L'EXHUMATION - TOME 1

À Dieu maman !

ÉPISODE 07

Le corps de Rosine est enterré dans un cimetière chrétien depuis trois jours ! Un cimetière très éloigné de la ville, entouré par une grande forêt où venaient chanter la nuit les oiseaux nocturnes de tout genre !

C'est le plus grand cimetière du Cameroun d'ailleurs. Il est reconnu comme le cimetière le plus dangereux et le plus mystérieux car déjà à partir de dix-neuf heures, les esprits des morts errent dans toute la zone. Plusieurs fois, ceux qui se sont entêtés à prendre par là étaient surpris de se voir pourchasser par des revenants vêtus de linge blanc. Du coup, personne n'ose prendre par là lorsque le jour cède place à l'obscurité.

Dans mon cas, j'ai une mission qui ne sent pas du tout bon à accomplir voir une mission dangereuse. Cependant, je n'ai plus peur de rien, je suis prêt à affronter tout esprit de la nuit qui se mettra sur ma route. Pourvu que j'obtienne l'os. Comme je ne peux pas me rendre au cimetière en pleine journée de peur d'être pris en action, j'ai décidé d'attendre à la tombée de la nuit pour m'y rendre.

J'ai donc décidé de me rendre là-bas à douze heures du matin au beau milieu de la nuit. Déjà à vingt-et-une heures, je me suis rendu au lit pour me réveiller à douze heures du matin.

Je ne réussis pas à vite trouver sommeil, alors je me suis lancé dans des réflexions sans me rendre compte lorsque morphée m'a emporté avec lui.

Lorsque je me réveille, il est trois heures du matin à ma montre. Mince !! Encore trois heures du matin ! Mais pourquoi ? Vous vous souvenez de cette heure ?

Le rêve que j'ai fait la dernière fois commence par se réaliser à la différence que je vais me rendre seul dans ce lieu. Mince !

Je me lève et je regarde le dehors à travers la fenêtre et là, il faisait toujours noir partout, sauf les endroits éclairés par les lampes électriques. Mais là, nous sommes déjà au petit matin et je risque d'être rattrapé par le levé du jour.

Dois-je abandonner à cause de l'heure à cette étape là ?

Eh bien non ! Je n'ai plus assez de temps. C'est maintenant où jamais pour sauver ma mère. L'unique personne qui me reste au monde dans ma famille, alors au boulot.

Je sors de la maison malgré le temps qu'il fait habillé en tout noir pour éviter d'être repéré. Personne ne peut se rendre naturellement dans de tel endroit à cette heure de la nuit sans croiser des obstacles. C'est de l'ordre naturel des choses. Des embuscades vont te barrer la voie contre toute attente pour t'empêcher d'atteindre ton objectif.

Pour ce fait, je devrais aussi prendre mes précautions en conséquence pour ma propre sécurité, mais surtout pour pouvoir faire face aux obstacles et embuscades qui se présenteront à moi pour avoir ce que je veux à tout prix.

J'ai donc gardé sur moi une lampe torche pour éclairer la tombe, une pioche pour déterrer le corps, un couteau bien aiguisé qui va me servir à découper au besoin le corps pour extraire l'os. J'ai aussi gardé un sac noir pour y mettre l'os mais surtout un pistolet pour tirer sur tous ce qui se mettra sur mon chemin. J'ai gardé un air serein pendant tout le trajet que j'ai fait à pieds !

Trente minutes de marche plus tard, je suis désormais en face du cimetière. J'avais le choix entre prendre par le portail dont la porte est presque tombée et escalader le mur de la clôture qui fait à peine un mètre de haut.

J'ai donc décidé dans le noir de prendre par le portail. À l'entrée se trouve un homme debout en tenu d'agent de sécurité. Que peut-il bien être en train de faire là à une heure pareille de la nuit ? Pourtant il n'y a pas de gardien qui assure la sécurité du cimetière ! Ça ne peut donc qu'être un piège.

