l'observer quand tout à coup, j'aperçois un gros serpent noir me mordre au pied gauche. Je crie de douleur en regardant autour de moi, mais je ne le vois plus. Je me dirige alors vers l'intérieur de la maison pour appliquer sur la partie mordue une pommade contre les venins du serpent lorsque je tombe évanouie à l'entrée de la porte du salon.
Trou noir...
RETOUR DANS L'EXHUMATION
GEORGES
Je me suis réveillé ce matin avec la faim dans le ventre. Heureusement qu'il me reste un billet froissé de mille francs dans la porche de mon pantalon que j'ai porté pour me rendre au village chez le marabout. Je me suis alors servi de ça pour m'acheter quelque chose à manger. Il s'agit en fait de ce qui me reste des dix mille francs que j'ai pris chez Ricky et Rolande la dernière fois.
Mon déplacement avec le benskineur m'a coûté mille francs vu la distance. En ce qui concerne les frais de transport avec le taxi, tante Bella s'en est occupée. Avec Laure que j'ai amené au restaurant, nous avons tous deux manger et boire pour trois mille francs.
Pour vous, c'est peut-être peu, mais pour moi, c'est beaucoup, surtout avec mon train de vie dégradé.
************
Ça fait maintenant une bonne semaine que ma mère m'a abandonné. Rien qu'en pensant à son départ, je vois mon avenir s'écrouler ! Je me vois déjà en train de perdre l'année. Ça fait même déjà deux semaines que je ne suis plus allé au cours. Ma scolarité, je ne l'ai pas encore soldé, et les sessions sont programmées pour commencer dans quelques semaines.
Tante Bella n'a pas assez de moyens pour m'aider. Mon oncle lui, je ne pense même pas lui en parler. Je lui dois déjà cent cinquante mille francs, et je ne sais pas comment payer cela. Il n'a rien dit en tout cas pour le moment par rapport à ça. Peut-être à cause de l'échéance qui n'est pas encore arrivée à son terme.
Cela fait une semaine qu'il vient de me menacer lorsque je lui annonçais la mort de ma mère.
Je ne pourrai donc pas lui demander quoi que ce soit !
Comment l'homme peut devenir méchant comme ça du jour au lendemain ? Dites-moi !
Je continue par me poser des questions sur son comportement en tout cas. Il y a de cela six ans en arrière, il n'était pas ce genre de personne. L'oncle Gilbert que j'ai connu lorsque j'avais mon Bac, ce n'est plus le même aujourd'hui. C'est vrai que cela fait déjà des années, mais qu'est-ce qui peut l'amener à être si agressif avec son neveu que je suis ?
S'il y a une chose que je peux dire, c'est qu'il n'y a pas de fumée sans feu.
De toute façon, il y a plus important que ça pour le moment. Je dois aller voir tante Bella pour savoir comment doit se dérouler les funérailles de ma mère, car c'est dans deux mois. Je n'ai pas de l'argent ni rien sur moi en ce moment d'ailleurs, à part le peu d'économie qu'il reste à ma mère avant sa mort. Je ne vais pas l'utiliser, mais au contraire, je vais remettre ça à tante Bella et m'accrocher à elle pour qu'ensemble avec ses frères et sœurs, nous décidons de l'organisation de l'inhumation. Ce ne sera pas un enterrement en pompe, mais nous ferons l'essentiel afin que tout se passe bien.
************
Dans l'après midi, j'ai prévu passer voir Blevenec pour avoir des nouvelles du campus. À seize heures, je me suis rendu donc chez lui.
Je le vois assis dehors autour d'une table avec des cahiers et documents de cours devant lui.
- Bonsoir Blevenec ! Comment tu vas ?
- Hey Georges, c'est toujours Cameroun ?
- Oui Blevenec. Alors, et les cours à la fac ?
- Pfff, je suis dedans comme toujours. Mais toi tu étais passé où ?
- Je ne suis allé nulle part Blev. J'avais juste des problèmes à gérer à la maison. En plus, je n'ai pas pu trouver de l'argent pour payer ma scolarité ! Voilà.
- Je vois ! Si tu permets, c'est quel genre de problème tu as qui t'a caché pendant deux semaines ? Depuis l'enterrement de la camarade de la fac, je ne t'ai plus revu depuis tout ce temps ! Tu t'es lancé dans quoi même ?
Il vient de me rappeler encore cette affaire de Rosine. Ouf ! J'espère qu'il ne sait rien de tout ça.
- Sniff...
- Mais pourquoi tu sniffes ? C'est quoi le bord mec ? Un homme, ça sniffe pas. Alors, parle-moi.
- Il s'agit de ma mère Blev.
- Tu t'es disputé avec elle ?
- Ouf, c'est rien de tout ça... C'est trop dur pour moi en fait. J'ai... perdu ma mère il y a une semaine !
- Pardon ! T'ai-je bien entendu ?
- Oui mon cher ! Elle n'est plus parmi nous !
- Et c'est maintenant que tu trouves pour m'informer Georges ?
- Je suis désolé. Je n'étais pas du tout en moi pour informer qui que ce soit lorsque c'est arrivé. Tu m'excuses. Certes, tu es la première personne à être informée !
- Je te comprends. Mais elle était malade ?
