I Le baron Nephtali se promène de long en large, puis de large en long dans sa chambre à coucher : une chambre tendue de damas de soie gros bleu, parce qu’il est roux ; ornée de boiseries d’or à filets blancs, parce qu’il est riche ; encombrée, parce qu’il est ladre, de meubles dépareillés que rien ne relie entre eux, ni leur âge, ni leur style, mais qu’il s’est procurés avantageusement après décès ou faillites. LE BARON NEPHTALI a cinquante ans, du ventre et des illusions. Sur son crâne aride, ne germe plus qu’un je ne sais quoi heureusement fort rare, assez semblable au duvet grotesque des oisillons. Il vient de déchirer la b***e d’un journal dont la date l’a frappé. – Premier mai !… C’est aujourd’hui le 1er mai ! Comme le temps passe ! Il est impossible que les heures aient autant de