Je sors mon pistolet que je tire sur lui sans réfléchir. Mais il a disparu sur le champ, ce qui m'a surpris. Je me mets donc à regarder autour de moi cherchant où il est mais je ne le vois plus.

Je rentre dans le cimetière donc et je me dirige vers la tombe de Rosine sans faire attention aux cris d'oiseaux ! J'allume la torche pour voir l'épitaphe (inscription marquée sur une tombe qui renseigne sur l'identité du corps) et il s'agit bien de sa tombe. J'enfonce le pistolet dans mon pantalon pour vite le prendre en cas d'attaque et je prends la pioche, puis je commence par casser la tombe avec rapidité. Il reste un peu de béton à casser pour tomber sur le support qui maintient le béton en place avant d'avoir accès à l'intérieur de la tombe. Je suis donc presque à la fin, mais lorsque je soulève la pioche, elle ne descend pas. Mes deux main sont ainsi restées suspendues en l'air. Je sens dans mon dos la présence de je ne sais quoi vraiment. Quelqu'un a du attrapé par derrière la pioche et essaie de me l'arracher, mais je ne vois pas cette personne. Je tire la pioche de toutes mes forces en la bougeant dans tous les sens jusqu'à ce que apparaisse devant moi une jeune fille avec des cheveux longs et tout noir couvrant son visage. Elle se met à faire un bruit assourdissant, et tout à coup, le tonnerre se met à gronder très fort laissant place à de grands éclairs dans le ciel. Ce qui illumine tout le cimetière et je vois très nettement celle qui se tient devant moi. Mais jusque-là, je ne vois toujours pas son visage à part ses cheveux et sa longue robe blanche comme la neige.

Je me presse alors de lui demander :

- Qui es-tu ? Et que veux-tu ?

-........

- Tu ne parles pas ? Ok, alors vu que tu ne veux pas parler, tu ferais mieux de partir d'où tu viens avant que je ne te mette une balle dans la tête.

Le ciel gronde à nouveau de plus fort et je sens des secousses sous mes pieds. Je quitte rapidement des yeux cette personne debout en face de moi pour voir si la terre allait s'ouvrir. Mais dès que je soulève ma tête, elle a disparu. Une forte odeur m'envahit du coup malgré mon cache nez, sans que je ne sache d'où est-ce qu'elle provient. Je regarde vers la tombe avant de me rendre compte qu'elle s'ouvre d'elle-même sans que je ne me gêne à casser le reste du béton. J'allume en même temps la torche que j'ai attaché autour de ma tête avant de la braquer dans la tombe et là, je vois un corps se lever de la tombe. Je tire sur lui plusieurs fois sans réussir à le retourner d'où il sort. Les balles ne l'atteignent pas. Comme c'est étrange ! Je sors alors le couteau que je tiens fermement dans ma main droite et le pistolet dans celle gauche en espérant qu'il (le corps) va s'approcher de moi et je vais finir avec lui. Il se met debout au milieu de la tombe en me faisant dos et me dire d'une voix fine :

- Mon âme souffre déjà assez ! Pourquoi viens-tu me déranger encore dans ma demeure !?

Elle parlait avec lamentation mais je ne me préoccupe pas de ça. Je n'ai pas d'explication à lui donner. De quelle demeure me parle-t-il ?

Depuis quand est-ce qu'un corps parle ?

Après la scène de la morgue où un corps s'est déguisé en un homme pour me parler avant de se montrer à moi, c'est la deuxième fois que je vois un corps parler, mieux encore se lamenter.

Je m'apprête à tirer dans son crâne lorsqu'un grand oiseau avec de gros yeux comme le hibou que je n'ai pas vu venir se pose sur mes épaules et m'attaque violemment avec des coup de becs répétés dans le dos et sur la tête. Son poids est énorme, ce qui me fait perdre mon équilibre. On ne dirait pas un oiseau.