- Oui. Le jour qu'on était allé voir la camarade de la fac qui a perdu la vie dans un accident, elle était déjà gravement malade et hospitalisée !
-Oh, mes condoléances. Je comprends maintenant. Et c'est pour quand l'enterrement ?
- Dans deux mois.
Nous avons déposé le corps à la morgue, le temps de préparer les funérailles.
- Hum. Je suis vraiment désolé.
- Merci beaucoup pour ton soutien. J'en ai vraiment besoin.
- Tu peux compter sur moi. Je vais informer les camarades une fois les sessions terminées.
- Merci beaucoup. C'est très gentil de ta part. En parlant de session, c'est pour quand ?
- La semaine prochaine selon le calendrier établi.
- Je comprends mieux maintenant pourquoi il y a tous ces cahiers et documents de cours devant toi. En ce qui me concerne, c'est évident que je ne pourrai pas composer avec vous.
- C'est vraiment compliqué mon gars. Et si tu vas à l'administration pour leur expliquer ta situation ?
- Ça ne va rien donner de concret de toute façon. Je préfère jeter l'éponge et attendre voir ce qui adviendra.
- Fais-le d'abord au moins et nous allons voir.
-Ne t'en fais pas pour moi. Je m'en sortirai autrement. Maintenant je dois rentrer. C'est juste pour te mettre au courant que je suis passé te voir. Il faut que je te laisse bien réviser. Passe une bonne soirée.
- Merci d'être passé. N'hésite pas à me contacter en cas de besoin. Encore une fois, mes sincères condoléances.
- Merci beaucoup. À plus.
Je prends congé de Blevenec pour rentrer à la maison me reposer.
En réfléchissant une fois à la maison, je me rends compte clairement que les personnes qui sont chères pour moi, et qui devraient être là pour m'aider à me construire sont toutes parties. Les sessions à la faculté commencent la semaine prochaine d'après l'information reçue chez Blevenec, alors que nous sommes aujourd'hui dimanche. Je ne peux plus rien pour pouvoir composer ! Même à un miracle, je ne crois pas que ce serait possible.
Eh bien, je crois que c'est confirmé. J'ai perdu l'année. Ouf ! Si seulement mes parents sont encore en vie, tout ceci ne seraient pas arrivé. C'est vraiment difficile la vie d'un orphelin. Et ce n'est que le début certainement. Je ne sais pas tout ce que l'avenir me réserve en bien ou en mal.
C'est la présence d'un visiteur qui toque à la porte qui me sort de mes soucis :
- Bonsoir ici, il y a quelqu'un ?
- Oui qui est-ce ?
- C'est Donald mon pote !
- Donald !!!!! Toi au Cameroun ? Je rêve ou bien quoi ?
- Mais bien sûr que non, c'est bien la réalité. Je t'avais dit que je ne vais plus continuer avec les cours après le baccalauréat. Eh bien, j'ai raccroché pour me consacrer à autre chose.
C'est bien ton pote Donald mec. Nous ne sommes pas tous appelés à faire de longues études avant de réussir notre vie enfin. Je te l'ai toujours dit au collège inh. Les longues années d'études et moi, c'est pas le grand amour. L'essentiel est de se battre, de lutter chaque jour pour ce qu'on aime. C'est la seule clé pour se faire une bonne place au soleil mon frère.
- Kieuh ! Toujours avec ton même discours la. Tu es devenu quoi même ?
- Bah, c'est ça la vie mon grand. Je suis désormais un businessman moi. Je travaille avec des étrangers depuis qu'on s'est laissé après la proclamation des résultats.
- Hum. Comme ça, tu t'es vraiment arrêté au baccalauréat pour te lancer directement dans les affaires depuis six ans ?
- Tout à fait. Tu comprends vite. J'étais allé me chercher en Côte d'Ivoire en fait. Et tout a bien commencé comme je l'ai souhaité. Ça sent bon dans ce pays frère. Je vais t'amener bientôt si tu veux. Bientôt je serai à mon propre compte. Alors, et la famille ainsi que tes études ?
- Boff. Ici c, il fait n'est pas du tout la joie en tout cas. Il s'est passé beaucoup de choses tout récemment qui ont bouleversé négativement ma vie. Mais je laisse tout entre les mains de Dieu ! Chez toi, c'est toi le contraire je lis.
- Comme tu peux le remarquer inh. La vie est belle en tout cas.
- Toi, je sens que tu n'as pas changé depuis ce temps. Toujours chaud chaud ! Quel bon vent t'amène déjà ?
- Mdr ! Je suis rentré au Cameroun hier soir à vingt heures pour passer quelques mois ici avant de repartir à Abidjan. J'ai prévu de passer à la maison pour te surprendre et te dire que je suis là. C'est tout.
- C'est très gentil de ta part. Je suis très heureux de te voir à nouveau mais surtout de te voir bien en forme !
- Ce n'est rien. Toi tu es mon grand ami. Bon, je parle depuis je ne demande même pas la vieille mère.
- .......
- Comment va maman ? Elle est sortie ou partie en voyage ?
- ........
- Georges !
- ........
- Yooh mec ! C'est quoi cette tête de chien battu que tu faire ? Il y a un problème ?
- .........
- MAIS C'EST À TOI QUE JE PARLE MEC !
- Hein ! Tu disais ? ...