Insensiblement je me refroidis à mon tour jusqu’à douter de moi-même. Il y avait longtemps que je doutais de la bonté et de la tendresse paternelle de Dieu. J’en vins à douter de l’amour filial que je sentais pour lui. Je pensai que ce pouvait être une habitude d’esprit que l’éducation m’avait donnée, et qui n’avait pas plus son principe dans la nature de mon être que mille autres erreurs suggérées chaque jour aux hommes par la coutume et le préjugé. Je travaillai à détruire en moi l’esprit de charité avec autant de soin que j’en avais mis jadis à développer le feu divin dans mon cœur. Alors je tombai dans un ennui profond, et, comme un ami qui ne peut vivre privé de l’objet de son affection, je me sentis dépérir et je traînai ma vie comme un fardeau. Au sein de ces anxiétés, de ces fatig