Je réussis à me débarrasser de lui lorsque je retrouve l'équilibre ! Je tire sur lui trois fois et il bat les ailes jusqu'à mourir. Lorsque je regarde vers la tombe, ce n'est plus ouvert et je ne vois non plus le corps qui était là il y a quelques minutes. La tombe est redevenue à moitié cassé. C'est étrange.

Je rêve ou c'est réel tout ceci ?

Je frotte mes yeux et c'est pas un rêve. Je n'ai plus la pioche sur moi pour continuer à casser la tombe. Je me lance du coup dans la recherche de la pioche et je tombe sur un gros serpent noir qui s'est enroulé autour de celle-ci mais présente un air non agressif. Je m'approche pour bouger avec mon pied droit le bout de la pioche mais malheureusement, c'est là-même qu'il va me montrer sa dangerosité. Il m'envoie d'abord son venin dans le visage, mais j'ai échappé de justesse. Ce geste qu'il vient de faire me révolte puisque le temps passe. Je braque la torche dans ses yeux en pensant troubler sa vision, et ensuite lui trancher la tête. Il se détache très rapidement de la pioche pour se mettre à me chasser dans tout le cimetière en lançant des sifflements bizarres. J'ai gardé toujours la torche allumée en courant. Je tombe à cinquante mètres de lui pendant qu'il vient dans ma direction. Je saisis une pierre sur laquelle ma main tombe que je lui lance, mais le fou de serpent esquive cela et change de trajectoire toujours en venant à moi.

On me l'a envoyé ou quoi ? C'est quoi toute cette bizarrerie ?

Devant moi, mes yeux tombe sur un bâton que je prend rapidement. Celui-ci se transforme en serpent pour me mordre le majeur. Je le jette violemment parterre pendant que l'autre serpent s'était dressé debout sur le ventre en train de balancer sa langue. Je braque la torche sur lui, et je distingue que le serpent porte deux têtes. Je comprends mieux maintenant comment il a pu me repérer pour me pourchasser. Sans que je ne m'en rende compte, il me guettait en cachette, et lorsqu'il s'est senti offensé, il s'est mis à ma trousse en se servant de sa deuxième tête.

Vous même vous savez que je n'ai pas de temps à perdre à l'instant là.

Je vise donc la tête en l'air et j'envoie deux balles successivement qui l'atteignent, mais ce n'est pas encore fini. Il se dirige vers moi avec allure grâce à sa deuxième tête, mais je ne bouge pas. Je l'observe s'avancer attentivement pendant que je déchire mon habit pour attacher mon doigt et empêcher le venin de monter. Mon pistolet en main, j'appuie sur la gâchette sans m'arrêter lorsqu'il est proche de moi et je le détruis complètement. Je me rapproche de plus près pour jeter un coup d'œil, et bien regarder le genre de serpent lorsqu'il disparaît sous mon regard.

Je me dirige vers la tombe finalement et il est quatre heures trente minutes. Mince ! Je vais vers la pioche avec méfiance. Je la pousse avec le pied sans aucun problème. Je la saisis et je casse la tombe et le cercueil y est toujours fermé. Je brise les cadenas en quelques coup de pioche et j'ouvre le cercueil au fond duquel se repose le corps toujours couvert mais déjà en décomposition. Ça pue vraiment. Je ne sais pas comment vous le décrire.

Je retourne le corps et avec le couteau enfoui dans son dos, je coupe l'os de la colonne vertébrale couvert de gros vers blanchâtres. Je le nettoie et le met dans mon sac avant de fermer le cercueil et d'essayer d'enterrer le reste du corps comme je le pouvais.

Au retour, j'ai préféré escalader la clôture pour gagner du temps en évitant de me heurter à d'autres obstacles.

Ainsi commence ma vie d'exhumeur !

Lorsque je suis arrivé à la maison vers cinq heures du matin, j'ai été accueilli par d**k, notre chien qui a quitté la maison depuis bientôt une bonne semaine. Je peux voir qu'il est souffrant et a maigri, mais je n'ai le temps de m'occuper de lui pour le moment.

Sans perdre du temps, je m'apprête pour me rendre dans le village chez le marabout où se trouve ma mère et ma tante. Je prends la route à six heures avec le premier benskineur que je croise ce matin là .

Lorsque j'arrive chez le marabout, je frappe à la porte avant d'entrer. Je vois ma mère allongée avec à ses côtés tante Bella et son gros ventre :

- Bonjour tante ! Comment vous allez !

- Bienvenu Georges ! Nous sommes là, seulement qu'elle ne parle toujours pas et ça m'inquiète beaucoup. Hier, elle respirait difficilement mais aujourd'hui la respiration est redevenue normale.

- Ouf. Et le vieillard ?

- Il est sorti très tôt ce matin pour aller chercher des feuilles dans la brousse pour la tisane de ta mère.

L'état dans lequel je viens de retrouver ma mère est très critique. Je ressors avec mon sac contenant l'os lorsque je vois venir le marabout. Je vais à sa rencontre pour le saluer :

- Bonjour grand marabout ! Comment vous allez ?

- Ça va mon fils ! Alors, les nouvelles sont bonnes ?

- Oui, seulement que ça n'a pas été facile.

- Je ne doute point de cela. L'essentiel est que tu sois venu avec l'os. Attends-moi à l'intérieur un moment, j'arrive !

Je le devance pour l'attendre donc dans la cabane. Une fois à l'intérieur, je vois ma tante en train de secouer ma mère sans s'arrêter. Étonné de voir cela, je m'agenouille en lui demandant d'une voie sèche :

- QU'EST-CE QU'ELLE A TANTIE BELLA ?

- Elle ne respire plus ! Je n'ai pas compris ce qui s'est passé !

- QUOI ?

Je cours pour sortir de la cabane en appelant au secours. Le marabout vers qui mes cris parviennent surgit en courant :

- Qu'est-ce qu'il y a mon fils ?

- C'EST MA MÈRE, ELLE NE RESPIRE PLUS !

- Quoi ? Calme-toi et viens avec moi.

Lorsque nous arrivons à l'intérieur, il touche le corps de ma mère en prononçant des incantations à ne point finir, et s'arrête un moment :

- Elle s'est éteinte !

- NON NON ! FAITES QUELQUE CHOSE ! À CAUSE DE ÇA, J'AI BRAVÉ DES OBSTACLES POUR ÊTRE ICI CE MATIN JUSTE POUR LA SAUVER. ELLE NE PEUT PAS MOURIR COMME ÇA.

- OUI OUI, ELLE NE PEUT PAS MOURIR COMME ÇA. RÉVEILLEZ-LA. Ajoute

ma tante.

- Je vous comprends mais je suis désolé ! Je ne peux malheureusement plus rien. Que Dieu l'accueille au paradis et que les ancêtres viennent à sa rencontre.

Il ose nous dire qu'il ne peut plus rien faire pour ramener ma mère en vie après tout ce que j'ai traversé pour être là à cause de son sacrifice merdique ?

Attendez ! Ma mère m'a vraiment fait ça donc ?

Elle s'en est vraiment allée pour me laisser seul sans pouvoir rien me dire ? À quoi mes peines ont finalement servi ? Quel risque je n'ai pas pris pour la maintenir en vie ?

Que vais-je devenir désormais sans père ni mère à mes côtés ?

Celui ou celle qui n'a jamais perdu un être cher ou ses parents ne peut pas comprendre ce qui m'anime au moment où vous me lisez actuellement. Je souffre jusqu'au plus profond de mon âme.

Je suis désormais un exhumeur mais aussi un orphelin de père et de mère. Je ne les verrai plus jamais, à part dans mes rêves.

Que vos âmes reposent à jamais en paix.

Le même jour que je suis arrivé chez le marabout, ma mère a rendu l'âme quelques minutes plus tard entre six heures et sept heures du matin sans même me dire au revoir ...